Ce que l‘histoire retiendra sans doute de 2017, c’est effondrement de la gauche (le parti socialiste) et de la droite (les Républicains). Pour la première fois une personne qui peut prétendre à arriver au second tour de la présidentielle n’appartient à aucun des deux partis dit de « gouvernement » alors qu‘ils pratiquent l’alternance politique depuis toujours. En effet Emmanuel Macron joue explicitement le « ni droite, ni gauche » depuis le début de sa campagne en avril 2016. Voici ses dernières formulations* : « Depuis 30 ans, on assiste à l’alternance de la droite et la gauche qui balaye tout de manière automatique. Là ce sera la véritable alternance, celle d’une nouvelle méthode de gouvernement, parce que je vais réunir pour être efficace des femmes et des hommes de bon sens. » Il promet un gouvernement avec des personnes de la société civile et des personnes du monde politique venant « de la gauche, du centre, de la droite ». Le problème de ce positionnement, c’est qu’il se situe partout et nulle part, il n’a plus de consistance en refusant d’être du côté des travailleurs (la gauche) ou des entrepreneurs (la droite). C’est en fait une considération centriste, sachant que le centre a toujours basculé d’un côté ou de l’autre, là où il y avait le plus de place à prendre aux législatives. Si Macron devient président de la république et obtient la majorité parlementaire, l’hémicycle deviendra la foire d’empoigne. Pour les écologistes, la seule position unitaire possible, c’est « ni droite ni gauche, mais bien au-delà ». La formule de Nicolas Hulot fait une bonne synthèse : « Osons dire que l’écologie ne doit plus être un vulgaire enjeu partisan. Ce n’est un sujet ni de gauche, ni de droite, ni du centre, c’est un sujet supérieur. C’est simplement l’avenir et la sauvegarde de la famille humaine et de son écosystème, la planète. » Au delà des facteurs travail et capital, l’écologie politique privilégie le facteur biosphère.
Un des initiateurs chez les Verts d’une écologie de rupture, Alexandre JURADO, précisait fin 2015 : « Il y a un constat qui fonde l’axe fondamental de l’écologie politique, c’est la finitude de la planète. Et le second, l’espèce humaine comme force géologique, force pertrubatrice. Voilà donc les deux fondamentaux de l’écologie politique, fondamentaux qu’on ne retrouve dans aucun autre courant de pensée ayant donné lieu à l’émergence d’un parti politique. Les conséquences de ce double constat : une remise en question de notre rapport à la nature et la sortie du mythe de la croissance du PIB. Ce sont ces deux chantiers qui nous permettent de proposer un avenir inédit. Ce sont les deux axes programmatiques d’un parti écolo. Le reste, tout le reste, le partage des richesses, la solidarité, le féminisme, la démocratie, et que sais-je encore, est peu ou prou partagé par tous les autres partis, mais ne constitue en aucun cas une innovation idéologique. C‘est une erreur de penser et dire que l’ajout de ces valeurs aux deux éléments constitutifs de la doctrine écolo, nous placent à gauche. La gauche ne s’est pas constituée sur nos deux fondamentaux. La droite et la gauche n’ont que faire de la finitude de la planète, et le fait que homo sapiens soit devenu une force géologique flatte leur orgueil anthropocentrique. Contrairement à une idée répandue par les écologistes, l’écologie ne peut être mise en œuvre que par les écologistes, ou les partis qui partagent nos deux fondamentaux, ce qui revient au même. Bref, tant que les écologistes perdront leur temps à se positionner sur l’axe droite/gauche en laissant plus ou moins en friche les deux chantiers constitutifs de l’écologie politique, ils ne modifieront en rien la trajectoire mortifère vers laquelle nous allons. Le clivage droite/gauche n’a de sens que dans un système fondé sur la croissance du PIB. Il s’agit de partager « les fruits de la croissance », ce qui donne l’occasion de combats acharnés entre les partageurs (la gauche) et les conservateurs (la droite). Les acquis sociaux qui donnent accès aux fruits de la croissance résultent d’un rapport de force. Mais dans un contexte où la croissance s’amenuise de jour en jour, il faut tout réinventer et là je ne suis plus de gauche mais écologiste. Tant que nous persisterons à faire croire aux citoyens que l’écologie est de gauche, le caractère inédit des perspectives de l’écologie politique ne se révélera pas. Et plus le copinage avec la gauche est prégnant dans notre parti et plus cette même gauche dispose d’une voie royale pour nous aliéner nous et nos thèses. C’est ce qui explique notre discrédit. Le seul clivage qui vaille et qui devrait occuper toute notre énergie, c’est celui entre les écologistes (sur la base de la doctrine que j’ai évoquée) et les autres partis, tous les autres.»
