Les écolos détruisent-ils la planète ? Ce serait paradoxal

Le mensuel  « La décroissance* » fait semblant de poser cette question. Uniquement semblant puisque la réponse à trois voix est unanime : OUI, les écolos détruisent la planète ! Pour Aurélien Bernier, adepte de l’écosocialisme façon Parti de gauche, certains écologistes participent à la destruction de l’environnement « sans le savoir ». Aurélien confond apparemment les écologistes avec une frange libéral-libertaire qui renoncerait, comble de l’anti-marxisme, à « changer la structure de  classes de la société pour changer la vie ». Ces abominables libertaires ne voient d’issue face à la mondialisation que l’action individuelle, « en faisant ses courses dans un magasin biologique ». Pour s’opposer au nucléaire, ils défendent par principe n’importe quoi, y compris des « panneaux solaires fabriqués en Chine ». Les exagérations ne font pas peur à Aurélien Bernier. Pour Clément Wittmann, chantre du parti des décroissants, le problème n’est pas tant les écologistes que les militants de l’écologie politique. Il a quitté les Verts, « désespéré par le néant idéologique de l’immense majorité des dirigeants de ce parti ». Il récapitule quelques éléments ponctuels démontrant, selon lui, que « leur présence dans différentes institutions n’a nullement empêché la destruction du monde ». Pire, « les écolos ne sont pas tous antimilitaristes ». Pire, « Pascal Canfin soutient les dictateurs africains ». Pire, « la compromission d’EELV avec les productivistes du Parti socialiste dépasse l’imaginable ». Ce n’est plus de l’exagération, c’est du procès d’intention. Enfin Pierre Thiesset, journaliste au mensuel « La décroissance », fait preuve de la même mauvaise foi. Il croit qu’il est seul à se référer aux enseignements de René Dumont. Mais il attaque Brice Lalonde, qui avait organisé la première manif à vélo en 1972 et qui a été directeur de campagne de René Dumont en 1974 ! Candidat aux présidentielles en 1981, Brice n’a pas appelé pas à voter Mitterrand au second tour. Que plus tard il ait virevolté est une autre affaire, on ne peut certes en déduire que les écolos tel que lui détruisent la planète…

Le mensuel « La décroissance » se dit « premier journal de l’écologie politique ». Un tel dossier à charge contre l’écologie politique nous fait croire le contraire. Ses contributeurs répondent à une question qui n’est pas la bonne. Elle était mieux formulée par Hervé Kempf : « Comment les riches détruisent la planète. » A force d’attaquer les présumés écotartufes et tout ce qui a un nom dans la protection de la planète, ce mensuel nous semble faire le jeu des puissances dirigeantes.

Soyons clair, les écologistes sont multiples, mais au moins ils se disent écologistes. Même s’il y a au sein d’EELV des Verts verts (les fondamentalistes), les Verts rouges (les recyclés du marxisme), les Verts noirs (qui tirent sur toutes les têtes qui dépassent), et maintenant les Verts roses (ligotés par le Parti socialiste), ils se disent au moins écologistes. Laissons à chacun le soin de définir son propre chemin. Notre ennemi commun, ce n’est certes pas les autres écologistes, mais le croissancisme, l’inégalitarisme, la publiphilie, le libéralisme économique, la société de consommation, la société du spectacle, etc. Il y a suffisamment d’ennemis pour qu’on ne se tire pas constamment les uns sur les autres quand on est écologiste… Et, de toute façon, qui peut se dire vert à 100 % ?

* La Décroissance n° 98, avril 2013

4 réflexions sur “Les écolos détruisent-ils la planète ? Ce serait paradoxal”

  1. Vous vous souvenez de « Life of Brian », des Monthy Python? Le « People’s Front of Judea » et leurs freres ennemis le « Judean People’s Front « ?
    Les verts sont les comiques d’une comedie des Pythons.

  2. Vous vous souvenez de « Life of Brian », des Monthy Python? Le « People’s Front of Judea » et leurs freres ennemis le « Judean People’s Front « ?
    Les verts sont les comiques d’une comedie des Pythons.

