L’histoire de l’univers est l’histoire de chacun de nous
Avec la perte de la croyance religieuses, les repères ont disparu, mais les questions existentielles sont toujours là : « la vie a-t-elle un sens ? », « qu’est-ce que je fais ici ? ». Ces questions se reportent sur l’astronomie, le cosmos, qui évoquent ce qui est au-delà de nous. On trouve dans la science des choses qui sont à l’honneur de l’humanité. C’est une grande expérience qui a commencé avec les Grecs Anaximandre de Milet et Anaxagore, qui ont été les premiers à dire : « faisons une méthodologie dans laquelle on refusera d’introduire des éléments surnaturels ». Si, par exemple, il y a une éclipse, on ne fera pas appel à quelque monstre venu manger le Soleil. Cette décision de ne garder comme satisfaisantes que les réponses prises dans la nature elle-même, c’est la grande clé de toute la science. Les astrophysiciens sont devenus d’abord des historiens en découvrant que l’Univers avait une histoire et quand ils ont compris que c’était leur propre histoire. Et quand on présente cet aspect aux enfants, quand on leur dit que ce qu’ils apprennent dans les cours de physique, de chimie, de biologie, c’est leur histoire, cela peut leur donner de l’impulsion parce que rien ne nous intéresse plus que nous-mêmes… Notre cerveau, malgré ses limites et sa lenteur, se donne pour but de comprendre comment tout cela fonctionne et c’est ainsi que la science progresse. La difficulté, dans le fond, c’est de savoir gérer cette intelligence fabuleuse qui, aujourd’hui, nous pose tous les problèmes environnementaux que nous connaissons. Nous sommes capables de réchauffer la planète, d’acidifier les océans, nous avons une puissance fantastique mais cette puissance pourrait nous éliminer comme elle a failli nous éliminer pendant la guerre froide… C’est comme si la nature nous disait : « je vous ai fait un beau cadeau qui vous a permis de survivre aux premiers temps de l’humanité et maintenant débrouillez-vous avec ». » (LE MONDE du 24 décembre 2016 )
« Emporté dans sa frénésie d’inventivité, après une gestation de quinze milliards d’années, l’univers a accouché d’un » mutant » prodigieux. Dès son apparition dans la savane africaine, l’être humain par migrations successives occupe bientôt tout l’espace disponible sur la planète. La capacité d’adaptation et la compétitivité sont les ferments et les moteurs de l’évolution biologique. A ce jeu, l’être humain joue mieux que quiconque. Il est le champion toutes classes mélangées, il s’adapte à toutes les situations, sous toutes les latitudes et dans tous les climats. Il se prépare aujourd’hui à vivre dans l’espace. Poussée par sa propre politique d’inventivité et son obsession à créer toujours du plus complexe et du plus efficace, la nature semble s’être engagée dans une situation qui pourrait bien se retourner contre elle. Elle a mis au monde une espèce néfaste capable de neutraliser les instincts régulatoires qui assuraient la pérennité de la vie terrestre.
Avec le développement de la science et de la technologie, l’homme modifie considérablement la planète qu’il habite. Il aménage la nature et transforme la campagne. A part les paysages arctiques, toutes les régions ont été plus ou moins altérées par sa présence. Rien ne lui résiste. Son influence est singulièrement accélérée par l’apparition de la civilisation occidentale qui n’a plus, comme les cultures traditionnelles, le respect de la nature. Un grand nombre de biotopes et d’espèces vivantes disparaissent. Les forêts se rétrécissent et les sous-bois deviennent des parkings. L’asphalte et le béton sont les manifestations de cette nouvelle et menaçante monotonie. Vue sous l’angle » l’homme hors de la nature « , l’arrivée de l’être humain apparaît ici comme une catastrophe cosmique. Notre planète est » infestée » d’hommes qui semblent décidés à saboter l’admirable harmonie de la nature. Ils pourraient bien la ramener à sa stérilité initiale.
