Le président Hollande confronté à la descente énergétique

Pierre-René Bauquis, spécialiste du pétrole, a popularisé avec d’autres spécialistes une pétition Mobiliser la société face au pic pétrolier : «  Le pétrole facilement accessible et bon marché est derrière nous… Or force est de constater que le fonctionnement de notre société dépend aujourd’hui d’une croissance économique soutenue qui va de pair avec une consommation toujours plus importante d’énergie. L’urgence apparaît donc d’anticiper une inexorable descente énergétique. Il est indispensable que les responsables politiques prennent conscience de cet enjeu et fassent preuve d’anticipation. »*. Pierre-René Bauquis insiste plus récemment : « Nous sommes désormais proches du maximum soutenable de la production pétrolière mondiale. Ce « peak oil » devrait se situer vers 2020 (+ ou – 5 ans) et à un niveau de l’ordre de 100 millions de barils par jour. »**

La fin du quinquennat du président Hollande risque donc de se heurter au pic pétrolier, pétroles non conventionnels inclus. Autant dire que le début de son quinquennat se heurte à la crise de l’endettement, crise qui sera amplifiée par le choc des hydrocarbures en panne sèche, sans oublier le problème du réchauffement climatique. Pourtant, dans LE MONDE, une voie unanime s’élève pour célébrer les mérites du PIB. Construisons une Europe de la relance*** chantent en cœur jacques Attali, Pascal Lamy et bien d’autres. Il s’agit de créer des « projects bonds », soi-disant « de la bonne dette » ! La croissance doit être « véritable » comme pour d’autres le travail devait être « vrai ». Mais les projets envisagés comme générateurs de croissance sont absurdes : aéronautique (lié au prix du kérosène), industries numériques (déjà 3 % de l’électricité mondiale), efficacité énergétique (source d’effet rebond). Nos penseurs répètent tous la même chose et oublient complètement que la descente énergétique va bloquer la croissance économique. Un politique digne de ce nom nous parlerait à l’heure actuelle d’austérité, de rigueur, de sobriété énergétique, de frugalité joyeuse et de changement de civilisation. Un politique digne de ce nom n’envisagerait jamais un blocage du prix de l’essence !

Bien entendu l’austérité n’est pas le meilleur programme électoral et nombre de gouvernements en font actuellement l’expérience. Mais à flatter les électeurs et à cultiver la facilité des promesses, on cristallise les tensions et on fait le jeu des populismes de droite comme de gauche. Les gouvernements qui résistent en Europe sont ceux qui appliquent des politiques d’austérité drastique. Angela Merkel a raison, François Hollande a tort.

* Le Monde.fr,| 22 mars 2012, Mobiliser la société face au pic pétrolier

** LE MONDE ECONOMIE, 9 mai 2012, Nouvelles découvertes et gaz de schiste retarderont à peine le pic pétrolier

*** LE MONDE du 9 mai 2012, Construisons une Europe de la relance

8 réflexions sur “Le président Hollande confronté à la descente énergétique”

  1. La TIPP flottante est un succédané politique mal testé. Gare au delirium tremens.

  2. L’environnement aura été le parent pauvre de cette campagne. Sauf le 28 janvier, où des engagements clairs on été pris par M. Hollande lors de l’appel des 3000 de France-Nature-Environnement : agenda environnemental et feuille de route environnementale, pour tous les ministères, en tête de gondole. Mais concrètement, doit-on choisir entre : « chaque ministre doit être écolo-compatible » , « le premier ministre doit être écolo-compatible », « le premier ministre doit s’appuyer sur un ministère de l’écologie très fort et aux fonctions élargies » ou tout cela à la fois ?

