le litre d’essence à 1,55 euros… le début de la fin

Lire LeMonde* en diagonale nous en apprend beaucoup. D’abord en page 2, le super 95 vient de dépasser son record de 2008 avec un prix au litre de 1,547 euros. Ensuite en page 15, les Américains n’ont aucune notion de la réalité des prix à la pompe. N’étant pas soumis à TIPP et autres TVA, ils trouvent insupportables toute augmentation du baril car cela se répercute directement sur le porte-monnaie. Face à cet aveuglement, les républicains inféodés aux pétroliers, premier contributeur financier de ce parti, veulent lever les moratoires sur les forages en haute mer ; Obama de son côté veut financer la recherche dans les énergies renouvelable et « propres ». Pour les deux camps, aucun mention de la nécessité de réduire la consommation d’énergie ; il s’agit toujours de politiques de l’offre. En France, c’est la même optique : une page entière (p.5) pour faire de la publicité sur l’extraction de pétrole dans le bassin parisien. Il faut aller en Amazonie page 4 pour s’apercevoir que les Indiens veulent au contraire une politique de restriction de la demande d’énergie en mettant fin aux grands travaux d’infrastructure routière qui, en plus, « détruisent la biodiversité de nos terres ». En France aussi avec le Grenelle de l’environnement, on voulait geler les dépenses d’infrastructure : vœu pieux.

                Pourtant l’ASPO (Association d’étude du pic pétrolier) nous avait avertis : c’est la fin du pétrole bon marché. Ces experts et transfuges de l’industrie pétrolière ont fondé l’ASPO en 2000 et organisé leur première conférence mondiale en 2002. Fin avril dernier, c’était donc leur 9ème conférence. Leur diagnostic est imparable : tous les gisements, en dehors du Moyen-Orient, ont passé leur pic. Même l’Agence internationale de l’énergie (World Energy Outlook de 2010) représente la production de brut conventionnel atteignant son maximum en 2006. Les courbes qui en résultent devraient terroriser nos élites, elles montrent l’écart sidérant entre une offre qui se tasse et une demande croissante de brut au cours des 40 prochaines années. Mais les économistes et la gent politique vivent encore dans un monde de rêve où la demande qui ne peut pas être satisfaite permet quand même l’élaboration d’une courbe croissante ! Comme le prix du pétrole va augmenter de façon irrémédiable, cette courbe imaginaire sera bien obligée de s’effondrer dans la réalité pour rester égale à l’offre de brut. Etrangement, les économistes n’ont pas encore pris la mesure de la connexion entre la crise et un prix du baril à trois chiffres Or toutes les récessions économiques depuis les années 1970 ont été liées au prix du pétrole. Il est maintenant certain qu’une crise énergétique systémique et une inflation galopante vont entraîner toutes les économies dans la tourmente, et déclencher un processus de démondialisation. Le temps du pétrole bon marché est fini, notre mode de vie va changer, reconnaît Pierre Mauriaud, géologue de Total. Nous vivrons dans les prochaines années la descente énergétique mais aucune institution responsable ne nous l’annonce… même pas un journal de référence comme LeMonde !

Il n’y a pourtant pas d’autre solution que d’apprendre à vivre avec moins de pétrole. Votez aux prochaines présidentielles pour celui qui vous dira enfin la vérité… s’il existe !

* LeMonde du 4 mai 2011

pour en savoir plus, Il n’y a pas d’autre solution que d’apprendre à vivre avec moins de pétrole

8 réflexions sur “le litre d’essence à 1,55 euros… le début de la fin”

  1. Précisions : du 27 au 29 avril a eu lieu la 9ème Conférence Internationale de l’ASPO, à Bruxelles.

    L’ASPO (Association for the Study of Peak Oil and Gas), fondée en 2000 par Jean Laherrère (ancien conseiller de Total) et Colin Campbell (géologue) est un réseau d’experts de l’industrie pétrolière s’étant donné pour mission d’évaluer la dépendance du monde au pétrole et de modéliser les conséquences économiques et sociétales de la déplétion des ressources fossiles.

    L’ASPO avait notamment annoncé dix ans avant l’Agence Internationale de l’Énergie que le pic de pétrole brut aurait lieu en 2004. L’Agence Internationale de l’Energie annonçait dans son dernier rapport un pic en 2006, et a depuis révisé ses prévisions de production à la baisse : en 2004 elle estimait un volume global de la production de pétrole à 121 millions de barils par jour en 2030, mais fait aujourd’hui tomber ce chiffre à 96 millions de barils par jour.

  2. Précisions : du 27 au 29 avril a eu lieu la 9ème Conférence Internationale de l’ASPO, à Bruxelles.

    L’ASPO (Association for the Study of Peak Oil and Gas), fondée en 2000 par Jean Laherrère (ancien conseiller de Total) et Colin Campbell (géologue) est un réseau d’experts de l’industrie pétrolière s’étant donné pour mission d’évaluer la dépendance du monde au pétrole et de modéliser les conséquences économiques et sociétales de la déplétion des ressources fossiles.

    L’ASPO avait notamment annoncé dix ans avant l’Agence Internationale de l’Énergie que le pic de pétrole brut aurait lieu en 2004. L’Agence Internationale de l’Energie annonçait dans son dernier rapport un pic en 2006, et a depuis révisé ses prévisions de production à la baisse : en 2004 elle estimait un volume global de la production de pétrole à 121 millions de barils par jour en 2030, mais fait aujourd’hui tomber ce chiffre à 96 millions de barils par jour.

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