Sir Richard Layard dans son livre Le prix du bonheur a comme tant de ses semblables une vision déformée des relations normales entre l’homme et la Nature : « En utilisant notre cerveau, nous avons largement conquis la nature. Nous avons vaincu la plupart des vertébrés, des insectes et des bactéries. En conséquence nous nous sommes accrus en nombre, passant ainsi de quelques milliers d’individus à plusieurs milliards, une performance remarquable. » Pourtant, soixante pages plus loin, il reconnaît qu’il existe un petit nombre de niches, que les ressources sont limitées, que nous sommes voués à des jeux à somme nulle (ce qui est gagné par les uns est perdu par les autres). Quoi que nous fassions, le total disponible ne saurait être modifié, c’est la guerre de tous contre tous. Cent pages plus loin, il envisage enfin que la compassion puisse aller au-delà des êtres humains, que certains bouddhiste pensent que des paroles tendres aux objets qu’ils rencontrent peuvent avoir un effet positif sur leur propre existence. Le constat de se sentir appartenir à un ensemble plus grand donnerait un sens à l’existence, c’est le concept même du « moi » qui doit être soumis à un questionnement. Notre objectif ne devrait pas être la réalisation de soi mais une relation harmonieuse entre le monde et moi. Il faut se regarder comme une vague à la surface de l’océan : l’océan est éternel, et la vague n’en est que la forme immédiate et instantanée.
Mais Sir Richard en reste au relationnel entre humains, il n’a pas réalisé qu’une humanité qui n’aime pas aussi la Biosphère révèle un humanisme restreint et incomplet. Il cite Epicure : « De tous les biens que la sagesse procure pour le bonheur de notre vie, celui de l’amitié est de beaucoup le plus grand ». Mieux vaudrait penser, comme l’écologie profonde, que « le bien-être et l’épanouissement de la vie humaine et non-humaine sur Terre ont une valeur intrinsèque (en eux-mêmes). » Ainsi notre petit moi serait-il certainement plus heureux, simple composante du grand Tout, élément rattaché à la grande chaîne de la vie, l’amour de tous, l’amour de tout.
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