Dans un pays ou seulement 5 % de Français se déclarent végétariens, et 35 % « flexitariens », l’appropriation culturelle du repas végétarien est un processus long, trop long. Dix ans pour que l’État réagisse enfin ! Le 29 mai 2009 L’A.V.F. (Association Végétarienne de France) avait lancé la campagne pour « un jour végétarien hebdomadaire en France » à la suite de l’initiative de la ville belge de Gand. Elle travaillait en partenariat avec toutes les organisations se reconnaissant dans l’intérêt du « Lundi Jour Végétarien ». Voici leurs arguments :
– Manger végétarien un jour par semaine, c’est bon ! Vous n’avez rien à perdre, mais beaucoup à gagner. A la découverte de nouveaux ingrédients, recettes, restaurants et livres de cuisine… un monde de nouveautés gustatives s’ouvre à vous !
– Vous prenez soin de votre santé. L’instauration d’une journée végétarienne par semaine est un excellent pas vers un mode d’alimentation plus sain. La plupart des personnes mangent trop de viande et trop peu de fruits et légumes. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) le dit pourtant noir sur blanc : adoptez des habitudes alimentaires saines, à base de produits végétaux principalement.
– Vous sauvegardez la planète. Manger plus souvent végétarien signifie moins d’abattage de massifs forestiers pour les pâtures et les aliments fourragers, moins de pollution mais aussi moins de gaz à effet de serre. L’élevage est en effet responsable du rejet d’une part majeure des gaz à effet de serre.
– Vous aidez autrui.Aujourd’hui, plus d’un milliard de personnes souffrent de la faim. Elles n’ont pas suffisamment accès à des aliments nourrissants et bon marché. Pendant ce temps, près de 40% des céréales à travers le monde servent à nourrir le bétail, ainsi que 90 % du soja. En mangeant moins de viande animale, vous réservez plus de céréales, de terres cultivables et d’eau pour les humains.
– Vous sauvez des animaux. Sa vie durant, un Français non-végétarien mangera 6 à 7 bœufs, vaches ou veaux, 33 cochons, 1 à 2 chèvres, 9 moutons, plus de 1300 volailles et 60 lapins, ainsi que des centaines d’animaux marins, sans compter tout le reste… En mangeant végétarien une fois par semaine, vous sauvez donc la vie d’un grand nombre d’animaux.
Dix ans plus tard, au 1er novembre 2019, toutes les cantines scolaires françaises devront proposer au moins un repas végétarien par semaine aux élèves. La mesure, qui prend pour l’instant la forme d’une expérimentation de deux ans introduite par la loi EGalim (octobre 2018) constitue selon le gouvernement un levier important en termes de santé et de lutte contre le réchauffement climatique. Le temps de restauration à la cantine est en effet un temps d’éducation. Mais aucun décret d’application de cette loi « expérimentale » n’a encore été publié. Et puis il faudrait éviter que l’arrivée de plats végétariens dans les cantines ne profite « à l’industrie agroalimentaire, aux steaks de soja ou boulettes de pois chiche industrielles plutôt qu’aux produits et aux producteurs locaux de qualité, donc aux usagers »*. Quelques compléments montrant que notre blog biosphere s’intéresse à la question depuis longtemps :
4 janvier 2019, 500 personnes (plus moi) appellent au lundi végétarien
30 mars 2015, Le lundi végétarien à la place de la viande de porc ?
21 mars 2013, Journée sans viande ou lundi végétarien ?
21 mars 2011, journée sans viande ou lundi végétarien ?
9 juin 2010, Interbev et le lundi végétarien
22 mai 2010, pour un lundi végétarien
* LE MONDE du 8 septembre 2019, Le défi des repas végétariens obligatoires dans les cantines scolaires
Végétariens ? : Point de vue mitigé :
– Si c’est pour limiter la souffrance animale : Oui
– Si c’est pour limiter la dégradation de l’environnement, c’est discutable, des animaux élevés en prairie sont sans doute meilleurs pour la nature que des champs cultivés en monocultures. la prairie est riche et les animaux nourrissent le sol par leurs déjections
– Si c’est pour nourrir plus de monde : non car c’est alors une course sans fin, on se privera ainsi de tout pour pouvoir être toujours plus nombreux
– Si c’est pour la santé : a moitié,, il faut un équilibre, un peu de viande n’est pas mauvais
– Pour la préconisation, une fois par semaine à l’école, oui c’est une bonne idée, on peut faire ça, on peut parfaitement se passer de viande un jour (mais pas forcément tous et toujours le même jours, comme le fait remarquer Michel C, ces injonctions commencent à être exaspérantes.
Bonjour Didier Barthès.
Vous dites : « – Si c’est pour nourrir plus de monde : non car c’est alors une course sans fin, on se privera ainsi de tout pour pouvoir être toujours plus nombreux.»
Petite question en passant : De quoi vous priveriez-vous ? De quoi ne voulez-vous pas vous priver ? Hors-mis de viande évidemment.
Le 4 janvier 2019 à 17:52 vous disiez à peu de chose près la même chose :
– « […] Il est vrai qu’en mangeant directement les protéines d’origine végétales nous pourrions sans doute nourrir plus de monde, Hélas c’est ce que nous ferions et ainsi nous couvririons la Terre de toujours plus d’hommes. Ne croyons pas que nous économiserions des terres en devenant végétariens, nous nous contenterons de les utiliser pour nous permettre d’être toujours plus et ainsi de toujours plus réduire la nature à néant.»
