sur le site notre-planete.info :
Eva Joly, plus que tout autre candidat, a pris la mesure de l’urgence environnementale : le constat est pertinent, les solutions proposées sont fortes, courageuses et constituent un formidable élan dont la France a besoin. L’écologie est au cœur de son programme et devrait permettre de construire une société plus solide, plus durable, où la mobilisation citoyenne se fera autour de grands travaux d’intérêt général.
Toutefois, quelques points emblématiques mériteraient des précisions et davantage d’engagement. A ce titre, la candidate à la présidentielle ne renie pas le système actuel et ne se prononce pas officiellement sur la nécessaire décroissance de notre consommation et la promotion d’une nouvelle forme de société. Ce « détail » inquiète car l’on connaît l’affinité d’Europe Ecologie Les Verts avec le Parti Socialiste, pourtant très peu investi sur les questions environnementales. A vouloir acquérir un peu de pouvoir politique, les convictions de la candidate pourraient bien se diluer dans un système qui s’illustre depuis des décennies par son dédain de l’écologie. Quelques aspects de son programme :
1/10) Préservation et reconquête de la biodiversité
« Lancer un plan national d’éducation à la préservation de la nature pour systématiser l’enseignement des sciences de la nature à tous les niveaux, de l’école primaire aux formations professionnelles. Dès la rentrée 2012, chaque enfant de primaire bénéficiera d’une animation ou d’une sortie nature par le biais d’un partenariat renforcé entre l’Etat et les associations de protection de l’environnement. »
L’éducation à l’environnement et le contact avec une nature oubliée est essentielle si l’on veut que les adultes de demain, futurs moteurs de la société, orientent leurs décisions avec plus de sérieux et de responsabilité vis à vis de notre support de vie.
Mettre en œuvre un grand chantier de remise en nature du territoire : opposabilité des trames vertes et bleues, renaturation des grands fleuves (Rhône, Loire, Seine et Rhin), rétablissement de la perméabilité des grandes infrastructures linéaires aux flux biologiques.
Les trames vertes et bleues désignent les continuités écologiques non bâties où les espèces animales et végétales peuvent se développer et circuler. Les rendre opposables signifie qu’elles seront juridiquement contraignantes lors de l’élaboration des documents d’urbanisme, ce qui n’est pas le cas, sauf exceptions.
Organiser une Conférence nationale de protection du littoral, des estuaires et de la montagne, qui devra aboutir au renforcement des dispositifs actuels. Il s’agira en particulier de limiter l’artificialisation, de préserver les espaces naturels et agricoles, de renforcer la surveillance et la prévention des pollutions d’origine agricole dans les estuaires et les baies.
Adopter une loi foncière pour enrayer l’étalement urbain et garantir la mixité sociale et fonctionnelle : l’objectif est de valoriser les espaces naturels, agricoles et boisés, en lien avec des territoires urbains équilibrés entre logements, activités et loisirs. Pour ce faire, les politiques du logement et de l’urbanisme ne seront plus menées au niveau de chaque commune mais à l’échelle des agglomérations.
En s’artificialisant à tout va, sans aucune réflexion sur la gestion des risques et les conséquences pour le vivant, notre territoire est aujourd’hui fragilisé et particulièrement vulnérable aux aléas météorologiques.
« L’objectif zéro artificialisation nette du territoire d’ici 2025. Un observatoire de la consommation foncière publiera chaque année les chiffres de l’artificialisation, et une fiscalité spécifique sera créée (…) L’artificialisation des terres agricoles sera fiscalement découragée. »
En 2009 en France, selon une enquête Eurostat, 5% de la couverture du sol était considéré comme imperméabilisé et 12 % était exploité pour le commerce, les services, le logement, l’industrie et le transport.
