Yves cochet a rédigé le 1er chapitre d’une œuvre collective*, en voici un résumé : « L’effondrement concerne la planète entière, États et instituions internationales compris. Aucun État ne peut alors compter sur ses voisins ou amis pour lui venir en aide, tant la situation globale et la situation de chacun s’est dégradées. La vitesse de cet effondrement est fonction de la vitesse de désintégration la plus rapide d’un de ses sous-systèmes cruciaux, par exemple le système financier et bancaire, puis, par contagion et rétroactions positives, des vitesses d’effondrement des autres systèmes cruciaux, fourniture d’énergie et d’alimentation, flux des échanges commerciaux, systèmes de communication. La situation générale du monde sera tellement détériorée que des services aujourd’hui banals tel que l’usage de l’électricité ou la mobilité automobile ne seront plus envisageables. Les survivants à l’effondrement auront subi le plus grand traumatisme de leur vie, le plus grand traumatisme de l’histoire humaine, la mort par centaines de millions de personnes dont ils auront eu connaissance avant que s’éteignent les communications électroniques. Un exemple historique de grande ampleur est comparable, la peste noire en Europe (1347-1352). près de 50 % de la population européenne, soit environ 25 millions de personnes, moururent.
De même qu’en 1935, nul en pouvait imaginer ce qui se passerait jusqu’en 1945, de même aujourd’hui il est malaisé de penser à l’effondrement imminent de la société mondialisée contemporaine. Cet évitement est paradoxalement ce qui aggravera effondrement lui-même lorsqu’il adviendra, faute de préparation collective à cette échéance fatale. Au vu de la situation actuelle, j’anticipe un effondrement proche et rapide, avant 2030. Comment les humains vont-ils interagir en l’absence d’institutions. Nous savons déjà que l’espèce humaine est la seule qui exhibe depuis des millénaires une propension à la violence endogène ; les guerres, massacres et gestes épouvantables sont suffisamment fréquents pour que nous n’y insistions pas, sauf à dire que les prétendus « progrès » technologiques du XXe siècle ont montré une capacité extrême de s’entre-tuer, dont Alexandre le Grand ou Napoléon ne pouvaient pas imaginer l’outrance.
Soit une petite société locale qui dure encore cinq ans après l’effondrement. Quelles sont les conditions sociales nécessaires à cette durabilité ? La modération dans les inégalités économiques et dans les consommations individuelles devra être compensée par des dépenses festives collectives, indispensables à la cohésion sociale et à l’arrachement à la pure survie biologique. Certaines formes de démocratie participative seront mises en place pour assurer la continuité politique de la communauté. Dans une société restreinte comme celle-là, la maîtrise de la violence endogène ne pourrait pas être garantie par une police professionnelle légalement instituée. En effet, l’envie de domination qui peut habiter les policiers professionnels lorsqu’ils voient les biens des autres citoyens pourrait s’exacerber en une violence prédatrice à l’exemple des pouvoirs discrétionnaires de la police dans les États dictatoriaux. »
Gouverner la décroissance, collectif, 14 euros pour 234 pages (éditions SciencePo 2017)
Yves Cochet a parfaitement raison de faire le constat de la menace d’effondrement de note société dite « développée » comme d’autres l’ont fait suit à l’accélération des causes de destruction et à l’aveuglement généralisé qui l’accompagne !
Mais son tort c’est de vouloir donner une date à cet évènement tragique comme il l’a fait en 2011 à propos du pic pétrolier ! En fait cela peut être effectivement très rapide mais aussi prendre du temps en raison de forte mesures anticipatrices !
Mais à mon avis, la démesure des obstacles à surmonter pour y arriver fait que l’homme en sera incapable !
Bonjour,
Pour ma part, la collapsologie répond en grande partie, si ce n’est dans sa quasi totalité, à toutes les interrogations et hypothèses que nous formulons à ce sujet.
