Le prix de la démesure… selon Simon Charbonneau

Quelques extraits significatifs de ce livre sur la démesure. Le sentiment d’impuissance domine :

– Aujourd’hui il existe un décalage dramatique entre les capacités morales et intellectuelles de l’humanité qui ont peu évolué depuis ses origines et d’autre part le poids et la complexité des moyens mis actuellement à sa disposition.

– La plus grande menace représentée par l’expansion effrénée de l’industrie automobile dans le monde reste, bien sûr, sa contribution majeure au réchauffement climatique et seul l’épuisement des ressources fossiles pourra mettre un terme à ce processus qui échappe à toutes les alertes lancées depuis cinquante ans par une poignée d’esprits lucides mais impuissants.

– La dénonciation des émissions de gaz à effet de serre n’a jamais été aussi répandue qu’aujourd’hui, mais cela n’empêche pas le public d’abuser de la voiture dans ses déplacements quotidiens et même de protester contre la hausse du prix du gazole.

– La récession actuellement en cours nous obligera à des révisions douloureuses par le jeu de mécanismes administratifs de rationnement et par une baisse drastique de nos revenus. Il faudra apprendre à vivre dans un nouveau contexte de catastrophe au ralenti qui, inévitablement, portera atteinte à nos libertés, sans d’ailleurs pour autant que cela résolve les problèmes de pénurie de ressources naturelles.

– L’insécurité chronique existant dans certains quartiers de grandes villes nous donne déjà un avant-goût de ce dont peut accoucher un effondrement général des économies occidentales et de l’ordre public qui les accompagnait.

– Saturé par la complexité de textes souvent contradictoires, le droit de l’environnement devient ineffectif. Ainsi en arrive-t-on au règne du « droit savonnette » caractérisé par des dispositions visqueuses le rendant insaisissable par le citoyen et donc inopposable aux pouvoirs publics !

– Ignorant toute forme de transcendance, l’homme moderne souffre d’une perte de repères causée par les multiples transgressions engendrées par les nouveaux pouvoirs que lui ont donné la science et la technique. Transgressions autant vis-à-vis de l’homme lui-même que vis-à-vis de la nature.

– Une propagande fondée sur l’adhésion du public en faveur d’un monde toujours plus artificiel et opaque s’attaque maintenant à l’identité humaine elle-même, comme le montrent tous les discours visant à effacer les différences sexuelles existant entre les hommes et les femmes sur le fondement d’une revendication égalitaire.

– L’individu en proie au syndrome de la réussite professionnelle ne pourra jamais exercer publiquement son esprit critique, qu’il soit journaliste, politicien ou chef d’entreprise, la libre parole étant réservée à la sphère privée ou à la retraite.

– Tout cela s’accompagne d’une disproportion évidente entre les moyens notamment financiers consacrés d’un côté à la protection de l’environnement et de l’autre à sa destruction.

– Parmi les divers aspects de la crise, il y a la question démographique qui a tendance à être occultée. Or, la démographie galopante manifeste pourtant ses conséquences désastreuses dans à peu près tous les pays du Sud.

– Un changement brutal est en train d’avoir lieu sans aucune préparation ni aucune démarche éducative en direction de l’opinion qui risque de réagir violemment après avoir vécu le doux confort de la société de consommation. Face au retour à la dureté de la vie, ce qui était jadis de l’ordre du choix militant relèvera dorénavant de la contrainte économique et bureaucratique.

– L’accélération fantastique de la course à la puissance semble aujourd’hui arriver à son terme avec l’accumulation des menaces qui pèsent sur l’humanité. Tout le monde sent à l’heure actuelle qu’il va falloir passer à la caisse malgré les propos rassurants tenus par l’oligarchie !

– La vérité est qu’aujourd’hui rien n’est sous contrôle. L’homme qui reste un peu honnête avec lui-même a l’impression de se retrouver dans un piège abominable dont il ne voit pas comment sortir.

– C’est pourquoi, aujourd’hui, sortir son nez des écrans en se déconnectant pour affronter la vie devrait être considéré comme une démarche de salubrité publique !

(Edition Libre&Solidaire, 228 pages pour 16,90 euros)

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