Une quinzaine d’associations et plusieurs riverains du site à Bure estimaient que le stockage des déchets méconnaît la Charte de l’environnement, annexée en 2005 à la Constitution. En particulier, l’absence de réversibilité du stockage au-delà d’un siècle après la mise en service du site était critiquée par les requérants. Le délai considérable, jusqu’à des centaines de milliers d’années, durant lequel les déchets les plus toxiques doivent être conservés avant que les radiations ne retombent à des niveaux sûrs, excède largement 100 ans et hypothèque le droit des générations futures.
L’avis du Conseil constitutionnel : Les sages ont jugé, dans une décision rendue le 27 octobre 2023, que la mise en œuvre du projet Cigéo, centre d’enfouissement des déchets les plus radioactifs, à Bure (Meuse) est conforme à la Constitution. Ils ont conclu qu’il y avait suffisamment de « garanties » apportées : dès lors, les dispositions du projet « ne méconnaissent pas » le droit des générations future, et sont « conformes à la Constitution ». Mais le Conseil constitutionnel affirme pour la première fois la dimension intertemporelle de la protection de l’environnement. Trois ans après avoir jugé que la protection de l’environnement ne s’arrêtait pas aux frontières, les membres du Conseil constitutionnel vont plus loin en affirmant que « le législateur doit veiller à ce que les choix destinés à répondre aux besoins du présent ne compromettent pas la capacité des générations futures et des autres peuples à satisfaire leurs propres besoins ».
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extraits : Concernant le projet d’enfouissement des déchets radioactifs à Bure, je (Nicolas Hulot) refuse de précipiter les choses en tant que ministre de l’écologie. Dans le sous-sol de cette commune de la Meuse doivent être enfouis, à 500 mètres de profondeur, les déchets nucléaires français les plus dangereux : 85 000 m3 de produits hautement radioactifs et à vie longue – des dizaines ou des centaines de milliers d’années. Mon travail est de vérifier que le stockage se fasse dans des conditions de sécurité absolue. Ensuite, cela doit nous pousser encore plus à réfléchir sur le nucléaire. Ce n’est pas ma conception d’une civilisation d’avoir des déchets que l’on délègue aux générations futures…
Déchets nucléaires : ça commence à cogner à Bure
extraits : Le tribunal correctionnel de Bar-le-Duc (Meuse) a rendu, mardi 13 novembre, sa décision concernant six militants antinucléaires contre le projet d’enfouissement de déchets du Centre industriel de stockage géologique (Cigéo) à Bure. Un opposant au site d’enfouissement de déchets nucléaires de Bure été condamné à trois mois de prison ferme (Le Monde avec AFP 13 novembre 2018)…
Bure et la considération du long terme
extraits : Une des caractéristiques de l’écologisme est sa préoccupation du long terme, à savoir le sort des générations futures et de la biodiversité. Le gouvernement devait tester trois options, la transmutation, l’entreposage de longue durée en sub-surface et le stockage en profondeur. La transmutation reste du domaine des utopies technologiques. Alors, entreposage ou enterrement ? Le nucléaire civil, qui ne tenait pas compte du cycle de vie du produit (de la ressource à la maîtrise des déchets), n’était pas une activité raisonnable. Accepter Bure parce qu’on n’a plus vraiment le choix, c’est aussi trouver absolument inacceptable toute nouvelle construction de réacteur nucléaire ! Le problème de fond, c’est qu’envisager sereinement une gestion des déchets sur des siècles est une imposture, car les sociétés humaines sont essentiellement fragiles sur le long terme…
Des déchets nucléaires enfouis à Bure pour l’éternité… (article de 2013)
extraits : En 2013 commence le débat public sur l’enfouissement des déchets radioactifs à Bure. En 2015, ce sera une demande d’autorisation, soumise à enquête publique. Le chantier pourrait alors débuter en 2019 avec mise en service en 2025. Mais la saga a commencé bien plus tôt. Après la flambée des prix du carburant en octobre 1973, le gouvernement Messmer avait décidé unilatéralement la mise en route d’une filière électronucléaire. Mais on n’a commencé à s’intéresser aux déchets qu’en 1991 (loi Bataille). De 1991 à 2006, on devait tester trois axes, la transmutation, l’entreposage de longue durée en sub-surface et le stockage en profondeur. A l’échéance du nouveau vote au Parlement en 2006, rien n’était scientifiquement satisfaisant. La transmutation reste du domaine des utopies technologiques, il n’existait ni sélection de site, ni plan d’entrepôt pour les déchets HAVL (haute activité et vie longue) et les recherches sur le site d’enfouissement à Bure dans la Meuse ne permettaient pas encore de conclure à la faisabilité du stockage géologique.Au début de l’année 2006, le président de l’Andra (agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) avait envoyé aux députés français le « dossier 2005 Argile » (qui traite du centre d’enfouissement à Bure) en reconnaissant qu’il n’a pas été produit de seconde version du « dossier 2005 Granite » (centre de stockage dans le granite, projet qui a été abandonné).