L’interconnection de tous les réseaux constituants notre civilisation thermo-industrielle, forment un système d’interdépendance globale. Qu’un seul périclite et tout s’éffondre. Qu’est-ce qu’il y aura après ? Difficle de le savoir. Mais ce qu’il faut souligner et qu’aucun de vous n’a fait, c’est l’épuisement totale des ressources, qu’elles soient alimentaires ou autres: énergie fossiles, minerais indispensables pour la pérénité, pour ce fait, illusoire de toute activié informatique , tout comme du nucléaire laissé à l’abandon faute de moyens financiers et de compétences sur le long terme. Imaginez les conséquences !
pour en savoir plus sur la collapsologie :
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2015/05/01/manuel-de-collapsologie-a-lusage-des-generations-presentes/
Bonjour Thierry Caminel
Je ne nie pas les avantages que procurent vis à vis d’autre sociétés les différents éléments que vous énumérer. Ce qui me semble plus problématique c’est la capacité à maintenir ces pouvoirs quand ce que je considère comme les bases seront sapées par l’effondrement.
On pourrait évidemment considérer que justement tous ces avantages des sociétés thermo-numériques participeront à protéger leur propres bases, mais justement cela, je n’arrive pas à m’en convaincre.
Cela dit, je suis allé voir votre blog, et vraiment bravo, c’est un site d’une rare qualité intellectuelle
Bonjour Didier et Michel,
Les sociétés thermo-numériques pourraient mieux se maintenir du fait des l’avantage issues de l’accumulation d’information et d’algorithmes. Ces avantages peuvent notamment être militaires (système d’armes sophistiquées, drones de combats, information, …) ou de ‘soft power’ (omniscience via le contrôle de l’information, des individus, des technologies, …), ce qui leur permet d’accaparer les ressources (matières premières, alimentation, …) pour elles. Ça a toujours été été comme ça dans l’histoire de l’humanité, je ne vois pas pourquoi ça changerait …
L’avantage peut être aussi dans la possibilité de modifier les génomes pour adapter les cultures au réchauffement climatique, ou de transférer plus à rapidement la connaissance pour adapter ces sociétés aux changements. Les robots permettraient aussi à ces sociétés là de ne pas trop dépendre d’une classe d’ouvriers et d’agriculteurs, voire aussi d’employés, de médecin, chauffeurs, etc. Ces sociétés n’ont donc pas besoin d’avoir beaucoup d’habitants, ce qui limite le problème des ressources et d’espace.
Je présente d’autres éléments dans mon papier. http://decroissance.blog.lemonde.fr/2016/11/18/algorithmes_et_decroissance/
Il me semble que ma théorie explique pas mal ce qu’on voit sous nos yeux. Mais je serais heureux d’en discuter avec vous!
En effet Didier Barthès, sur ce sujet j’ai plutôt tendance à voir les choses comme vous. J’ai vraiment du mal à imaginer comment pourraient se débrouiller ces hyper-connectés (incapables déjà de faire une opération avec un crayon) lorsque toutes leurs prothèses seront HS.
Bonjour Thierry Caminel,
J’avoue partager l’interrogation de Michel C, je ne vois pas comment des sociétés que vous appelez thermo-numériques pourraient se maintenir mieux que les autres. Leur gigantisme, leur dépendance aux différents réseaux (qui d’ailleurs participent à les constituer) les rendent à mes yeux au contraire plus fragiles, moins résilientes comme on dit maintenant. Un ordinateur éteint a des pouvoirs limités, et je ne vois pas en quoi elles assureraient les besoins de bases. Pour moi ce sont les plus susceptibles de s’effondrer car ce sont justement celles qui ne peuvent se contenter d’un « bol de riz » pour survivre mais qui doivent s’appuyer sur le bon fonctionnement de toute une infrastructure sous jacente et notamment de l’incontournable réseau électrique (la fabrication des microprocesseurs suppose aussi des usines au top de la technologie, particulièrement dépendantes de tout le reste).
Comment aussi continuer la formation des ingénieurs au plus haut niveau dans une société en effondrement où la survie deviendra la préoccupation principale ?
