L’écologie trouve place dans le dernier CHARLIE HEBDO

Il est rare que Charlie Hebdo parle d’écologie, dommage. Dans le dernier numéro, après que l’équipe rédactionnelle ait été massacrée en grande partie par des « Fous de dieu », un article de Fabrice Nicolino, qui a été lui aussi criblé de balles et se trouve encore à l’hôpital, sous morphine, nous interpelle. En voici un résumé :

« Il n’y a plus d’ailleurs. Et voilà pourquoi mon site Internet s’appelle Planète sans visa. La planète est devenue une banlieue où s’entassent les peuples. L’homme, devenu un agent géologique de première puissance, a inventé l’anthropocène. Ce site parle donc de la crise écologique, à ma manière. Sans concessions, sans inutiles précautions, sans vain respect pour les hommes et les institutions qui ne le méritent pas. Car il se passe un événement si considérable, tellement inédit, à ce point stupéfiant que la pensée refuse de l’admettre : nous sommes les contemporains de l’anéantissement de la vie. De la destruction des conditions de vie de l’humanité. De l’asservissement des autres êtres vivants à notre bon plaisir imbécile. D’une crise d’extinction des espèces comme la planète n’en a pas connu depuis la fin des dinosaures, voici 65 millions d’années. Je pense qu’il faut marquer au plus vite une rupture complète avec notre manière de penser la société. Il nous reste peu de temps pour imaginer un avenir qui ne soit pas de guerre et d’affrontements majeurs. Le rêve des droits de l’homme, né en France autour de 1789, atteint sous nos yeux ses limites. L’individu n’a pas, ne peut plus, ne doit en aucune manière avoir tous les droits que lui reconnaissent, pour le plus grand profit des marchands, la publicité et la propagande. Nous devons travailler ensemble à une Déclaration universelle des devoirs de l’homme. Car l’homme a désormais la responsabilité de protéger et de sauvegarder ce qui peut l’être encore. Les plantes et les arbres. Les singes et les colibris. Les fleuves et les pierres. Le vent et les abysses. Sans nous oublier nous-mêmes… »*

Fabrice Nicolino a eu « Le président de la République au bout du fil » le 19 janvier vers 15h45 ! Voici en bref ce qu’il en  dit : « Comment a-t-il été ? Parfait, en vérité. Je n’ai pas de raison de douter de la sincérité de François Hollande, ni de l’empathie manifestée pour nous autres, les victimes. Mais comment dire ? J’avais la tête ailleurs, car vous savez mon obsession : la tragédie écologique planétaire, qui menace tant de formes de vie, dont la nôtre. Avais-je le droit de passer mon tour ? Bien sûr que non. Je lui ai dit : « Vous avez encore une minute ? ». Et j’ai ajouté : « Je crois que vous-même, votre gouvernement, les hauts responsables de l’État et des administrations centrales êtes dramatiquement sous-informés de l’état réel, planétaire, des écosystèmes. Avec tout le respect que je vous dois. » J’ai un petit peu développé, insistant sur les inévitables conséquences de cette crise multiforme sur cette France qu’il préside. Et comme il me fallait être « positif », j’ai indiqué qu’il fallait à mon sens créer un instrument adapté (…) François Hollande n’a pas hésité, et il m’a répondu : « Venez donc me voir quand vous serez sur pied » (…) »**

* Charlie Hebdo n° 1778, 14 janvier 2015, 3 euros

** http://fabrice-nicolino.com/index.php/?p=1865

3 réflexions sur “L’écologie trouve place dans le dernier CHARLIE HEBDO”

  1. @ Didier Barthès
    Tout à fait d’accord avec vous: quand j’entends dire « l’Allemagne est un pays vieillissant, la France un pays jeune et dynamique »: c’est une fuite en avant, toujours la croissance! Il faudra bien s’arrêter un jour…

  2. Si on reprend Charlie Hebdo depuis un ou deux ans, les articles de F.N paraissaient avec 8 jours de retard dans Planète sans visa. Et avec un style d’écriture « Charlie » qui portait toujours la marque Fabrice Nicolino par les sujets.

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