Bref, l’alignement de Yannick Jadot et d’EELV sur la gauche socialiste représentée par Benoît Hamon pour la présidentielle 2017 est un contre-sens par rapport à ce qu’est fondamentalement l’écologie politique. Il est aussi source de discrédit aux yeux des électeurs.
* Le Monde.fr avec AFP du 12 mars 2017, Macron promet un gouvernement « de la gauche, du centre, de la droite » et une majorité « cohérente »
Le choix d’Hamon par Jadot augure d’une recomposition d’EELV avec ce qui reste du PS : un parti écolo-socialiste. Jadot aura réussi là où Duflot et ses amis ont échoué.
Que l’écologie politique se trouve alliée à la social-démocratie la plus moderne (et non le gauchisme comme disent les partisans de Valls), vu ce qui s’est passé dans bien des pays de l’Europe du Nord et de l’Est, cela semble logique.
Pour une fois qu’un candidat qui a (encore) une (maigre) chance d’être au 2nd tour veut la sortie du nucléaire, on ne va pas se plaindre ! Tâchons plutôt de le faire gagner des voix. Quant à Mélenchon, il fait plus de mal que de bien dans cette campagne, avec sa vision souverainiste, anti-européenne des choses.
Nous verrons bien ce que retiendra l’histoire de ces élections 2017, en attendant ce que j’en retiendrais moi, c’est son côté passionnant. Je n’avais jamais vécu ça.
S’il s’agissait d’un film, il remporterait un César ! Du suspens et des rebondissements tous les jours ! Depuis le début, avec les primaires et leurs surprises, les ralliements et les alliances. Des questions qui nous tiennent en haleine : Vont-ils se marier ? Qui sait ? Vivement le prochain épisode ! Les soutiens et les trahisons, et le vacarme des casseroles et des grosses marmites ! Là dans le film, on mettrait du Wagner. Et puis et puis … les attitudes et les déclarations de ces personnages totalement déconnectés. On croit rêver… Réellement passionnant !
Alors bien sûr, tous ces candidats affichent un programme, ça fait partie du jeu, c’est comme les costumes des acteurs dans les palais de justice, ils ont un programme mais ils savent bien que le « citoyen » n’en a PRAF (Plus rien à foutre). Dès le début le jeune ancien banquier aux dents longues est parti tout seul, il a endossé un dossard aux couleurs nouvelles, ni à droite ni à gauche. Plus exactement, Ni à droite Ni à gauche ET de droite ET de gauche ! Pigé ? Moi non plus. Allez-donc savoir où il habite celui-là ! J’ai mon idée… Mais peu importe puisque ça marche. En démocratie ce sont les sondages qui décident ! Sauf quand ils se trompent !
Marine aussi a le vent en poupe, elle est en tête depuis le début, avec toujours le même discours. Il ne faut pas dire qu’elle représente l’extrême droite ! Parce qu’elle non plus, elle est ni de droite ni de gauche !Exactement comme l’écologie ! C’est Nicolas Hulot qui l’a dit. Pauvre Nicolas ! Avec tous ses tours du monde, il n’a jamais trop su où il habitait lui non plus. Toujours perché à 10 000 il a mis sa « cause » au niveau supérieur.
Récapitulons : à droite donc, nous avons les marmites ! Au centre, ce n’est plus Bayrou (Place aux jeunes !) Est-ce alors Macron ? Est-ce Robert Hue, qui soutient Macron ? Et à gauche, qui est-ce ? Bonne question ! C’est où la gauche ? Et l’écologie , c’est où ?
Je pense que l’histoire retiendra que 2017 est l’entrée dans l’ère du Grand N’importe Quoi.
Voilà de belles synthèses théoriques, et sans doute valables.
Mais en attendant, et d’ici deux mois, on vote qui ?…
[ Pour moi, c’est Méluche ou l’abstention, y compris au 2e tour… ]