De plus, la « population tertiaire » au cœur de ses technologies est probablement la moins préparée à un retour à des conditions matérielles difficiles.
Thierry Caminel
J’avais bien compris que selon vous l’effondrement des sociétés aura d’abord lieu dans les sociétés qui ne maîtrisent pas ces technologies.
Quand aux autres, celles qui les maitrisent, les sociétés « thermo-numériques »… là j’ai du mal à comprendre comment elles pourraient se maintenir bien longtemps.
Bonjour Michel
Il ne s’agit pas chez moi d’un ‘espoir’. Mon propos est que les technologies de l’information (incluant algorithmes, robots, modification de l’ADN, …) vont avoir un effet sur l’effondrement des sociétés, qui aura lieux à mon avis d’abord dans les sociétés qui ne les maîtrisent pas.
Ce que j’appelle les sociétés thermo-numériques ont une chance de se maintenir, au détriment des autres.
Mais nous, Européens, ne somme pas dans une telle société.
(Note que j’avais écrit l’article pour qu’il soit publié dans le bouquin « Gouverner la décroissance » mais il n’a pas été retenu)
Bonjour Thierry Caminel
J’ai découvert votre hypothèse au sujet des algorithmes dans le journal La Décroissance. Puis j’ai essayé d’en savoir plus sur :
https://www.institutmomentum.org/de-lacceleration-algorithmes/
Bien sûr tout ça est intéressant, mais mes petites compétences me laissent dans l’incapacité de dire si tout ça se tient. Je vois bien le risque que nous prenons avec cette explosion des algorithmes dans les technologies numériques (« celle d’une dictature telle que décrite par Orwell dans “1984”. » ) et j’ai bien compris aussi l’espoir que vous mettiez dans ces technologies si nous arrivions par miracle … à « organiser la décroissance ».Justement SciencesPo , qui « voit » l’effondrement, a récemment publié un bouquin : Voir » Gouverner la décroissance – Politiques de l’anthropocène III »
Nombreux en effet sont ceux qui voient l’effondrement. Et nombreux aussi sont ceux qui disent qu’il faudrait organiser la décroissance plutôt que de la subir. Mais hélas ça ne prend pas …
Yves Cochet dès 2011 prévoyait l’effondrement, il voyait 2 scénarios : » L’effondrement, catabolique ou catastrophique ? » Selon lui, c’est imminent.De mon côté je ne crois pas aux miracles. Absolument pas à celui d’une soudaine venue de la sagesse sur Terre, quant à ceux de la Technoscience… pas trop. Je connais mes limites et je fais pourtant de mon vieux pour essayer de voir celles de notre monde.
Je ne partage pas l’avis de Yves Cochet (qui s’est souvent trompé dans ses prédictions…), qui néglige ce que peut apporter la technologie et de l’information pour assurer la résilience d’un système – ce que Nassim Nicholas Taleb appelle l’anti-fragilité.
J’avais écrit un article sur ce sujet pour ce livre, mais il n’a pas été retenu.
Le voici : http://decroissance.blog.lemonde.fr/2016/11/18/algorithmes_et_decroissance/
@ druant philippe
Ce fameux concept de « nature humaine » est bien pratique… en attendant personne ne sait de quoi il s’agit. L’Homme serait comme ci et comme ça … je veux bien. En attendant que faisons-nous de ces hommes ou femmes qui font exception à la « règle » ?
Je sais aussi bien voir le beau que le laid, or il se trouve que je n’aime pas le laid et que je préfère me focaliser sur le beau. Allez savoir pourquoi… peut-être suis-né comme ça.
En tous cas je ne pense pas que la haine de l’Homme peut mener à quelque chose de bon (ou de bien), et c’est pour ça que je la combats.
@michel C :
je ne souhaite pas y vivre mais je fais confiance au sinistre bipède pour faire de cette planète un hyperenfer une fois le chaos installé .
A propos de chaos , je vous conseille la lecture du livre « le jour des fous » de E. Cooper
qui vous éclairera sur cette merveilleuse nature humaine
@ druant philippe
Autrement dit dans ce monde là, même l’humanité aura vécu. Il ne restera plus que
des bêtes …
Alors ce monde là, je vous le laisse volontiers !