    L’avenir d’un monde décarboné et dénucléarisé, d’où les hydrocarbures sont presque absents, qui adviendra de gré ou de force, peut s’avérer un levier phénoménal pour mobiliser le pays dans un nouvel élan : un New Deal écologique pour sortir des crises économiques et écologiques. Sinon la nature se rappellera à notre mémoire, douloureusement pour celui qui n’a pas anticipé, généreusement pour la société qui aura su composer avec elle plutôt que de tenter vainement de la plier à sa volonté.
    Bruno Genty, président de France Nature Environnement
    Texte complet : Le Monde.fr | 11.05.2012 L’environnement en mal de campagne

  3. Je partage la plupart de vos points de vue exposés dans cet article, mis a part un seul : l’effet rebond du a l’efficacité énergétique. et il est lié aussi aux taxes sur les hydrocarbures.
    Il ne s’agit pas de nier l’effet rebond, mais de le contre-balancer par l’augmentation des taxes. C’est ce qu’exposait JM.Jancovici au sénat lors de sa présentation sur le cout de réel de l’électricité. Et du même coup vous réduisez la consommation, donc les émissions de CO2, tout en remplissant les caisses de l’état.
    Et ceci est valable pour tous les domaines de l’efficacité énergétique, le transport, le chauffage, l’agriculture, l’industrie…etc

    Au risque de me faire huer, comme disait JM.Jancovici il y a quelques mois : « in tax we trust » !

  4. Je partage la plupart de vos points de vue exposés dans cet article, mis a part un seul : l’effet rebond du a l’efficacité énergétique. et il est lié aussi aux taxes sur les hydrocarbures.
    Il ne s’agit pas de nier l’effet rebond, mais de le contre-balancer par l’augmentation des taxes. C’est ce qu’exposait JM.Jancovici au sénat lors de sa présentation sur le cout de réel de l’électricité. Et du même coup vous réduisez la consommation, donc les émissions de CO2, tout en remplissant les caisses de l’état.
    Et ceci est valable pour tous les domaines de l’efficacité énergétique, le transport, le chauffage, l’agriculture, l’industrie…etc

    Au risque de me faire huer, comme disait JM.Jancovici il y a quelques mois : « in tax we trust » !

  5. En tout cas j’espère que M. François Hollande ne bloquera pas le prix des carburants. Cela serait stupide. Ce serait à la fois une façon de casser le thermomètre pour masquer la fièvre et une façon de faire payer les dépenses de l’état par d’autre impôts sur des activités moins polluantes: Une double bêtise donc. Esperons que votre dernier commentaire, cher Biosphère, est bien informé, même si la TIPP flottante me semble également une stupidité. On ne l’a d’ailleurs pas abandonnée pour rien.

  6. Dernière heure : Le gel temporaire du prix des carburants pourrait être abandonné par le gouvernement Hollande. Mais on rétablira la TIPP flottante : on chiffre le surplus de recettes de TVA indu pour des raisons conjoncturelles, puis on restitue ce montant aux automobilistes. Rappelons que ce mécanisme a été inventé par L.Fabius à Bercy en 2001-2002 et qu’il n’a pas fonctionné de manière satisfaisante.

    De toute façon un rapport de la Cour des comptes « fiscalité et environnement » en 2005 remarquait : « La TIPP contribue à limiter la consommation d’énergie fossile ; elles constitue à ce titre un outil efficace pour respecter les objectifs de réduction des gaz à effet de serre ». Une TIPP flottante n’incitera pas les consommateurs à économiser une ressource pétrolière de plus en plus rare. Les socialistes n’ont pas encore compris que nous devons préparer la descente énergétique !

  7. Bien entendu le pic pétrolier n’est qu’un aspect du déficit de ressources naturelles
    http://petrole.blog.lemonde.fr/2012/05/08/rarefaction-des-metaux-demain-le-peak-all/

    Demain, le « peak all », raréfaction du gaz, de l’uranium, des métaux, etc. Le cuivre, le zinc, l’or et l’uranium figurent parmi les principaux métaux dont les ressources mondiales semblent en voie d’épuisement. Pour la grande majorité des éléments, les réserves se situent entre 30 et 60 ans.

  8. Bien entendu le pic pétrolier n’est qu’un aspect du déficit de ressources naturelles
    http://petrole.blog.lemonde.fr/2012/05/08/rarefaction-des-metaux-demain-le-peak-all/

    Demain, le « peak all », raréfaction du gaz, de l’uranium, des métaux, etc. Le cuivre, le zinc, l’or et l’uranium figurent parmi les principaux métaux dont les ressources mondiales semblent en voie d’épuisement. Pour la grande majorité des éléments, les réserves se situent entre 30 et 60 ans.

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