Après une période d’ostracisme envers l’écologie profonde faute d’une connaissance précise de cette philosophie initiée par Arne Naess, il est heureux que des chrétiens aujourd’hui en fassent une présentation objective. Voici leurs paroles* :
– L’écologie profonde a été définie en 1973 par Arne Naess par opposition à l’écologie superficielle. L’écologie superficielle se réduit à la santé et à l’opulence des individus dans les pays développés alors que l’écologie profonde rejette la vision de l’homme dans l’environnement au profit d’une vision relationnelle, une vision du champ total (p.11).
– Etre en harmonie avec la nature, c’est aussi être en harmonie avec soi-même, se réaliser : Arne Naess insiste beaucoup sur les styles de vie. Il affirme que toutes les espèces ont le droit de vivre et de s’épanouir, et, en dernier ressort, reconnaître la spécificité de l’espèce humaine. Cette pensée est donc très différente de l’écologie radicale qui considère que l’homme n’est qu’une espèce parmi les autres (p.30).
– L’écologie radicale pose de vraies questions, mais de façon que l’on pourrait qualifier d’arithmétique, sans prendre en compte le caractère spécifique de l’homme. Le contrôle de la démographie par exemple est une vraie question mais qui ne peut être abordée sans la participation des populations elles-mêmes. Il faut donc bien distinguer l’écologie radicale et l’écologie profonde (p.39).
– Si certains aspects de l’écologie profonde peuvent être mise en cause, comme l’égalitarisme biosphèrique ou ses inspirations philosophiques (Kant et Spinoza), d’autres convergent avec une réelle recherche spirituelle (p.41).
– La recherche du bonheur consiste pour l’hindouisme à réduire le dualisme par le rapprochement du soi (le corps) et du Soi (Le Soi intérieur, l’âme). La proposition de l’hindouisme et de mener un mode de vie simple, de respecter toutes les formes de vie. La tendance de l’écologie profonde met également en valeur la recherche du Soi (p.45).
– Nous devons avancer à tous les niveaux dans la recherche du bien public, local, national, international, dans le cadre d’une « écosophie » ou écologie profonde (Arne Naess), et non pas radicale et antihumaniste (p.178).
– Arne Naess (1912-2009) propose une éthique écologique qui dépasse à la fois une vision romantique de la nature, et une vision technicienne d’une écologie cherchant à réparer les dégâts des interventions humaines. Il réintègre l’homme dans la totalité de la biosphère. Il propose une plate-forme de l’écologie profonde en huit propositions (détaillée p.31) concernant une ontologie de la vie, une éthique. Il n’y a dans cett démarche aucune haine de l’homme, ni totélitarsme écologique (contrairement à une vision réductrice et manichéenne de certains). Il propose une humanisation écologique par la pleine réalisation de soi, qui devient « Soi » en s’ouvrant à l’ensemble de l’écosphère, à tous les êtres humains et aux espèces animales. C’est un véritable changement anthropologique dont il propose la mise en pratique, conduisant à apprécier la qualité de la vie plutôt qu’un haut niveau de vie. Cela va jusqu’à dire que seul l’homme est capable de s’identifier par l’imagination à l’autre et même à l’animal (p.182).
* Pour un engagement écologique : simplicité et justice (Diocèse de Nantes)
édition Parole et silence 2014, 308 pages, 12 euros
Enfin le Christianisme commence à évoluer sur cette question.C’est très important quand on sait que l’église évangélique progresse dans le monde. Il n’empêche que je regretterai toujours la quasi disparition de l’animisme… J’aurai préféré que la France reste paienne.