  3. Des écolos peuvent bien sûr critiquer les écolos, mais sans faire preuve de mauvaise foi… Exemple, cet entretien publié dans Charlie Hebdo du 20 mars 2013Propos recueillis au Parlement européen de Strasbourg par Fabrice Nicolino :
    Les papys ont le blues. Daniel Cohn-Bendit – 67 ans – et Jean-Paul Besset – 66 -, voulaient un autre mouvement écologiste. Tous deux députés européens d’Europe Écologie Les Verts, ils expliquent à Charlie-Hebdo pourquoi et comment ils se sont fait bananer par Cécile Duflot et Jean-Vincent Placé.
    Un petit résumé s’impose. Les Verts sont nés en 1984, et dans un premier temps, les affaires électorales ont flambé. On l’oublie, mais Antoine Waechter avait obtenu 10,59 % des voix aux élections européennes de 1989, provoquant en réponse la création de Génération Écologie, un truc mis en scène par Brice Lalonde. Mais après les régionales de 1992 et malgré l’élection de la Verte Marie Blandin à la présidence de la région Nord-Pas-de-Calais, la traversée du désert commence. Voynet, qui s’est imposée à la tête des Verts, entraînant le départ de Waechter, se ramasse une gamelle à l’élection présidentielle de 1995 : 3,32 % des voix. Malgré ou peut-être à cause de l’échec, les Verts dealent avec les socialos et obtiennent le poste de ministre de l’Environnement après 1997 dans les gouvernements Jospin. Le groupuscule se tient comme il faut à table. Arrive Cohn-Bendit qui permet aux Verts de remonter à 9,72 % des voix aux Européennes de 1999. Feu de paille. Les apparatchiks du parti écolo reprennent le manche, et tout se barre en noix. En 2002, Mamère sauve les meubles à la présidentielle – 5,2 % -, mais Voynet se prend une veste historique à celle de 2007, avec 1,57 % des voix. C’est la merde, car à ce niveau ridicule, un parti n’existe que sous la forme d’une trace. Deux personnages vont émerger des décombres, dans un étroit tandem : Cécile Duflot et Jean-Vincent Placé. Et ils vont envoyer aux pelotes Besset, Cohn-Bendit et une poignée d’autres qui voulaient un autre mouvement écologiste.
    Pour lire la suite :
    http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article22652

  4. Des écolos peuvent bien sûr critiquer les écolos, mais sans faire preuve de mauvaise foi… Exemple, cet entretien publié dans Charlie Hebdo du 20 mars 2013Propos recueillis au Parlement européen de Strasbourg par Fabrice Nicolino :
    Les papys ont le blues. Daniel Cohn-Bendit – 67 ans – et Jean-Paul Besset – 66 -, voulaient un autre mouvement écologiste. Tous deux députés européens d’Europe Écologie Les Verts, ils expliquent à Charlie-Hebdo pourquoi et comment ils se sont fait bananer par Cécile Duflot et Jean-Vincent Placé.
    Un petit résumé s’impose. Les Verts sont nés en 1984, et dans un premier temps, les affaires électorales ont flambé. On l’oublie, mais Antoine Waechter avait obtenu 10,59 % des voix aux élections européennes de 1989, provoquant en réponse la création de Génération Écologie, un truc mis en scène par Brice Lalonde. Mais après les régionales de 1992 et malgré l’élection de la Verte Marie Blandin à la présidence de la région Nord-Pas-de-Calais, la traversée du désert commence. Voynet, qui s’est imposée à la tête des Verts, entraînant le départ de Waechter, se ramasse une gamelle à l’élection présidentielle de 1995 : 3,32 % des voix. Malgré ou peut-être à cause de l’échec, les Verts dealent avec les socialos et obtiennent le poste de ministre de l’Environnement après 1997 dans les gouvernements Jospin. Le groupuscule se tient comme il faut à table. Arrive Cohn-Bendit qui permet aux Verts de remonter à 9,72 % des voix aux Européennes de 1999. Feu de paille. Les apparatchiks du parti écolo reprennent le manche, et tout se barre en noix. En 2002, Mamère sauve les meubles à la présidentielle – 5,2 % -, mais Voynet se prend une veste historique à celle de 2007, avec 1,57 % des voix. C’est la merde, car à ce niveau ridicule, un parti n’existe que sous la forme d’une trace. Deux personnages vont émerger des décombres, dans un étroit tandem : Cécile Duflot et Jean-Vincent Placé. Et ils vont envoyer aux pelotes Besset, Cohn-Bendit et une poignée d’autres qui voulaient un autre mouvement écologiste.
    Pour lire la suite :
    http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article22652

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