2/10) Lutte contre les émissions excessives de gaz à effet de serre
« Réduire de 30 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020, par rapport à 1990, pour limiter le réchauffement de la planète sous les 2°C. »
Lors de la conférence de Cancún sur les changements climatiques qui s’est déroulée fin 2010, les états ont reconnu qu’il était impératif de diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 25 à 40 % d’ici à 2020 pour ne pas dépasser le seuil fatidique de 2°C d’augmentation de la température moyenne de la planète. Si la France peut se targuer d’avoir diminué ses émissions de près de 10 % depuis 1990, c’est parce qu’elle a délocalisée massivement sa production manufacturière et industrielle.
« Construire chaque année 500 000 logements, à basse consommation d’énergie (…) Rénover un million de logements par an, d’ici 2020, au niveau « basse consommation d’énergie », en commençant par ceux dans lesquels vivent les huit millions de personnes en situation de précarité énergétique. Les bâtiments publics seront tous rénovés d’ici 2030. »
La France compte environ 32,2 millions de logements dont 18,8 millions – soit 58 % du parc – qui ont été construits avant la réglementation thermique de 1975. Ce qui explique que le secteur du bâtiment est à l’origine de 23 % des émissions de CO2 et de 43 % de la consommation d’énergie finale en France.
3/10) Adaptation au changement climatique et prévention des risques naturels
« Engager tous les territoires et les secteurs d’activités, en commençant par l’agriculture, à anticiper et à s’adapter dès à présent aux changement climatiques. »
Soulignons la prise de conscience d’Eva Joly, seule candidate à s’en soucier, même si son engagement reste assez vague.
4/10) Développement et soutien aux énergies renouvelables
« Organiser la sortie du nucléaire en 20 ans (…) Faire de la France un leader industriel des énergies renouvelables, en produisant 40 % de notre énergie par des sources renouvelables dès 2020 (hors carburant). Il faut engager notre pays sur la voie d’un mix énergétique 100 % renouvelable. »
Eva Joly inscrit la sortie du nucléaire dans son programme politique et annonce des objectifs très ambitieux pour y répondre. En effet, en 2010, seulement 14,6 % de l’électricité produite en France était d’origine renouvelable au lieu des 21 % auxquels la France s’était engagée. 100 % d’énergie renouvelable (hors carburant) en France est un vrai défi, courageux mais pas impossible.
5/10) Production locale, soutien aux filières courtes dans le respect de l’environnement
« Une alimentation saine passe par le développement de l’agriculture biologique, dans le cadre de la conversion générale vers l’agroécologie. Sur le modèle de la loi SRU, les collectivités seront incitées à convertir au minimum 20 % de leurs surfaces agricoles utiles à l’agriculture biologique d’ici la fin du quinquennat. L’objectif doit être de permettre, dans un premier temps, une alimentation 100 % bio dans les cantines de nos enfants, pour les crèches et les maternelles d’ici la fin du quinquennat. L’objectif de réduction de 50 % des pesticides d’ici 2018, issu du Grenelle de l’environnement, deviendra prioritaire. Mais il ne peut s’agir que d’une étape. L’horizon que l’on doit se fixer, pour et avec les agriculteurs, c’est la sortie des pesticides en une génération. »
Des engagements chiffrés, ambitieux qui placent l’agriculture biologique comme un pilier de l’agriculture de demain. Eva Joly souhaite la sortie du « tout pesticide » alors que la France est le troisième consommateur mondial de ces produits appelés « phytosanitaires« .
6/10) Lutte contre la pollution de l’air
« Investir quatre milliards d’euros par an dans les transports alternatifs à la voiture et au camion, en commençant par améliorer la qualité et l’offre de trains sur le réseau ferré local, et en développant le fret ferroviaire. »
Si la plupart des pays européens font preuve de dynamisme en matière de fret ferroviaire, en France, c’est la débâcle…
« Des plans d’actions locaux mis en place pour lutter contre la pollution de l’air. »
L’intention semble louable mais peu explicite. Le cas des moyens de transport individuels n’est pas clairement évoqué alors que les automobiles, notamment diesel, sont à l’origine d’une pollution de l’air qui demeure inacceptable.
