La ministre de l’écologie Ségolène Royal avait estimé le 4 octobre dans l’émission « C politique » sur France 5, « qu’un jour ou l’autre, il faudra en terminer avec le diesel ». Elle se trompe de cible, ce qu’il faut supprimer c’est l’utilisation de tous les carburants d’origine fossile.
Actuellement, le différentiel sur la fiscalité du diesel et de l’essence est de 15 centimes d’euro. Pour l’alignement entre diesel et essence, Mme Royal évoque l’échéance de 2020. Mais comme elle n’a aucune vision globale du problème du réchauffement climatique, elle propose de baisser celle sur l’essence pour éviter une augmentation des charges fiscales pesant sur les Français : « Je veux que cela soit neutre, que la fiscalité écologique ne se traduise pas par des impôts en plus ».* Toujours le refus d’une soi-disant écologie « punitive ». Pour l’intérêt de la biosphère et de nous tous, l’écologie n’est ni « positive » ou « punitive », elle se doit tout simplement d’être réaliste. Le dernier résumé à l’usage des décideurs du GIEC est clair : la stabilité et la sécurité dans le monde sont menacés à moyenne échéance. Dans ce contexte, il faudrait que Ségolène explique qu’il faudra émettre moins d’émissions de gaz à effet de serre. Cela veut dire aussi instituer une taxe carbone sur tout ce qui nous permet aujourd’hui de gaspiller l’énergie fossile.
Le 23 septembre, dans son premier meeting de campagne, la tête de liste EELV en Ile-de-France Emmanuelle Cosse était beaucoup plus percutante que la ministre de l’écologie : « Plus aucune subvention au diesel en cinq ans ! ; suppression de la niche fiscale pour le diesel ; Une interdiction du diesel dans l’ensemble du pays d’ici 2025 ». C’est encore trop mou. Aucune ambition dans ces propositions « vertes » alors qu’à l’heure du réchauffement climatique c’est toutes les utilisations du pétrole qui doivent être remises en question : les dénominations différentes du diesel (gasoil des poids lourds et des poids légers, fuel du chauffage domestique), mais aussi l’essence et tous ses taux d’octane. L’écologie politique ne peut pas se contenter de mesures partielles, mais voudrait un complet chambardement des modes de déplacement.
Nous avons déjà perdu plus de 40 ans. Dans son programme pour les présidentielles 1974, l’écologiste René Dumont écrivait déjà : « Le type de société que je propose est une société à basse consommation d’énergie. Cela veut dire que nous luttons par exemple contre la voiture individuelle. Nous demandons l’arrêt de la construction des autoroutes, l’arrêt de la fabrication des automobiles dépassant 4 CV… »
* LE MONDE du 6 octobre 2015, Le rattrapage de la fiscalité du diesel sur l’essence pourrait intervenir d’ici à 2020