Les causes démographiques du génocide au Rwanda

En cent jours, entre le 7 avril et le 4 juillet 1994, 800 000 hommes, femmes et enfants ont été exterminés au Rwanda*. Mais les causes premières de ce génocide ne sont pas analysées. Les Cahiers du MONDE* envisagent une première explication, la confrontation ethnique, Hutu contre Tutsi. Il faut pouvoir désigner explicitement ce qui est « nous » et ce qui est « les autres ». Il y a aussi la responsabilité de La radio des Mille collines : « Que demain aucun cafard ne passe les barrières. Si vous en attrapez un, massacrez-le après avoir tiré sur vos joints. » Quand les autres deviennent des cafards et que la drogue obscurcit les cerveaux, il est vrai que le déchaînement collectif n’a plus de frein. Il y a aussi la complicité de l’armée, des milices, et même de l’Eglise, des institutions au service d’une machine à tuer. Encore faut-il compter sur la passivité du plus grand nombre. L’attitude des puissances colonisatrices, en particulier la France, n’est pas non plus au-dessus de tout soupçon. Ni l’atmosphère de guerre civile. Mais il est extraordinaire que LE MONDE ne présente jamais la cause première, la surpopulation. Il y a des tableaux sur le taux de croissance (frelaté), ou les investissements directs étrangers… mais rien sur la démographie !

                Jean Dorst  regrettait déjà en 1965 que le Rwanda ait une densité de 126. LE MONDE aurait du nous dire que la densité au Rwanda était de 760 personnes au km2 en 1990, à la veille des massacres. Jared Diamond explicitait ainsi les causes profondes du massacre rwandais en 1994 : « La population rwandaise a augmenté à un taux moyen de plus de 3 % l’an (doublement en moins de 24 ans). Le développement économique du Rwanda fut stoppé par la sécheresse et l’accumulation de problèmes environnementaux. Le pourcentage de la population consommant moins de 1600 calories par jour (niveau en dessous de celui de la famine) était de 9 % en 1982, 40 % en 1990. D’où le génocide en 1994. Il n’est pas rare, depuis, d’entendre des Rwandais soutenir qu’une guerre était nécessaire pour diminuer une population en excès et pour la ramener au niveau des ressources en terre disponibles. »

Il est prévu en 2050 au Rwanda une densité autour des 1 000 hab/km², ce pays ne peut sortir de ses problèmes sans un planning familial performant. Sinon, comme l’écrivait Malthus, guerres, famine et épidémies feront l’ajustement entre les possibilités du territoire rwandais et la population qui s’y trouve. Les humains préfèrent s’entretuer plutôt que réfléchir, cela va plus vite… Les médias ont leur part de responsabilité.

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* LE MONDE du 8 avril 2014, Le Rwanda vingt ans après

5 réflexions sur “Les causes démographiques du génocide au Rwanda”

  1. « Plusieurs experts estiment que l’heure n’est plus aux campagnes de sensibilisation mais à la mise en place de mesures draconiennes pour atteindre rapidement le seuil de trois enfants par couple. »
    Les mesures douces sont de l’ enfumage et de la perte de temps dans les pays lapinistes (le Ruanda en est un exemple parfait) .
    Fujimori au Pérou l’ avait bien compris mais il n’ apu terminer le travail !

  2. Sur le site de démographie responsable
    Extraits : Dans les années qui ont suivi le génocide rwandais en 1994, le contrôle des naissances était un sujet tabou –les uns disant qu’il fallait remplacer les morts, les autres craignant une tentative de rééquilibrage ethnique– et ce n’est que depuis quatre ans que le gouvernement s’attache à enrayer la croissance de sa population. Plusieurs experts estiment que l’heure n’est plus aux campagnes de sensibilisation mais à la mise en place de mesures draconiennes pour atteindre rapidement le seuil de trois enfants par couple.
    Quelques chiffres sur la population rwandaise
    1950, 2 162 000 ; 1990, 7 150 000 ; 1995, 5 440 000 ; 2050, 22 082 000 (multiplication par 10 en cent ans malgré les pertes du génocide de 1994)

  3. Oui, là encore. Et demain le Rwanda s’appellera l’Egypte ou le Nigéria et les mêmes causes produiront les mêmes effets mais cette fois à l’échelle de pays et de populations gigantesques. Que les amateurs de records ne se découragent pas, l’évolution démographique nous permettra de faire mieux (plus) dans l’horreur que ce qui s’est passé au Rwanda.
    Quelles explications trouverons-nous alors pour encore une fois nier l’évidence ?
    La surpopulation détruit la nature, elle pousse au conflit, elle transforme en impasses toutes les solutions que les bonnes volontés se plaisent à imaginer.

  4. Le point de vue du démographe Jacques Véron : « Au Rwanda, où 90 % de la population vit de l’agriculture, l’accès à la terre est une question de survie. Depuis 1960, plus de 60 % de la forêt rwandaise a disparu. Défendre les gorilles comme le faisait Diane Fossey au Rwanda devient très difficile alors que la population locale, très dense, vit en situation de grande pauvreté. L’assèchement des marais pour les convertir en terres agricoles a eu pour effet de déséquilibrer le fonctionnement des cours d’eau. Pourtant la population de ce pays de 10 millions d’habitants devrait doubler d’ici une trentaine d’années. La très forte densité de la population rwandaise a été accusée d’avoir joué un rôle dans le conflit de 1994 entre Hutu et Tutsi. »
    in Démographie et écologie (éditions La Découverte, collection repères, 128 pages)

  5. Le point de vue du démographe Jacques Véron : « Au Rwanda, où 90 % de la population vit de l’agriculture, l’accès à la terre est une question de survie. Depuis 1960, plus de 60 % de la forêt rwandaise a disparu. Défendre les gorilles comme le faisait Diane Fossey au Rwanda devient très difficile alors que la population locale, très dense, vit en situation de grande pauvreté. L’assèchement des marais pour les convertir en terres agricoles a eu pour effet de déséquilibrer le fonctionnement des cours d’eau. Pourtant la population de ce pays de 10 millions d’habitants devrait doubler d’ici une trentaine d’années. La très forte densité de la population rwandaise a été accusée d’avoir joué un rôle dans le conflit de 1994 entre Hutu et Tutsi. »
    in Démographie et écologie (éditions La Découverte, collection repères, 128 pages)

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