Bonus pour approfondissement
Sextus Empiricus : Dommage qu’on n’aille pas plus au fond des choses. Une question, parmi d’autres : quelles sont les garanties données par l’ANDRA auxquelles il est fait référence ? En quoi répondent-elles aux besoins et aux intérêts des générations futures ? S’il s’agit de leur donner des informations (puisqu’il n’est plus pour eux question de participer à la décision), comment seront-elles rendues accessibles et lesquelles ?
Pierr Charlo : La réversibilité du stockage et même le stockage (définitif en sous-sol à grande profondeur) sont des idées d’hommes politiques, et non pas des ingénieurs et autres promoteurs techniques du nucléaire. Ces derniers, en France, préconisaient le recyclage complet, ils ont commencé à en montrer la possibilité et c’est déjà un peu mis en œuvre (partiellement donc). Un inconvénient du recyclage est évidemment qu’il suppose de continuer (et donc développer) l’industrie nucléaire. Cette option est implicitement abandonnée à court terme, depuis la décision de Macron, de cesser de chercher à développer des surgénérateurs.
Latour : Pour les écologistes les déchets ultimes ( 4 % de l’ensemble des déchets) sont tellement dangereux qu’ils ne faut pas les enfouir mais les conserver en surface, au plus près des populations.
Pro ou anti nuke on s’en fout, puisque de toute façon déchets HAVL il y a ! Alors qu’en fait-on ? Bien que viscéralement antinucléaire mon opinion est résolument pour le projet Cigeo, car ma confiance dans l’espèce humaine ne va pas jusqu’à considérer qu’un stockage en surface voire en subsurface soit sûr. C’est en effet le matériau idéal pour une bombe sale, un missile sur La Hague suffisant à stériliser la moitié de l’Europe. Avec les fous qui nous entourent (poutine, trump & consort), et n’ayant aucune certitude sur la pérennité à court terme de notre propre démocratie, je préfère les savoir en sûreté à 500 m dans les argilites de Bure. Le concept suédois (SKB) des conteneurs en Cu massif dans le granite repris par les finlandais d’Olkiluoto est du même ordre. Il n’a malheureusement pas pu être étudié en France en concurrence de l’argile pour des raisons politicardes.
Au stade où nous en sommes (de toute façon déchets HAVL il y a !) moi aussi je pense que le stockage en profondeur est (comme disait Hulot) la moins mauvaise des solutions. Seulement il reste cette question de la récupérabilité (« réversibilité »).
Je ne pense pas que l’idée de rendre ces déchets inaccessibles, de les oublier (comme le préconise Janco)… soit la bonne solution. D’un autre côté, avec les fous qui nous entourent… les garder à portée de main nous expose également. Ces deux options restent donc des paris drôlement risqués. Hélas je ne suis pas en mesure de calculer ce genre de probabilités.
