Serge Latouche, surnommé à juste titre le pape de la décroissance tant il a développé cette idée par ses écrits, a une position bizarre sur la question démographique. Voici ce qu’il répond au MONDE et les réactions sur lemonde.fr :
LE MONDE* : La décroissance peut-elle être compatible avec une population mondiale en constante augmentation ?
Serge Latouche : « Poser la question démographique comme un frein à la décroissance est une bonne façon de ne pas remettre en cause une société fondée sur l’accumulation illimitée de biens matériels. Le problème n’est pas que les Chinois soient près de 1,4 milliard, mais que 325 millions d’Américains émettent 2,5 fois plus de CO2 par personne que les Chinois. En outre, puisqu’une croissance infinie de la population est incompatible avec les limites de la planète, la question démographique va, je pense, se réguler naturellement. Il est donc inutile, dès lors, de mettre en place une politique restrictive de natalité. » Quelques commentaires sur lemonde.fr :
Desideriusminimus : « Le problème n’est pas que les Chinois soient près de 1,4 milliard, mais que 325 millions d’Américains émettent 2,5 fois plus de CO2 par personne que les Chinois« . Quel manque de lucidité et quelle carence dans l’analyse ! M. Latouche ne sait-il pas que l’ambition de tout chinois – et de tout africain, prochainement par milliards – est d’émettre dans 10 ou 20 ans au moins autant de CO2 que l’américain moyen ?
JEAN CLAUDE HERRENSCHMIDT : Je cite : « En outre, puisqu’une croissance infinie de la population est incompatible avec les limites de la planète, la question démographique va, je pense, se réguler naturellement. Il est donc inutile, dès lors, de mettre en place une politique restrictive de natalité. » Ah, les experts théoriciens. Toujours prêts à contourner l’obstacle. Tout en reconnaissant le rôle central de la démographie, il l’élimine d’un revers de…discours. À quel prix et quelles souffrances se fera cette régulation ?
Obéron : « Il est inutile de mettre en place une politique restrictive de natalité ». Il ne s’agit bien sûr pas d’un « tout ou rien » ! On peut encourager la contraception, le planning familial, l’éducation, sans pour autant user de coercition. Si à l’horizon 2050, les humains ne sont « que » 9,5 milliards au lieu de 10, ça fait déjà un bon 5% du problème en moins. La décroissance prônée (du moins celle liée aux ressources non renouvelables) est-elle si aisée qu’on ne soit pas à 5% près ?
NB : Quelques livres de Latouche et leur présentation : Le pari de la décroissance (2006), Petit traité de la décroissance sereine (2007), L’âge des limites (2012), Bon pour la casse (les déraisons de l’obsolescence programmée)…
* lemonde.fr du 13 décembre 2018, Serge Latouche : « La décroissance vise le travailler moins pour travailler mieux »
Dans l’a propos de ce blog, nous avons fait le point sur les interrelations complexes entre journalisme, vérité et positionnement du MONDE :
La déformation de l’information est perceptible dans une société dont l’idéologie dominante nous a fait oublier depuis deux siècles les limites de la planète et le sens des limites. Alors que la situation actuelle devrait nous inciter à la simplicité du mode de vie et à la sobriété énergétique, c’est toujours l’achat de la plus récente automobile qui structure les pages du MONDE et qui manipule la pensée collective.
Ce blog biosphere s’est donc donné pour objectif depuis début 2005 de commenter au quotidien LE MONDE, le journal qui nous semble le plus « objectif » de la presse française. Si nous sommes personnellement satisfaits de l’éventail des connaissances que nous fournissent ce quotidien, nous ne sommes pas entièrement convaincus par la manière dont les journalistes font leur boulot de tri et de hiérarchisation. Car qu’est-ce qui fait sens ? Quelle place relative donne-t-on à tel événement ou à telle démarche ? Quel doit être le commentaire pertinent d’une information ? Quelle est l’idéologie qui sous-tend l’article d’un journaliste ? LE MONDE n’est pas à l’abri des critiques.
Historiquement les premiers journaux n’étaient que de simples instruments pour organiser le bavardage, et ils le sont plus ou moins restés. Ce blog veut rompre avec le bavardage, c’est la tentative désespérée de porter un autre regard sur l’actualité, un regard un peu moins économico-libéral, un peu moins anthropocentrique, un regard que nous voudrions plus ouvert, plus glocal, plus écolo. Pour que change LE MONDE…
Biosphère a eu au moins l’honnêteté d’apporter ce rectificatif.
Cette « boulette » du Monde en dit long. Soit les journaleux qui ont interviewé Latouche n’ont rien compris à sa pensée, trop complexe pour eux, pas assez binaire… et alors qu’ils se taisent, ou qu’ils se contentent de citer un de ses ouvrages, ou discours. Soit ils ont volontairement déformé ses propos, ce qui est très grave. Dans ce cas ce journal mérite le qualificatif que lui donne régulièrement marcel : L’ IMMONDE .
