L’encéphalogramme plat du militantisme chez les jeunes

Chez la génération des écrans qui a vingt ans en 2018, le moteur de l’engagement, c’est la cause, pas l’affiliation. Les jeunes s’activent parfois, mais dans la diversité, l’écologie parfois, le sport souvent, le balancetonporc, l’humanitaire, la dernière décision gouvernementale, l’insoumission à tout pouvoir. Un engagement ponctuel pour des causes spécifiques et fluctuantes, un engagement « post-it », qu’on colle et qu’on décolle à loisir, sans souci d’engagement durable. Une posture bien différente des engagements sacrificiels de Mai 68, comme il y en a eu chez les trotskistes par exemple*. C’est selon lhumeur et ce qui se tweete. Militer, ce n’est plus dans la rue mais sur les réseaux sociaux, révolte du moment, illusion d‘avoir fait son maximum en appuyant sur un bouton. Like ! Like ! Les jeunes vivent dans un grand bricolage idéologique, ils n’ont plus de repères, plus de pensée politique cohérente, plus de modèles d’engagement. Le  militantisme de la culture libre et gratuite sur Internet emporte toutes les certitudes, place au brouhaha où tout le monde donne son avis sur tout et sur rien, ce qui ne débouche sur rien.

Pourtant la cause est là urgente, nécessaire, évidente, la détérioration du milieu de vie dans lequel sera plongé cette génération montante. Comme l’écrit l’éditorial du MONDE**, « jusqu’à présent, la biodiversité a été considérée comme une question annexe, traitée avec désinvolture par les responsables gouvernementaux et politiques. Il est plus que temps de remettre la préservation du vivant, au sens le plus large du terme, au cœur de la politique. Il n’est pas exagéré de dire que c’est, à plus ou moins longue échéance, une question de survie. » Une question de survie, cela devrait titiller les jeunes cerveaux qui ont toute la vie devant eux ! Les experts sont unanimes, ils alertent sur une situation plus qu’alarmante : nous faisons face à un phénomène systémique et généralisé de dégradation des terres, qui touche l’ensemble des surfaces terrestres de la planète. L’exemple des zones humides est peut-être le plus parlant : plus de la moitié a disparu depuis le début du XXe siècle. Selon les estimations de l’IPBES***, si moins d’un quart des étendues terrestres échappent encore, aujourd’hui, aux effets substantiels de l’activité humaine, cette part tombera à 10 % en 2050. Il s’agira, pour l’essentiel, de zones non adaptées à une exploitation humaine (déserts, montagnes…)****. Il ne restera plus de terrains de jeux pour la jeunesse alors que la population mondiale continuera de grimper, de grimper, d’avoir faim et soif alors que l’agriculture sera à la peine et les ressources hydriques au plus bas.

De gré ou de force, la jeunesse va bien devoir s’occuper prochainement, sérieusement et durablement de l’urgence écologique. Le rapport de l’IPBES donne une clé qui pourrait servir de base à une idéologie qui rassemble. Attaché aux dimensions éthiques qu’englobent les questions environnementales, ce rapport introduit le concept de solidarité écologique. Cette expression, bien meilleure que l’oxymore « développement durable », pose pour principe que les hommes sont solidaires entre eux, avec les générations futures, mais aussi avec les écosystèmes dont ils font partie. Cela implique de prendre pleinement conscience de l’impact actuel de notre niveau de vie sur les ressources planétaires. Sinon un vieux con dirait qu’il faudra une bonne guerre pour que les jeunes comprennent…

* LE MONDE du 27 mars 2018, Avoir 20 ans en 2018 : le militantisme, oui, mais 2.0

** LE MONDE du 27 mars 2018, Biodiversité : l’urgence du politique

*** IPBES, en français « Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques »

**** LE MONDE du 27 mars 2018, La dégradation des terres a atteint un stade critique

5 réflexions sur “L’encéphalogramme plat du militantisme chez les jeunes”

  1. Y’en faut pas beaucoup pour allumer Michel. Sans aucun doute la culpabilité. Balancer sur les jeunes est le top du comble pour la génération des années 70. Les anonymenées 70! Tu parles de militants! Ahhaha! Quel ridicule!

  2. Ah ah ah !
    Si les jeunes doivent reprocher quelque chose à leurs parents c’est uniquement d’avoir fait d’eux des enfants gâtés. Et je sais bien que nos petits choux n’aiment pas se l’entendre dire. De mon temps, comme disent les vieux cons, il n’existait pas d’enfants rois ni d’adolescents de 30 ans, voire plus. De mon temps on ne voyait pas ce qu’on voit aujourd’hui et dont même les vieux s’accommodent.
    D’autre part, les vieux d’aujourd’hui ont pris conscience des problèmes environnementaux au milieu des années 70 et plus généralement vers les années 90. Par contre les jeunes nés à partir de cette date ont toujours entendu les discours écolos, même à l’école avec le fameux « développement durable ».
    Or quand on voit vivre et penser ces jeunes, nos jeunes, quand les voit faire… s’agiter, s’amuser, consommer, étudier, travailler, manifester, militer, voter… quand on les entend nous dire leurs rêves… force est déjà d’admettre qu’en matière d’écologie et de politique ils n’ont pas de leçons à donner aux vieux. Si l’espoir réside dans la jeunesse, comme le disent pas mal de dictons, alors j’ai bien peur que ce soit la porte ouverte au désespoir. La décadence occidentale, je pense qu’il n’y a pas à chercher plus loin.

  3. « Sinon un vieux con dirait qu’il faudra une bonne guerre pour que les jeunes comprennent… »
    Ils auront une guerre ethnique avec les peuples invasifs lapinistes. Je les plains car ils ne sont pas responsables de l’ arrivée de ces gens (merci grand patronat et son besoin insatiable de cons- sommateurs, et les Ripoublicains en marche et leurs besoins électoraux ). La réaction viendra le jour où le confort matériel se réduira comme peau de chagrin (alimentation , autres articles de con – sommation : shitphones par exemple, bouffe de mac connard …): ce sera sanglant !

  4. Ah ah ah!
    Les vieux ont laissé la dette écologique et la dette économique, les désirs dignes d’un roi en chacun de leurs enfants et maintenant ces vieux jouent les adultes en traitant leurs enfants de légumes.

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