le cycle de la vie et de la mort

Tout panégyrique de la croissance me fait bondir, surtout quand c’est la Société générale qui titre dans LeMonde du 28.02.2009 : « Participez à la croissance ». Toute la population française rigole.

Mais la critique doit être plus subtile quand LeMonde insère un huit pages «  Les cahiers de la compétitivité : La France agricole trace les sillons de la croissance ». Quelle croissance ? En page I, des petites phrases ici ou là nous mettent déjà la puce à l’oreille : « Produire mieux tout en faisant face aux défis énergétiques », « L’engouement pour les biocarburants ne peut qu’accroître l’optimisme ambiant », « Il faut faire face à des changements climatiques, les plantes devront se substituer aux matières fossiles dans l’énergie ». Puis en page II, il y a un article sur la mise au point des biocarburants comme le Diester. Il n’est donc pas étonnant de trouver en page III une page tout en couleur : « Agir pour une croissance verte ». Enfin on a compris de quelle croissance il s’agit, celle des profits de certains agriculteurs qui, loin de nourrir la planète comme il est dit aussi ici et là, vont l’affamer en faisant pression sur les prix alimentaires en cultivant des nécrocarburants.. Je ne passerais pas sous silence le fait que les sols de la biosphère vont être gravement endommagés par ces nouvelles perspectives d’extension de la culture intensive. (cf. texte en annexe)

 La rédaction du Monde prend soin de préciser qu’elle n’a pas participé à la rédaction de ce supplément. Il n’empêche que cet encart de la FNSEA existe bel et bien dans mon journal de référence. Mais le Monde a trop besoin de la publicité pour survivre. Le monde est vraiment mal fait. 

Annexe : Les agrocarburants viennent en concurrence avec les productions alimentaires. Les plus touchés par la hausse de prix qui en résulte sont les pauvres qui consacrent une grosse part de leur budget à l’alimentation. Le prix de la tortillas au Mexique a vu son prix doubler en 2006, précarisant encore plus les populations fragiles. D’autre part, sur une Terre aux dimensions limitées, toute extension des surfaces  cultivées se fait au détriment des forêts et de la biodiversité ; s’il y a  culture intensive, il y a pollutions accrues (engrais, pesticides, gaspillage de l’eau…).  On ne peut demander à notre planète plus que ce qu’elle peut nous donner. Enfin les agrocarburants accentuent le détournement de la matière organique des sols. L’humus est ce mélange complexe provenant de la dégradation micro-biologique de la matière organique morte des sols. Cet humus confère aux terres leur fertilité. Ce qui sort de la terre doit retourner à la terre, ce qui ne se fait pas si leur production est brûlée sous forme de carburants. Le cycle de la vie et de la mort disparaît sous forme d’énergie dégradée, donc irrécupérable (mécanisme d’entropie).