Dans son encyclique Loué sois-tu (Laudato Si, sur la sauvegarde de la maison commune)*, le pape écrit un chapitre sur le climat comme bien commun :
« L’humanité est appelée à prendre conscience de la nécessité de réaliser des changements de style de vie, de production et de consommation, pour combattre ce réchauffement ou, tout au moins, les causes humaines qui la provoquent ou l’accentuent. En effet de nombreuses études scientifiques signalent que la plus grande partie du réchauffement global des dernières décennies est due à la grande concentration de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane, oxyde de nitrogène et autres) émis surtout à cause de l’activité humaine. Si la tendance actuelle continuait, ce siècle pourrait être témoin de changements climatiques inédits et d’une destruction sans précédent des écosystèmes, avec de graves conséquences pour nous tous. Les pires conséquences retomberont probablement sur les pays en développement. L’augmentation du nombre de migrants fuyant la misère, accrue par la dégradation envionnementale, est tragique : ces migrants ne sont pas reconnus comme réfugiés par les conventions internationales. (page 24 et suivantes) »
« Beaucoup de ceux qui détiennent plus de pouvoir économique ou politique semblent surtout s’évertuer à masquer les problèmes ou à occulter les symptômes. Les sommets mondiaux de ces dernières années sur l’environnement n’ont pas répondu aux attentes parce que, par manque de décision politique, ils ne sont pas parvenus à des accords généraux. La réduction des gaz à effet de serre exige honnêteté, courage et responsabilité, surtout de la part des pays les plus puissants et les plus polluants. La conférence des Nations Unies sur le développement durable, dénommée RIO+20 (Rio de Janeiro 2012), a émis un long et inefficace Document final. Les négociations climatiques ne peuvent pas avancer de manière significative en raison de la position de pays qui mettent leurs intérêts nationaux au-dessus du bien commun général. La même intelligence que l’on déploie pour un impressionnant développement technologique ne parvient pas à trouver des formes efficaces de gestion internationale pour résoudre les graves difficultés environnementales et sociales. (page 129 et suivantes) »
Notons que l’ensemble de ces phrases, que nous approuvons, ne font aucune référence à une quelconque religion. Il s’agit de faits scientifiquement démontrés ou politiquement constatés. Mais il est bon qu’un pape se positionne contre l’inertie politique actuelle et le climatoscepticisme encore en vogue parmi les républicains américains. De plus l’essentiel se trouve page 154 : « Quand les personnes deviennent autoréférentielles et s’isolent dans leur propre conscience, elles accroissent leur voracité. En effet, plus le coeur de la personne est vide, plus elle a besoin d’objets à acheter, à posséder et à consommer. Dans ce contexte, il n’est plus possible qu’une personne accepte que la réalité lui fixe des limites. A cet horizon, un vrai bien commun n’existe pas. Nous ne pensons pas seulement à l’éventualité de terribles phénomènes climatiques ou à de grands désastres naturels, mais aussi bien aux catastrophes dérivant de crises sociales, parce que l’obsession d’un style de vie consumériste ne pourra que provoquer violence et destruction. »
* Laudato Si, lettre encyclique du souverain pontife
éditions Salvator, 194 pages pour 3,90 euros