S’il fallait donner une définition des écoles politique traditionnelles, alors dirions-nous : la droite privilégie le niveau de l’individu, la gauche celui de la société. Les dépassant toutes deux, l’écologisme s’intéresse au destin de l’espèce humaine (et de la biosphère) dont dépendent solidairement société et individus. Le véritable écologisme doit faire prendre conscience à chacun des limites de la biosphère et, par voie de conséquence, de ses propres limites dans le domaine de la consommation.
Pour que ces limites soient comprises, admises et respectées, elles se doivent d’être les mêmes pour toutes les couches sociales, imposées sans écofascisme, sans coercition. L’ampleur de l’activité humaine et de son empreinte sur la planète doit faire l’objet d’un choix collectif. Pour diviser le nombre de morts sur les routes, n’a-t-il pas fallu contraindre l’automobiliste à boucler sa ceinture, à ne pas dépasser les limites de vitesse ni deux verres d’alcool, à ne pas téléphoner au volant, alors même que sa propre santé, sa sécurité et son porte-feuille étaient en jeu ? Qui peut nier que refuser toute contrainte extérieure implique de s’imposer soi-même des règles de comportement, tâche sans doute plus difficile encore ! Montesquieu écrivait : « Dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu’à pouvoir faire ce que l’on doit vouloir, et à n’être point contraint de faire ce que l’on ne doit pas vouloir.» C’est d’un Churchill dont nous aurions besoin qui, pour vaincre l’adversité, promettait crûment de la sueur et des larmes, et ne se gargariserait pas avec des mots creux en contradiction avec les faits. C’est en ce sens que l’on peut parler d’un problème politique, c’est-à-dire d’organisation de la cité. Un homme de droite intelligent peut arriver aux mêmes conclusions qu’un homme de gauche généreux.
N’y a-t-il pas régression, lorsqu’une grande revue associative nationale se proposant de guider le consommateur dans ses choix a abandonné son ton critique à l’égard de ce qui s’appelle la société de consommation, et vise désormais à le renseigner sur la manière de consommer mieux, donc plus, pour le même prix ?
(extraits du livre «Le futur a-t-il un avenir ? (pour une responsabilité socio-écologique)« de Philippe Lebreton
éditions Sang de la Terre 2012, 380 pages pour 24,50 euros)