7/10) Elimination des produits chimiques dangereux et notamment cancérigènes dans l’alimentation, l’eau et les cosmétiques
« 1 % du budget de la santé sera dédié à la politique de prévention et un Institut national de recherche en santé environnementale sera créé. »
Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail « 90 à 95 % des cancers, sont liés à des causes exogènes, c’est-à-dire, à l’environnement au sens large. Celui-ci inclut les modes de vie (tabac, alcool, sédentarité, habitudes de consommation alimentaire, exposition solaire…) et les expositions à des facteurs environnementaux naturels (radon…), aux agents chimiques, physiques et infectieux de l’environnement général et professionnel « .
8/10) Diminution des déchets, augmentation de la réutilisation et du recyclage
« Refonte de la législation sur les déchets, avec un plan de fermeture progressive des incinérateurs, à mesure de la montée en puissance des filières alternatives. »
Actuellement, la France compte 127 incinérateurs en fonctionnement (1/3 du parc européen).
« Le suivi des déchets de construction sera mis en œuvre pour garantir leur tri et leur recyclage. »
Si la loi du 13 juillet 1992 n’autorise en décharge que les déchets ultimes, les déchets du BTP sont insufisamment recyclés, alors même que les matériaux de construction sont insuffisants, notamment en Ile-de-France.
« Une stratégie nationale contre le gaspillage : extension du système de bonus-malus aux produits électroménagers, allongement de la garantie des produits, soutien au secteur de la réparation, etc. »
Un engagement qui sera compliqué à tenir dans une société où, pour soutenir une croissance basée sur la surconsommation, le tout jetable est roi et le moindre produit high-tech a une durée de vie volontairement limitée à quelques années.
9/10) Diminution de notre consommation de biens et dématérialisation de l’économie
Aucun engagement
10/10) Amélioration du bien-être animal dans l’agriculture
« Définir un nouveau statut de l’animal : la loi sera modifiée pour agir contre le trafic d’animaux et pour favoriser le bien-être de ces derniers, qu’ils soient domestiques ou non, dans toutes les politiques sectorielles : transport, élevage, abattage, animaleries, cirques, etc. La législation sur la chasse évoluera pour introduire le respect de l’animal et la bonne santé des populations d’espèces. »
Là aussi, soulignons l’engagement rare d’un candidat à la présidentielle alors que le scandale de l’abattage halal et les nombreuses infractions à la loi montrent que les industriels de l’agro-alimentaire n’ont que peu de considération pour la vie animale, si ce n’est pour le profit qu’ils peuvent en tirer. Cependant, cette mesure reste quelque peu évasive.
Note attribuée : 7,5/10
Précisions :
Les mesures reprises sur cette page émanent directement du programme politique officiel du candidat. Nous ne prenons pas en compte les mesures sous-entendues qui proviennent d’un article de presse, d’un livre du candidat, d’une page web…
Je partage à 100 % le point de vue de Marcel. Car sans politique de restriction de la natalité, alors tous nos autres efforts en matière d’environnement seront réduits à néant. Ils seront même presque contre-productifs car ils nous permettront de résister une ou deux décennies de plus et d’être un milliard plus nombreux, dans une situation donc encore plus grave.
Rappelons que pour la préservation de la biodiversité qui est le problème le plus grave sur le plan moral, comme sur le plan matériel car ce sera le plus long à « réparer », il n’y a pas d’autre solution que d’être moins nombreux. Sur cette question je suis d’accord avec Michel Tarrier qui écrit : Tout pacte écologiste sous-tend un pacte anti-nataliste.
Christophe Magdelaine émet un avis, je serai curieux de connaître ses compétences en la matière. A ce qu’il semble, il n’en n’a pas plus que le citoyen lambda (à part l’idéologie). Son avis ne vaut donc pas plus que celui de Pierre, Paul ou Jacques.
Ma note : 3.5 / 10 car oubli stratégique(pour ne pas choquer le musulman nataliste de base qui est partie de leur électorat) ou idéologique d’ une politique démographique restrictive voire antinataliste .