« Mais pas pour autant en faisant n’importe quoi, pas en sacrifiant ce qu’il nous reste d’humanité. Obéron également semble refuser la coercition chère à ces tristes personnages. »
Il me semble que le malthusien de base fait preuve de bien plus d’ humanité que l’ anticonsumériste hystérique et ses slogans à la con : en souhaitant réduire fortement la natalité , il souhaite atténuer la souffrance et la misère en empêchant un trop grand nombre de naître puis de tenter de survivre dans des conditions inhumaines ; en outre , il est un vrai défenseur de la biosphère .
Les humanistes en peau de lapin sont souvent des anticonsuméristes délirants et dégagent des remugles d’ hypocrisie et de fausse générosité .
Au fait , qui est Obéron à part la créature mythique ?
Suite au rectificatif de Serge Latouche, nous ne pouvons que déplorer le fait que LE MONDE déforme les propos d’une personne. Décidément la communication est une chose bien compliquée. Les médias reprennent trop souvent les propos excessifs. C’est un peu ce qui fait le succès des gilets jaunes, les journalistes préfèrent ce qui fait le « buzz » à la pondération ou tout simplement à la vérité. On peut être de tendance malthusienne comme l’association Démographie Responsable et avoir toujours un langage de consensus… qui ne sera pas relayé, ou alors déformé et/ou critiqué !
Rectificatif que nous a fait parvenir Serge Latouche :
&Je découvre cet entretien qu’on m’attribue et que je n’ai pas relu, puisqu’il s’agissait de nourrir le dossier paru dans le monde du W. E du 2/3 décembre. Je n’ai bien évidemment jamais dit : « Puisqu’une croissance infinie de la population est incompatible avec les limites de la planète, la question démographique va, je pense, se réguler naturellement. Il est donc inutile, dès lors, de mettre en place une politique restrictive de natalité. »
J’ai même dit le contraire d’une certaine façon, mais les journalistes n’entendent que ce qui les arrange.&
Dialogue de sourds ! Que cherche Biosphère en entretenant ce genre de conflit ? Comme si La Cause (l’écologie), la paix, la solidarité, les vraies valeurs… avaient quelque chose à gagner avec ça.
Maintenant je comprends que Latouche dérange ces écolos (avec ou sans » » ) qui font une fixette sur le problème du « surnombre ». Pourtant, à part les autruches, qui pourrait ne pas être d’accord avec lui quand il dit : « la question démographique va, je pense, se réguler naturellement. » Bien sûr que la courbe va chuter, et même dégringoler, ce qui j’imagine fera band.. certains. S’ils sont encore là évidemment, et s’ils sont toujours en état de band..
Là où Latouche fait bondir les plus radicaux des malthusiens c’est quand il dit » Il est donc inutile, dès lors, de mettre en place une politique restrictive de natalité. »
Tout est dans le mot « restrictif » (ou « restriction »). Obéron commente justement ce passage. Limiter les dégâts, c’est aujourd’hui la seule chose que nous puissions faire, c’est d’ailleurs ce que dit également Latouche, Yves Cochet et d’autres. Mais pas pour autant en faisant n’importe quoi, pas en sacrifiant ce qu’il nous reste d’humanité. Obéron également semble refuser la coercition chère à ces tristes personnages.
J’ oubliais , la régulation naturelle de l’ économiste Latouche est tellement efficace que dans un pays comme l’ Inde , les centres de stérilisation se multiplient pour tenter d’ endiguer la surnatalité et donc la surpopulation .
Rions sous cape de ce jocrisse quand on sait combien les prédictions et conclusions des économistes sont sérieuses (relol) .
Le personnel scientifique qui a conseillé les dirigeants indiens n’est bien sûr pas aussi intelligent et avisé que M. Latouche , Pic de la Mirandole en toutes sciences
et esperto di tutti esperti .
Vous parlez de biens matériels, MAIS, les chinois et les africains ont les mêmes besoins alimentaires qu’un américain, en l’occurrence oui ces pays sont en surpopulation ! D’autant que tout le cheptel animal servant à nourrir aussi les africains et chinois, polluent la planète et en ce sens ils contribuent aussi au désastre mondial. Rappelons que plus de 98% africains et chinois mangent de la viande. C’est une ineptie totale de dire que seuls les occidentaux polluent, c’est même de la propagande mensongère.
Vous parlez de biens matériels, MAIS, les chinois et les africains ont les mêmes besoins alimentaires qu’un américain, en l’occurrence oui ces pays sont en surpopulation ! D’autant que tout le cheptel animal servant à nourrir aussi les africains et chinois, polluent la planète et en ce sens ils contribuent aussi au désastre mondial. Rappelons que plus de 98% africains et chinois mangent de la viande. C’est une ineptie totale de dire que seuls les occidentaux polluent, c’est même de la propagande mensongère.