Cet effondrement inéluctable nous mènera par des voies cruelles à une décroissance démographique féroce : le nettoyage n’ affectera malheureusement pas que les gauchiasses et les libtards croissantistes façon macron qui nous aurons mené au désastre mais aussi de braves gens qui n’ en pourront mais .
Si nous ne voulons pas subir le sort des moutons traités par les muzz , il nous faudra créer des communautés prêtes à vivre en autarcie et à tuer sans pitié .
Ce jour – là , le vivrensemblisme, le multiculturalisme, le cosmopolitisme , l’ antiracisme et son avatr imbécile le droitdelhommisme auront vécu .
Je ne sais pas ce que Mr Cochet a dit, mais voilà ce que nous dit M Auzanneau, journaliste spécialisé dans le pétrole sur le blog Oilman du Monde. Tout est question de timing mais ce qui est pris n’est plus à prendre, le déclin a bien commencé.
http://petrole.blog.lemonde.fr/2017/01/03/le-moment-de-verite-22/#more-12622
Les fidèles de la religion du Progrès et du Toujours Plus, ne peuvent absolument pas penser l’idée de l’effondrement. Il en est de même avec l’idée de la fin du Capitalisme, étroitement liée à la précédente, si elle n’en fait pas partie intégrante.
Comme si tout ça pouvait perdurer pour des siècles et des siècles… Amen.
Ceci dit il reste difficile de dire d’où l’effondrement partira, la forme et le temps qu’il prendra.
Peut-être d’ailleurs a t-il déjà commencé… C’est ce que je crois. L’histoire est riche d’enseignements en la matière : la démesure, les anciennes valeurs qui fichent le camp, la débauche, le je-m’en-foutisme, le nihilisme. Force est de constater que nous y sommes. Ne plus croire en rien, ou alors croire en n’importe quoi, ça revient finalement au même.
Je suis effrayé pour ma part de voir combien les scénarii d’effondrement qui, il y a peu encore, relevaient de la science-fiction, sont désormais sérieusement étudiés par différents instituts (dont par exemple l’institut Momentum).
Je pense que l’effondrement est en effet inévitable, peut-être pas avant 2030, qui est très proche, mais peut-être avant 2050. On dit que les systèmes résistent plus longtemps qu’on ne le croit mais ensuite, s’écroulent plus brutalement que l’on ne l’avait imaginé.
La dépendance de notre société envers de multiples réseaux eux-mêmes interdépendants (le réseau électrique étant à la base de tous les autres, mais maintenant les réseaux informatiques également) rend tout infiniment fragile. Nos sociétés n’ont jamais été aussi puissantes et aussi dépendantes, il n’y a plus aucune résilience.
Petit jeu : Imaginez une grande métropole sans électricité pendant une semaine (plus de transports, plus d’eau, plus de lumière, plus de communications, plus de police plus rien et très vite, bien sûr, plus d’alimentation…) Impossible de se plaindre aux autorités de son voisin venu déverser dans la nuit noire son seau hygiénique sur le pas de votre porte, ni de celui venu vous voler votre dernière boîte de conserve ou votre dernière bouteille d’eau minérale, impossible de faire votre toilette ni de laver vos vêtements, en cas de canicule…bonjour l’agrément. et cas de froid… c’est pas mieux il n’y a plus de chauffage). quant à ceux qui sont dépendants de médicament, on en parle même pas, c’est terminé.
On peut très vite sombrer dans l’anarchie et le chaos, nous n’y sommes pas préparés et le gigantismes de nos structures constitue leur principale faiblesse, c’est ce gigantisme qui nécessite des réseaux et qui en même temps nous enlève toute résilience.
Une bonne occasion de rappeler l’un des slogans de l’écologie des années 70 : Small ils beautiful.
Le même Cochet qui avait prédit que les jeux Olympiques de 2012 à Londres n’auraient pas lieu à cause du pic pétrolier…