– Pour une alternative à l’enfouissement à Bure (Biosphère 17 mars 2018)
Si tu ne veux plus de centrale nucléaire, montre l’exemple, divise par 20 ta consommation d’électricité car c’est bien l’ordre de grandeur qu’il faudrait pour se débarrasser des centrales ! En outre, tu laveras ton linge à la main ! Fini aussi le lave-vaisselle, fini les téléphones portables, la télé, et l’ordinateur ! Fini les robots électroménager et les robots d’atelier (perceuse, etc) Oui oui fini tout ça !
Connaissez-vous ANDRA ? ( andra.fr/nous-connaitre/histoire )
ANDRA (Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs) est la fille de CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique) né en 1945. Aujourd’hui ANDRA est une dame d’une quarantaine d’années, très respectable… aux multiples partenaires, comme toutes ces Marie-couche-toi-là qui peuplent les hautes sphères.
ANDRA est la maman de OPE (Observatoire Pérenne de l’Environnement) né en 2007.
Pour dire si c’est du propre, ces deux là ont pondu un bébé, le fameux CIGÉO (Centre Industriel de stockage Géologique), qui fait encore la une aujourd’hui.
Retenez juste que CIGÉO est comme ses géniteurs et ses ancêtres, il est pérenne. Pour des siècles et des siècles amen. Et bien sûr très soucieux de l’Environnement, vert comme ON dit. Cerise sur le Cake, en plus il est plus que soucieux des générations futures !
Décidément rien ne les étouffe !
– Conflit d’intérêts autour du stockage radioactif de Bure ( Le Monde 22 juin 2016 )
Là encore, ou là déjà, le mélange des genres ne faisait aucune illusion. Assemblée Nationale, Sénat, Conseil constitutionnel, partis politiques, gouvernements, grosses entreprises etc. tout ce joli monde nous (dé)montre combien il est au service de l’Atome.
Et en plus, et en même temps, comme si ça ne suffisait pas, les Antis, les pas contents, les pas beaux, bref les «terroristes», doivent faire avec la Justice (celle des barbouzes) :
– Bure, laboratoire d’autoritarisme et de répression (politis.fr/articles/2021/06/ )
Et derrière tout ça, comme toujours, le Business (as usual) bien sûr !
Et la Mégamachine. Pour des siècles et des siècles amen.
Bref, ON n’en sort pas. Misère misère !
Autre article également très intéressant :
– Cigéo, un conflit à vie longue (Philippe Subra – 2018 – Cairn.info )
On y apprend notamment comment s’est fait le choix de Bure. Non seulement les caractéristiques géologiques du sous-sol, mais aussi (surtout ?) un territoire à faible potentiel conflictuel… une opposition locale relativement limitée (sic).
À la fin, Philippe Subra nous dit que (je cite) la seule concession faite aux opposants concerne la réversibilité du stockage… qui ne pourra pas être inférieure à cent ans. Après ON s’en fout ! (ça c’est pas lui qui le dit c’est moi)
Et puis il nous désigne le cordon ombilical, ou le tendon d’Achille, auquel les opposants n’auraient plus qu’à s’attaquer… en cas de feu vert. Ne resterait alors plus à Cigéo que la solution de l’enterrer, bien profond… la voie ferrée.
En priant le Ciel qu’une ZAD ne vienne pas encore perturber le projet.
– « Comparable au dépôt conçu par la Finlande sur l’île d’Olkiluoto pour abriter le combustible usé des cinq réacteurs nationaux, le projet Cigéo pourrait accueillir au moins 83 000 m3 de déchets les plus radioactifs ceux à haute intensité et à vie longue, dans le sous-sol argileux de Bure d’ici 2035-2040. » (Le Monde)
Justement, pour comparer lire l’article du 10 mai 2023 de Reporterre :
– Le premier dépôt mondial de déchets nucléaires bientôt ouvert en Finlande
On notera la confiance «unanime» des populations, achetées comme elles se doivent, parce qu’elles le valent bien. Quant à ces incertitudes scientifiques qui persistent… notamment ces capsules de cuivre qui pourraient fuir seulement après quelques siècles… eh ben rien à foutre ! Ben oui, du moment qu’elles tiennent le coup jusqu’à ce qu’ON ne soit plus là. Misère misère !