Sous l’angle » l’homme dans la nature « , les humains prennent enfin conscience de la menace qu’ils font peser sur la vie planétaire. C’est l’avènement du souci écologique. Tandis que la détérioration du paysage se poursuit et s’accélère, l’être humain se sent devenir responsable de l’avenir de la nature. Après un long passé d’agression et de brutalité, après l’extinction de nombreuses variétés végétales et animales. l’humanité manifeste le désir de protéger la vie. Des espèces. qui semblaient vouées à l’extermination, sont sauvées in extremis… Au Kenya, d’immenses populations de flamants roses nous font oublier qu’il y a quelques décennies à peine, on les croyait à jamais disparus. De tels événements méritent d’être salués. Dans le cadre de l’évolution cosmique leur portée s’étend bien au-delà de la vie des espèces épargnées. Par rapport au comportement antérieur des humains, ils représentent un espoir pour l’avenir de l’intelligence sur la Terre. » (in Malicorne – Éd. du Seuil. 1990)
NB : Ecologiste convaincu, Hubert Reeves est également président d’honneur de l’association Humanité et Biodiversité. La ligue ROC (à l’origine Rassemblement des opposants à la chasse) est devenue Humanisme et biodiversité (ensemble protégeons le vivant) en mars 2012. En adoptant ce nouveau nom et de nouveaux statuts, l’association affirme avec force son engagement vers une prise en compte plus large et plus complète des liens qui unissent l’humanité à l’ensemble du vivant dans une communauté de destin.
j’aime beaucoup Hubert Reeves, s’est un astrophysicien qui parle très bien de cette discipline scientifique: l’astrophysique. mais il serait bien plus enrichissant d’interroger des un scientifique écologues pour parler d’écologie.
Bonjour Monsieur Barthès
En effet la science n’est pas un domaine de vérité. La science se limite a proposer des hypothèses. La vérité (Vérité) reste réservée aux religions. Les sciences ne donneront jamais de réponses à ces grandes questions, toutefois elles permettent d’entrevoir ce grand Point d’interrogation devant lequel nous ne pouvons finalement que nous taire.
En tous cas, je n’ai pas vu l’ombre d’une seule bêtise dans votre précédent commentaire.
Malgré mon grand intérêt pour l’astronomie et ma vive admiration pour Hubert Reeves, je ne partage pas tout à fait les propos qu’il exprime ici.
Tout d’abord je ne sais pas s’il y a perte de croyance religieuse ou alors il faut préciser de religion chrétienne dans les pays développés (il est vrai que c »est là que se fait la science et que se pose concrètement ce genre d’oppositions).
Sur ces oppositions justement je ne crois pas qu’il y ait transfert de la religion vers la science. La science ne répond absolument pas aux questions de la religion. Tout au plus peut-elle nous montrer combien l’Univers est immense, ancien, compliqué, extraordinaire, mais elle ne donne pas le début d’une explication sur le « pourquoi ? » Pas l’ombre du début d’un mot sur le « Pourquoi existe-t-il quelques chose plutôt que rien ? » qui reste la question ultime.
Mêmes des théories aussi loin du quotidien que celles qui envisagent les « Multivers » ne nous disent rien de tout cela, tout au plus montrent-elles un « comment » qui est certes déroutant bien loin de notre intuition comme l’est aussi par exemple la mécanique quantique, le monde est subtil, ça oui.
Quand à « l’homme qui infeste » ou « l’homme nuisible », ne nous laissons pas enfermer dans les mots et les comparaisons. Ce qui est certain c’est que l’espèce humaine détruit tous les équilibres écologistes qui s’étaient installés au cours des derniers millions d’années et qu’elle élimine tout le reste du vivant (du vivant de grande taille, souris et microbes se portent bien)
La réalité de ce processus relève de l’observation, sa qualification relève ensuite d’un jugement moral, pour ma part, oui je conçois qu’on soit en colère et sévère envers notre espèce.
Bonjour
– » L’écologiste Hubert Reeves nous dit des choses sensées « … Oui c’est vrai !
J’ai d’ailleurs eu l’occasion de dire que j’aimais bien H-Reeves. Mais ce n’est pas pour autant qu’ H-R ne dit que des choses sensées. Pourquoi serait-il exempté de dire parfois des bêtises ? Et pourquoi n’en aurait-il jamais dites ? exactement comme chacun d’entre nous . Je crois que les sages, les vrais, n’existent que dans les livres. En tous cas je n’en ai jamais vu. Par contre tous les jours, je vois suffisamment de bêtise et de bêtises.
Le 03 janvier 2017 à 18:15 j’ai commenté l’article » 7,44 milliards de parasites au 1er janvier 2017 ! »
Après avoir parlé de ces mots riches en émotions (parasite-néfaste-nuisible-cancer…) j’ai parlé d’Hubert Reeves, au sujet de ce qu’il pensait de l’homme en 1990 dans Malicorne (ex : » une espèce néfaste capable de neutraliser les instincts régulatoires qui assuraient la pérennité de la vie terrestre ») et de ce qu’il en pense aujourd’hui.
Que l’homme ne soit pas si brillant que ça… qu’il ait encore du chemin à parcourir avant d’être digne du nom qu’il s’est donné (SAPIENS)… tout ça est entendu ! Mais je pense que nous n’avons rien à gagner à développer ou à entretenir la moindre haine à son encontre.