La présidentielle n’est pas l’attente de l’homme (ou la femme) providentiel, mais l’attente d’un projet de société. Et le seul projet qui devrait structurer le prochain quinquennat comme d’ailleurs l’ensemble du XXIe siècle, c’est la construction d’une société post-carbone, donc post-industrielle et post-croissanciste. Ce message est porté par l’écologie politique, et encore, pas par tous ceux qui s’en réclament. Seul Nicolas Hulot était en mesure de personnifier une alternative au système thermo-industriel, il s’est désisté au dernier moment ; il y a mille raisons en effet de ne pas vouloir combattre dans ce marigot électoral (la présidentielle 2017) où domineront requins politiques et hyènes médiatiques. C’est pourquoi il y aura beaucoup de candidats, mais pas un seul qui puisse devenir un(e) bon(ne) président(e). Comme l’exprime Jean Garrigues, « c’est aujourd’hui le triomphe de la démocratie d’opinion, qui produit des vedettes, mais pas des hommes d’État… Les idoles éphémères du story-telling ont plutôt tendance à rejoindre le populisme de la médiocrité »*.
Casser les codes de la présidentialisation, instaurer « une grande coalition entre les citoyens de bonne volonté » comme le voudrait Garrigues ne change rien fondamentalement. La démarche collective de production d’idées est une illusion. Ce qu’on peut appeler démocratie participative ne peut être qu’une foire aux idées dont émergera péniblement un catalogue de bonnes intentions. Ceux qui diront ensuite exprimer la parole du peuple ne feront en fait que tenir leur propre discours, celui dont il (ou elle) pense qu’il leur donnera le pouvoir.
Une rupture totale avec le système dominant ne peut être lancée et accompagnée que par un gouvernement pour lequel le principe « l’écologie d’abord » paraîtra incontournable. Nicolas Hulot le savait, il le disait déjà en 2006 : « Mesdames et messieurs les candidats à la présidence de la République, le temps de l’information, du débat et des controverses est révolu. Le temps est à l’action… quel contenu allez-vous donner à votre politique pour que l’écologie, l’environnement, le développement durable, peu importe les intitulés, deviennent la base des choix économiques et sociaux, le déterminant majeur des politiques publiques ? C’est désormais un fait scientifique central : l’espèce humaine risque une déstabilisation majeure car sa santé et ses activités dépendent du bon fonctionnement des écosystèmes et de l’abondance des ressources. Or la gravité de la crise globale s’est amplifiée, au point que certaines accusations traditionnelles de catastrophisme qui étaient proférées à l’encontre des écologistes passent désormais pour des débats éculés. »** Nous sommes à la veille de la présidentielle 2017, aucun des présidentiables actuels n’a saisi l’importance de l’enjeu, à savoir se préparer à une société en décroissance. Pour creuser cette thématique, vous pouvez acheter le livre de Michel Sourrouille qui vient de sortir en librairie, « L’écologie à l’épreuve du pouvoir ».
** Pour un pacte écologique de Nicolas Hulot (avec le Comité de veille écologique) (édition calmann-lévy 2006)
En fait, pas même un quelconque « bon gouvernement écolo » ne pourra résoudre quoi que ce soit. En effet, dans le système capitaliste en vigueur, le pouvoir appartient, non pas aux chefs officiels d’Etat, ni aux ministres, mais aux actionnaires riches à milliards des grandes entreprises industrielles et financières, lesquels actionnaires ne sont nullement élus.
Aucun dépôt d’aucun bulletin dans l’urne ne sera en mesure de remplacer les révoltes collectives contre cette dictature accordant au grand patronat la propriété exclusive sur les richesses, dictature intrinsèquement génératrice de sur-pollution.