Le « Juste Prix » fait penser à un jeu télévisé, The Price Is Right, aux multiples variations ! C’est dire si nous rentrons dans l’inconnu avec une telle expression. Mais le journaliste Jean-Michel Bezat* se contente de ce qu’il connaît, le jeu marchand de l’offre et de la demande : « juste prix du baril, prix qui assure la rentabilité des investissements de production sans tuer la demande de pétrole ». Donc pour faire plaisir à tout le monde, « un cours oscillant autour de 70 dollars ». Ce n’est que dans ses deux dernières lignes que Bezat se fait plus perspicace : « Une dernière composante intervient : la lutte contre le réchauffement climatique. Plus le pétrole est cher, plus les énergies alternatives et propres sont compétitives et moins les automobilistes sont incités à utiliser leur voiture. »
Rien de nouveau sous le soleil, Bezat avait écrit exactement la même chose… en 2009 : Sous la rubrique matières premières (29-30 mars 2009), il s’interrogeait doctement sur le juste prix du pétrole ou optimum économique. Avait-il la réponse ? Oui, il avait la réponse : « Le prix équitable se situe autour de 70 dollars ». Pour l’affirmer, il suffisait au journaliste de recopier ce que réclame les pétromonarchies du Golfe. Mais n’occultons pas la conclusion que faisait Jean-Michel : « Le sursis que les pétroliers s’accordent ne fera que rendre plus difficile la résolution de l’équation climatique. » La même conclusion qu’en 2016 !
En fait Bezat ne considère que deux paramètres, un baril bon marché pour soutenir la demande ou un brut plus cher afin de poursuivre les investissements. Ni le journaliste, ni les pétromonarchies, ne s’interrogent réellement sur la raréfaction croissance du pétrole, le pic pétrolier imminent et le réchauffement climatique provoqué par la combustion de pétrole. Le long terme n’existe pas pour ces « spécialistes », rien ne vaut le bon temps du court et moyen terme. Mais les générations futures se passeront de pétrole, l’ère de la facilité se termine. Comme disait Colin Campbell dans LaRevueDurable (février-mars-avril 2008) : « Ce que fournit aujourd’hui au monde l’énergie du pétrole, c’est l’équivalent de 22 milliards d’esclaves travaillant nuit et jour. La société vit grâce au pétrole depuis plus d’un siècle et doit maintenant réaliser qu’elle devra se débrouiller sans énergie alternative aussi pratique à utiliser et facile à extraire. Bien sûr, on peut toujours remonter à cheval… »
* Le Monde.fr | 13.01.2016, Quel est le « juste prix » du pétrole ?
Dans ce cas @biosphere, puisque vous vous lavez sans savon, quelle produits de substitution utilisez-vous?
Moi quand je me lave sans rien d’autre que de l’eau, je pue. Et savoir comment faire sa toilette à soi sans savon ni plus d’un litre d’eau quotidien tout en étant aussi propre qu’avez les méthodes standards rendrait grand service à moi, à beaucoup d’autres gens, ainsi qu’à la nature.
En vous remerciant.
Et mettez-vous du savon sur votre gant?
Si oui, comment faites-vous pour vous rincer le corps après.
Si non, quel(s) produit(s) tout aussi efficace(s) que le savon et pouvant être rincé(s) sans rien d’autre que si peu d’eau utilisez-vous?
réponse : à l’eau froide et sans savon.
Je complète par une histoire déjà parue sur ce blog :
Le Mahatma Gandhi était en visite à Allahabad avec M.Nehru, qui devint plus tard le chef du premier gouvernement indépendant de l’Inde. Il n’y avait pas d’eau courante à l’époque. Au réveil, Nehru se chargea d’apporter à Gandhi la cruche d’eau dont il avait besoin pour ses ablutions matinales. Tandis que Nehru vidait la cruche, ils se lancèrent dans une grande discussion sur la situation politique du pays. Tout en parlant, Gandhi se lavait les mains et le visage, mais il était si absorbé dans leur conversation que l’eau vint à manquer avant qu’il n’ait terminé sa toilette. « Ne bouge pas, dit Nehru. Je vais chercher une autre cruche. »
Gandhi se figea, stupéfait. « Quoi, s’exclama-t-il. J’ai déjà vidé une cruche entière et je n’ai pas fini de me laver ? Quel gâchis ! D’habitude, une seule cruche me suffit ! » Nehru le regardait sans comprendre : pourquoi Gandhi faisait-il une telle histoire pour un peu d’eau ? Il s’apprêtait à l’interroger quand il vit des larmes perler à ses paupières.
« Pourquoi pleures-tu ? s’écria-t-il.
– Je m’en veux d’avoir été si distrait. Quelle honte d’avoir utilisé tant d’eau !
– Tu sais bien que l’eau abonde ici, à Allahabad. La ville est traversée par le Gange et la Yamunâ. Ce n’est pas comme chez toi, dans le Gujarat, où tout est sec et désert !
