Le prix de la vie, plafonné à 35 000 euros pour la santé

Après avoir abaissé deux fois le plafond du quotient familial en 2013, le gouvernement taille une nouvelle fois dans les prestations familiales : division par trois de la prime à la naissance à partir du deuxième enfant, décalage dans le temps de la majoration d’allocation perçue quand les enfants grandissent, durée du congé parental qui devrait diminuer de moitié. La motivation est budgétaire, réaliser 700 millions d’euros d’économies*. Mais l’objectif est ridiculement faible alors que le déficit de la Sécurité sociale tourne autour de 15 milliards. Selon LE MONDE**, « La gauche est en train d’échouer complètement à rétablir les comptes de la Sécu… La gauche n’a jusqu’ici jamais tenu ses objectifs… ». En l’absence d’une croissance qui ne reviendra plus, le seul moyen de rétablir les comptes, c’est de diminuer drastiquement les dépenses. Comment ?

                C’est l’éditorial du MONDE*** qui nous ouvre la réflexion de fond. Il prend l’exemple du Sovaldi, un nouveau médicament contre l’hépatite C. Qui peut s’offrir cette molécule, soit 56 000 euros pour trois mois de traitement ? Avec 200 000 contaminés en France et 5000 nouveau cas chaque année, le coût de l’hépatite C devient exorbitant pour les caisses de la Sécurité sociale. la conclusion du MONDE est claire : « On attend une vraie réflexion sur le prix que l’on est prêt à dépenser pour sauver une vie. » Voici quelques éléments de réflexion.

Pour un philosophe anthropocentré, la première pensée serait de donner un prix infini à la vie humaine, un prix au sens propre « immense », hors mesure. Cet horizon sans limite donne de la vie de chacun un prix exorbitant. Pour wikipedia, la valeur d’une vie statistique(ou valeur d’une fatalité évitée) est le consentement à payer d’un individu pour une réduction marginale de son risque de mortalité. Cela ne nous avance pas beaucoup. Pour un économiste, l’idée courante est d’attribuer à un homme la valeur actualisée de la production qu’il aurait pu produire s’il n’était pas mort. Le prix de la vie humaine dépend donc de l’âge, du niveau de PIB du pays d’appartenance et de la qualification. Par exemple, les services de transplantation pourraient réserver les reins disponibles pour des jeunes ou des adultes, au détriment des personnes trop âgées. Un américain moyen vaut énormément plus qu’un Indien mort dans la catastrophe de Bhopal. Un dirigeant d’entreprise vaut beaucoup plus qu’un manutentionnaire. Il n’empêche qu’un pays dont les dépenses budgétaires dérapent doivent prendre des décisions. L’Institut national de la santé britannique estime le prix de la vie à 35 000 euros****, correspondant au prix d’un traitement permettant de gagner une année de vie supplémentaire. Au-dessous, l’organisme autorise, au-dessus, cela se négocie.

* LE MONDE du 1er octobre 2014, Politique familiale : la coupe de trop ?

** LE MONDE du 1er octobre 2014, Coup d’arrêt à la réduction des déficits de la Sécurité sociale

*** LE MONDE du 1er octobre 2014, La vie n’a pas de prix, mais qui va payer ?

**** LE MONDE du 7 janvier 2014, Du prix de la santé au prix de la vie

1 réflexion sur “Le prix de la vie, plafonné à 35 000 euros pour la santé”

  1. Si c’est la rareté qui fait le prix, alors une vie humaine devrait avoir une cote plutôt basse.

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