Ce à quoi je vous ai répondu, le 4 janvier 2019 à 19:29 :
– «[…] C’est possible mais ce n’est pas le végétarisme qui serait alors la cause de cette croissance. La croissance démographique est directement liée à la croissance économique et au Progrès qui lui est associé. [etc. etc. jusqu’à (c’est Jancovici qui le dit, encore lui).] »
Je reste évidemment sur la même position. Et de plus je partage le point de vue de GUILLOTIN (un nom que je n’aimerais pas porter, mais bon) le 2 septembre 2019 à 22:53 :
– « Le point d’inflexion de la croissance démographique a été franchi au début des années 2010 (sauf erreur de ma part). La question démographique est donc réglée. […] La question démographique est une diversion parfaite : sans solution.»
Ce à quoi j’ai répondu : «Eh oui ! Une DIVERSION parfaite ! SANS SOLUTION !
Donc, comme dit le professeur Shadoko : S’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème.»
Mouais, pas d’accord avec vous deux. Pour ma part, je m’inflige à moi-même ce qu’un Plan d’évitement de la catastrophe nécessiterait de chacun, à savoir,
pas d’enfant,
pas d’automobile,
pas de maison individuelle,
et très peu de viande, bien sûr.
Le pire, c’est que je le vis très bien 🙂 .
D’ailleurs je ne doute pas qu’on y viendra à un tel plan collectif, mais ce sera après une sacrée débâcle.
Du côté de chez moi, depuis longtemps le dimanche c’est le jour de la messe, le vendredi le jour du poisson, le jeudi jour du marché. Et maintenant le lundi se devrait d’être Veggie ? Eh ben déjà, de mon côté, nul besoin de me rabâcher tout l’intérêt de manger moins de viande. Pas besoin non plus de me rabâcher que fumer c’est pas bon pour la santé, que l’alcool tue lentement (m’en fout j’suis pas pressé), que rouler vite sur la route et patati et patata. Je continuerais donc à faire comme je fais depuis longtemps. Je ne vais pas à la messe, vu que c’est pas obligatoire, je mange du poisson quand ça me chante, et idem pour le marché. Et puis il y a des limites à tout, je ne vais quand même pas me laisser dicter ce que je dois mettre tel jour dans mon assiette !
Mais on va me dire qu’ici il ne s’agit pas de ça, qu’ici ce n’est pas du tout pareil, que je mélange tout, que je patauge dans la grande confusion etc. Parce qu’ici on parle des repas dans les cantines scolaires. Bien sûr, j’avais compris, merci.
Cette innovation … qui n’est en fait qu’une simple expérimentation… vise donc nos gamins, du moins ceux qui mangent à la cantine scolaire. L’idée étant de leur inculquer de bonnes habitudes. Et après tout c’est aussi ça le rôle de l’école, on peut même dire que c’est dans le programme. Alors évidemment, un programme se doit d’être précis, bien défini. Ainsi par exemple le programme d’histoire débute à la préhistoire pour se terminer à nos jours, ainsi dans telle classe le cours d’histoire sera le lundi de 9h à 10h, etc. etc. Imaginons si chaque jour la maîtresse ou le prof faisait comme moi, improvisait ou laissait les gamins décider ce qu’ils allaient faire de l’heure ou de la journée… je parie qu’à la fin de l’année ils crieraient tous « Vive l’anarchie ! » Non, ça c’est pas possible ! Le cours d’histoire sera tel jour à telle heure et dorénavant le lundi sera Veggie, ainsi soit-il !
Puisque les bonnes habitudes doivent être inculquées dès le plus jeune âge… et puisque les petits gestes font les grosses rivières… je propose de pousser l’expérimentation plus loin. Dans les écoles pour commencer et progressivement partout. Voici le programme :
– Dimanche : jour de repos. On ne travaille pas le dimanche, c’est le Saigneur qui l’a dit !
Usines, bureaux, écoles, boutiques, tout ça fermé ! Sauf les hôpitaux, bien sûr. Et les bistrots et les restaus, qui eux seront fermés le lundi.
– Lundi : journée sans viande, OK . Pas de viande dans les cantines, ni les restaus, qui d’ailleurs sont fermés, ni sur les étals des boutiques, qui elles sont ouvertes. Les boucheries charcuteries abattoirs et tout ce qui tourne autour de la viande, tout ça fermé ! Tous les concernés devraient être heureux, ils auront ainsi un long week-end.
– Mardi : journée sans bagnole. Tous à pied ou à vélo ! Les mamans et les papas amèneront les bambins à l’école à pied, à vélo à trottinette ou à cheval peu importe, mais pas en bagnole.
– Mercredi : journée sans écrans. Pas de télé, ni d’ordi, ni de smartphone, ni d’écrans publicitaires dans les rues ! Tout ça éteint, ou rendu inopérant grâce à notre sacro-sainte Technique. Le mercredi sera ainsi une belle journée pour beaucoup de monde, pas seulement pour les gosses. Tous ou presque sur le cul, l’occasion de discuter et d’imaginer un autre monde.
– Jeudi : journée sans pression. Tous cool ! Le but étant d’expérimenter cette règle élémentaire de sagesse : la pression on ne me la met pas, je la bois ! On ne mettra évidemment pas la pression dans les écoles.
– Vendredi : jour du poisson. Ne changeons pas les bonnes vieilles habitudes.
– Samedi : journée de liberté. Chacun fait ce qu’il lui plait, plait, plait. Manger du poisson, ou pas, de la viande, ou pas, boire des pressions ou se la mettre, rouler à vélo ou à moto… pas trop vite quand même. L’occasion de réfléchir sur la juste mesure.