La mission des écologistes est la sauvegarde des conditions de vie à la surface de la Terre que le changement climatique va profondément altérer. Ils doivent collectivement se montrer à la hauteur de cette mission et s’affranchir des dogmes que leurs aînés ont forgés dans les années 1970 – et dont j’ai fait partie. Nous avons la chance d’avoir un excellent ministre écologiste qui ne vient pas des courants les plus rigides de l’écologie politique. Au lieu de lui reprocher de n’être pas assez vert, il faut l’aider à ne pas l’être trop ! » Telle est, à propos du ministère de Nicolas Hulot, la conclusion de Brice Lalonde dans LE MONDE*.
Pour beaucoup de commentateurs sur le monde.fr, favorables à cette tribune, « il est temps que le pragmatisme remplace le dogmatisme ». Tout dépend ce qu’on appelle pragmatisme et dogmatisme ! Plutôt que de mots-valise, nous préférons parler de réalisme. Nous devrions savoir avec certitude que la société thermo-industrielle court réellement et de plus en plus vite vers la catastrophe et qu’il nous faudrait être extrémiste pour être en phase avec les réalités biophysiques. Le réalisme c’est cela, constater que la planète est au pillage mais que nous ne pourrons rien reconstruire sur une terre brûlée jusqu’à la moelle. Brice Lalonde est pris dans un contexte socio-culturel qui l’empêche, malgré son expérience historique de l’écologie politique, de percevoir les fondements d’un discours opposé à celui dont il a l’habitude. C’est le processus de dissonance cognitive, on croit ce qui paraît le plus simple et rassurant même si on a conscience que c’est beaucoup plus compliqué et inquiétant. En d’autres termes, il faudrait que Brice abandonne sa bulle de rentier de l’écologie politique pour ressentir vraiment l’urgence écolo. Son parcours politique montre qu’il a été constamment un propagandiste de l’écologie superficielle, celle qui aménage notre société à la marge… comme le fait Macron. L’effondrement de la civilisation basée sur les énergies fossiles est déjà en cours, mais il faudra un certain temps pour que nos dirigeants s’en aperçoivent. Le comportement anti-écolo de Trump est un exemple parfait de notre aveuglement actuel.
Contrairement aux propos de Brice Lalonde, il faut classer Hulot dans le camp des écologistes radicaux, radical dans le sens qui prend les choses à la racine. Il est vrai que Nicolas essaye de tester depuis longtemps l’hypothèse qu’on peut faire progresser la conscience écologique en faisant de l’entrisme dans un système fondamentalement vicié. Il a échoué en tant que ministre d’État aux yeux de l’ensemble des associations environnementalistes, le gouvernement actuel est trop libéral et croissanciste pour écouter véritablement son discours de fond. Toutes les mesures qu’il a prises en tant que ministre sont bien en dessous de ce qu’il faudrait face à l’urgence climatique qui pointe, la biodiversité qui défaille et la descente énergétique qui s’amorce. Monsieur Lalonde, parlez-nous de votre action personnelle, si discrète qu’elle en est invisible ! Pour en savoir plus sur Brice Lalonde, lire à propos de son dernier livre :
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2015/11/06/le-ciel-nous-tombe-sur-la-tete-brice-lalonde-aussi/
* LE MONDE du 11 août 2018, Brice Lalonde : « Pas besoin d’être un ministre vert pour être un ministre écologiste »
Le groupe des rentiers de l’écologie ne cesse de s’étoffer, ils vont pouvoir créer une confrérie
Je m’interpelle lorsque je pense que je buvais les paroles de ces Usurpateurs