Il est si rare qu’un quotidien d’information générale incite à la désobéissance civile qu’on ne peut que le remarquer. Hervé Kempf, dans « le sable de Cancun », ne se contente pas de constater que Greenpeace et l’écologiste Bill McKibben ont lancé un appel à l’action directe non-violente : « Nous sommes face aux industries les plus puissantes du monde, nous ne les vaincrons pas en étant gentils. » Après l’échec de Copenhague, les négociations internationales sur le climat s’enlisent et Cancun en décembre ne fera sans doute pas exception. Hervé Kempf pense dorénavant que seul un mouvement civique dont les membres s’impliquent physiquement peut maintenant « faire pencher la balance dans le bon sens ». Hervé Kempf prend même l’exemple des faucheurs volontaires qui ont fait preuve d’une « lutte efficace ». Hervé Kempf de conclure : « Les citoyens du climat pourraient s’en inspirer. »
Contre Hervé Kempf, la réaction d’Ebolavir dans le monde.fr : « Entre la construction d’une légende (la libéralisation du commerce international arrêtée par les altermondialistes) et l’appel au terrorisme, on a l’impression que le réchauffisme dérive dangereusement. »
Notre commentaire : D’abord merci à Hervé. Il est trop rare qu’un journaliste prenne position face à l’inertie du monde politique officiel, incapable de prendre les mesures qui s’imposent contre les risques écologiques (tout en finançant le système spéculatif à coups de milliards). Protester en dehors des limites prescrites par la loi, ce n’est pas combattre la démocratie. Cela lui est au contraire absolument essentiel. Une sorte de correctif à la lenteur des canaux habituels, une manière de forcer le barrage de la tradition. Ensuite non à Ebolavir : faut pas pousser, l’action directe non-violente n’est pas du terrorisme. Le « terrorisme » est du côté des grandes entreprises qui utilisent tous les moyens pour perpétuer leur emprise. Le « terrorisme » est du côté des grands groupes qui ont manipulé l’opinion publique pour cultiver le climato-scepticisme. Le « terrorisme » n’est pas du côté de l’action non-violente des ONG et des citoyens du climat.
Ebolavir vient de gagner un point Godwin ! Précisions :
La loi de Godwin est un adage énoncé en 1990 par Mike Godwin : « Plus une discussion dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Hitler s’approche de 1. » Le point Godwin est atteint quand un interlocuteur discrédite en employant des arguments excessifs et inappropriés à la discussion. Parfois les esprits s’échauffent et certains intervenants remplacent les arguments par des insultes. Mais sur notre blog, nous accuser de Khmers verts ou d’écofascistes est une tournure de style caractéristique de ceux qui n’ont pas d’argument. Quand quelqu’un marque un « point Godwin », il est temps de clore le débat, dont il ne sortira plus rien de pertinent.
En résumé, le point Godwin est un mauvais point attribué à un débatteur qui aurait mêlé Adolf Hitler, le nazisme ou toute autre idéologie extrémiste à une discussion dont ce n’est pas le sujet. Ce truc existait déjà depuis les années 50, appelé « Reductio ad Hitlerum » (réduire le débat à Hitler) par les philosophes. Luc Ferry a marqué beaucoup de points Godwin dans son livre « le nouvel ordre écologique ». Terrorisme utilisé par Ebolavir mérite un point Godwin…