Tous les pays ne sont pas égaux devant les dangers du charbon. La Chine est de loin le pays le plus touché, car son développement actuel repose sur une consommation de charbon croissant à marche forcée, comme dans les pays européens au cours de leur Révolution Industrielle, avec des précautions qui ont été longtemps très insuffisantes tant pour l’extraction du charbon que pour son utilisation, et corrélativement peu de considération pour la vie humaine. Dans les campagnes chinoises, le charbon est aussi très utilisé pour le chauffage et la cuisine, et cela en atmosphère confinée. Plus de la moitié de la mortalité mondiale due au charbon seraient ainsi le fait de la Chine. L’Inde n’est guère mieux lotie. L’Ukraine et la Russie ont encore de très grands progrès à faire.
Les citoyens de l’Europe se croient à l’abri, car dans leur inconscient collectif est ancrée l’idée que seuls les accidents dans les mines représentent un danger. Très égoïstement, ils pensent que c’est exclusivement l’affaire des ouvriers mineurs, surtout ceux de pays lointains car la sécurité dans les mines européennes s’est considérablement améliorée depuis les débuts de la Révolution Industrielle. Ils ne se sentent donc pas directement concernés. Ce en quoi ils ont tort : les atteintes à l’environnement dues à l’extraction du charbon et au stockage de déchets sont très importantes. Les plus spectaculaires sont en Europe Centrale et de l’Est, en particulier dans les pays où l’on utilise beaucoup le lignite, Allemagne, Pologne et Pays des Balkans principalement. D’autre part, si la mortalité dans les mines est en Europe bien plus faible qu’en Chine, et si le charbon n’y est plus guère utilisé pour le chauffage et la cuisine, la mortalité due à la pollution atmosphérique par les installations industrielles utilisatrices de charbon, en particulier les centrales électriques, reste importante : Les estimations actuelles pour l’Europe des 27 sont d’environ 30 000 morts prématurées par an, dont 10 000 en Allemagne et 1000 en France, et de 10 fois plus pour la prévalence des maladies graves.
En Europe comme ailleurs, le charbon est donc de loin la plus dangereuse des sources d’énergie, même si elle l’est beaucoup moins qu’en Chine. C’est d’autant plus regrettable que, à défaut de vouloir remplacer les centrales à charbon actuelles par des centrales ne fonctionnant pas au charbon, ce qui serait la meilleure solution, l’accélération de leur remplacement par des centrales modernes, sans supprimer cette mortalité, la diminuerait déjà de beaucoup.
Les pressions pour améliorer cette situation sont insuffisantes, et en Europe les médias européens sont étonnamment discrets sur le sujet. Pour avoir une idée plus précise des dégâts provoqués, les études épidémiologiques approfondies autour des centrales à charbon, mais aussi des exploitations et des stockages de déchets et de cendres devraient être systématiques, et leurs résultats devraient être largement diffusés, en particulier en Allemagne et dans les pays de l’Europe Centrale, de l’Europe de l’Est et des Balkans, qui sont les plus concernés. C’est bien loin d’être le cas actuellement.
Bernard DURAND (connu pour son livre La crise pétrolière)
Votre remarque sur la radioactivité liée aux fumées de charbon et de bois, mais aussi de leurs cendres, est tout à fait fondée. Le texte dont Biosphère publie ici le résumé ( disponible à la rubrique Etudes SLC sur le site http://www.sauvonsleclimat.org ) donne quelques éléments en ce qui concerne le charbon. Mais à moins d’être persuadé de l’extrême dangerosité des très faibles traces de radioactivité, le danger qui en résulte représente très peu de chose par rapport au reste.
Dossier complet sur les dangers du charbon, hors effet de serre : http://www.sauvonsleclimat.org,
Beaucoup des références citées sont accessibles par Internet, ce qui permet de les consulter facilement.
Bernard DURAND
Bonjour
Vous n’en parlez qu’en un mot, thallium, mais vous devriez peut-être vous étendre un peu sur une pollution peu connue ou imaginée du public : la pollution radioactive due au charbon.
Des études montrent que les centrales à charbon rejettent bien plus de radioactivité (éléments prisonniers du charbon, relargués dans les fumées) dans leur environnement que les centrales nucléaires, alors qu’elles sont moins efficientes à la tonne de combustible.
Il en va de même pour le bois, bioaccumulateur d’éléments radioactifs, or on se jette sur le bois et les copeaux pour le chauffage individuel ou collectif, c’est à dire en plein milieu des foyers ou des villes, au plus près des populations !
Bonjour
Vous n’en parlez qu’en un mot, thallium, mais vous devriez peut-être vous étendre un peu sur une pollution peu connue ou imaginée du public : la pollution radioactive due au charbon.
Des études montrent que les centrales à charbon rejettent bien plus de radioactivité (éléments prisonniers du charbon, relargués dans les fumées) dans leur environnement que les centrales nucléaires, alors qu’elles sont moins efficientes à la tonne de combustible.
Il en va de même pour le bois, bioaccumulateur d’éléments radioactifs, or on se jette sur le bois et les copeaux pour le chauffage individuel ou collectif, c’est à dire en plein milieu des foyers ou des villes, au plus près des populations !