Pour certains polémistes, la peur ne résulte pas d’actes terroristes, mais du simple message que porte les écologistes. Ils minimisent le fait que tous les citoyens sans exception devraient avoir peur de la menace climatique, de l’épuisement des ressources fossiles, de la perte de biodiversité, etc. C’est pourquoi vouloir faire un livre sur « Le marketing de la peur » pour « redonner confiance » semble de parti pris.
En fait le titre n’est pas à l’image du contenu que voudrait donner Serge Michels à son ouvrage : en situation de crise, les entreprises ont intérêt à communiquer sur la réalité. C’est loupé ! Serge Michels oppose l’émotion à la raison alors qu’il s’agirait de réfléchir ensemble. Il voudrait une pédagogie de la complexité alors qu’il pratique la démagogie de la simplicité. Ce serait le club de Rome qui a fondé le développement durable, René Dumont serait un inconnu en 1974, la Fondation Sciences citoyennes serait source de danger pour la science, il y aurait les bons lanceurs d’alerte mais surtout les mauvais, prêcher l’apocalypse c’est très vilain, etc.
Le livre est constitué de petits paragraphes superficiels et orientés. La seule base scientifique sur laquelle s’appuie Serge Michels est une étude de « l’agence protéines »… dirigée par Serge Michels. Il indique en conclusion que « la peur se nourrit de l’ignorance ». Il voudrait ne pas entretenir cette ignorance, mais il n’est pas suffisant pour cela de souhaiter que les entreprises veillent à l’acceptabilité sociale de leurs décisions. Quand il n’y a pas de contre-pouvoirs comme à l’heure actuelle, elles se contentent de greenwashing. Il ne faut pas se vouloir complice de cet état de fait.
Le livre de Luc Ferry, « philosophie de l’écologie »** est un autre exemple de ce « marketing de la peur » distillé à longueur de colonne par les chiens de garde du système productiviste. Il commence ainsi : « Je commencerai par une remarque générale sur le statut qu’a reçu cette passion démocratique entre toutes qu’est la peur, avec la naissance de l’écologie politique dans les années 1970… Loin d’être regardée comme un signe d’infantilisme, la peur est devenue le premier pas de la sagesse entendu au sens de ce fichu » principe de précaution » qu’on a inscrit dans la Constitution à mon grand désespoir alors que j’étais ministre. » Mais il termine ainsi, ce qui montre la duplicité » de ce genre de discours : « Quel monde, nous les adultes, prendrons-nous la responsabilité de laisser aux générations futures. Est-ce qu’on va leur préparer des catastrophes, par égoïsme, ou est-ce qu’on sera capable d’altruisme, et donc de préparer leur avenir ? »
* Le marketing de la peur, un livre de Serge Michels
sous-titre : Ondes, pesticides, pilule, aspartame… Agir et communiquer
Edition Eyrolles http://www.editions-eyrolles.com/
208 pages – 22€ : le rapport qualité prix n’est pas bon
** Croissance verte ou décroissance ?
Collection sagesse d’hier et d’aujourd’hui
Editions Flammarion 2013, 8,90 euros (CD compris)