– C’est vrai. C’est une grande chance pour cette ville d’être baignée par ces deux grands fleuves. Mais cela ne change rien à la quantité que je m’autorise à utiliser chaque matin ! »
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/01/07/le-jour-ou-gandhi-a-pleure/
Quelqu’un sait-il comment il faut s’y prendre pour se laver sans plus d’un litre d’eau par jour, comme le suggère monsieur Jancovici?
Cette astuce inconnue de presque tout le monde pourrait rendre grand service à beaucoup de gens.
personnellement je me lave chaque matin avec un peu d’eau sur un gant, et hop, un tour sur le visage pour me réveiller, et hop un passage dans la raie des fesses. Chaque face du gant a sa destination spécifique bien entendu.
Bon, j’avoue, il m’arrive parfois de prendre une douche suscincte. Mais c’est déjà mieux qu’autrefois quand on n’avait qu’une petite bassine et un broc d’eau… L’eau courante est un luxe qui ne subsiste que grâce aux énergies fossiles…
Du point de vue écologique, il y a quand même un avantage que je vois à un pétrole à 70$ : le seuil de rentabilité des pétroles non conventionnels (gaz de schiste, bitumineux, …) n’est plus atteint et amène à la réduction de leur production et de leur prospection.
Malheureusement, ce n’est que reculer pour mieux sauter…
Jean-Marc Jancovici : « Prendre le problème par le bon bout, c’est se demander de combien de ressources physiques nous avons besoin pour trouver l’existence supportable. La question monétaire est secondaire par rapport à la question des ressources physiques. Agir sur la demande d’énergie est d’une simplicité biblique : d’abord réduire, ensuite réduire, enfin réduire. Les vrais besoins ne sont pas négociables, mais ils ne sont à l’origine que de 10 % de la consommation humaine. On peut manger des lentilles, dormir sur un simple matelas dans une chambre non chauffée, se laver avec un litre d’eau, remplacer les vacances au Maroc par un séjour à la campagne sous la tente, supprimer du jour au lendemain sa consommation de bœuf. Un pan majeur du plan de sortie de crise concerne donc nos propres comportements. On va devoir se faire à l’idée d’être plus heureux avec moins, et le pouvoir politique doit avoir le courage de le faire comprendre. »
L’autorité américaine de régulation des marchés a imposé une amende de 12 millions de dollars à ConAgra Trade Group, dont l’un des traders avait voulu inscrire son nom dans l’histoire en faisant franchir pour la première fois le cap des 100 dollars au baril de pétrole. Quelques précisions :
Les faits remontent au 2 janvier 2008. Dans la matinée, alors que le baril américain se négocie à 99,53 dollars, deux traders s’échangent 1.000 barils, le minimum réglementaire, à 100 dollars pièce, un prix longtemps magique. Une transaction minimale, pour la gloire, donc. Quelques minutes plus tard, un concurrent dépose un recours auprès du New York Mercantile Exchange (Nymex), en expliquant qu’il était vendeur à 99,90 dollars, un prix inférieur qui aurait donc dû être retenu. Aussitôt, le Nymex annule la transaction et retire la cotation à 100 dollars. Dans la foulée, les traders de CTG multiplient les offres pour se rapprocher de la barre symbolique. A la clôture de la séance, le pétrole brut cote 99,62 dollars le baril. Six mois plus tard, il battra le record historique de 147 dollars…
Le Monde (18 août 2010)
Le prix du marché n’est qu’un indicateur de court terme qui n’indique rien sur l’avenir d’une ressource fossile qui n’existera plus dans quarante années environ vu la consommation actuelle. La pensée économique dominante a toujours considéré que la nature nous fournissait gratuitement les choses et qu’il ne fallait se soucier que de l’activité humaine du jour. Mais un pétrole que la Biosphère a mis plusieurs centaines de millions d’années à constituer (le pétrole est constitué de matières organiques longtemps accumulées puis compressées) aurait du rester sous terre ; la planète aurait été bien plus paisible que ce que nous avons déjà subi, bombardiers, tanks, porte-avions, guerres locales et mondiales…, tous bons consommateurs de pétrole.
en 2005, l’institution financière Ixis CIB notait que si le prix du pétrole avait augmenté depuis 1974 au rythme optimal d’une ressource épuisable, il vaudrait déjà 122 dollars en 2005 (alors qu’il ne cotait que 66,6 dollars au 22 septembre 2005). Le même organisme évoquait la possibilité d’un cours du baril à 360 dollars en 2015. Seule compte aujourd’hui pour les automobilistes et les journalistes la loi du court terme, l’épuisement des ressources n’est pas à l’ordre du jour.
« Le coût marginal d’extraction d’un baril supplémentaire en Arctique, dans les sables bitumineux canadiens ou en eaux profondes se situerait autour de 70 dollars. Tout espoir de retour du prix du baril en dessous de ce seuil est donc vain. » Alternatives économiques (juillet-août 2007)