Des expérimentations actuelles consistent à modifier le génome de certains virus pour leur faire acquérir des « fonctions » nouvelles, mais délétères – par exemple les rendre transmissibles, virulents, résistants à certains médicaments ou encore capables d’échapper au système immunitaire humain. Autrement dit fabriquer des « Frankenvirus ». Nous avons déjà traité sur ce blog le fait de rendre contagieux entre mammifères un virus grippal exceptionnellement meurtrier pour l’homme, le H5N1. Depuis lors, une demi-douzaine de nouvelles expériences de GOF (Gain of Function) ont été publiées dans les principales revues scientifiques mondiales, impliquant d’autres virus tout aussi meurtriers. Pour les défenseurs de l’« acquisition de fonction », il est essentiel d’étudier comment des virus dangereux mutent et deviennent pandémiques*. Pourquoi ne se sont-ils pas contentés d’étudier l’expansion du virus Ebola ?
Il ne faudrait pas toujours faire ce que nous savons faire, mais les techno-scientifiques n’ont jamais su ne pas faire ce qu’ils savaient faire. Pour l’instant nous sommes encore soumis à la loi de Gabor : « Tout ce qui est techniquement possible sera nécessairement réalisé ». Mais il suffirait que les Etats ne financent plus ce genre de recherches à haut risque pour que les chercheurs retrouvent le sens de la mesure et de la modération. Or la décision du gouvernement américain de ne plus financer de nouvelles recherches sur les virus dangereux ne touche pas les travaux en cours et cette suspension n’est que temporaire.
Sur ce blog, nous prônons les techniques douces, douces à la nature et aux humains… et la disparition des Etats, donc de la technoscience : small is beautiful.
* LE MONDE Science&médecine du 22 octobre 2014, volte-face sur les « Frankenvirus »