Manfred Spizter a publié en 2012 un livre retentissant dont le titre annonce clairement la couleur : « Démence digitale ». Il y démontre que le fonctionnement cérébral des enfants s’atrophie à mesure qu’ils passent plus de temps sur les écrans. Cela concerne non seulement leur façon de penser, mais aussi leur force de volonté, leurs sentiments, et surtout leur comportement en société. Il n’hésite pas à y aller franchement : « Évitez les médias digitaux. Ils rendent réellement obèse, bête, agressif, solitaire, malade et malheureux. Restreignez la dose pour les enfants car c’est la seule chose qui donne un effet positif. Chaque jour qu’un enfant passe sans écrans représente du temps gagné. » En Allemagne, des campagne d’information incitent les parents à décoller les yeux de leur smartphone pour passer plus de temps avec leurs enfants. A Taïwan, laisser son enfant de moins de deux ans devant un écran est passible d’une lourde amende. Or en France, on estime que 47 % des parents donnent régulièrement leur smartphone à leur petit de moins de trois ans. Certains parents consultent même leur smartphone en donnant le biberon, des gadgets prévus à cet effet leur facilitent la tâche ! Ce n’est pas pour rien que les bébés savent faire défiler les images sur un écran avant même de savoir parler !
Parmi les enfants en grande difficulté, quasiment tous sont exposés aux écrans entre 6 heures et douze heures par jour. Le Collectif sur-expositions écrans (Cose) signe une tribune dans LE MONDE du 31 mai 2017 : « Nous, professionnels de la santé et de la petite enfance, nous recevons de très jeunes enfants stimulés principalement par les écrans qui, à trois ans, ne nous regardent pas quand on s’adresse à eux, ne communiquent pas, ne parlent pas, ne recherchent pas les autres, sont très agités ou très passifs… » La psychologue Sabine Duflo explique : « Quand un enfant est constamment confronté à un écran, il ne stimule que sa fonction visio-perceptive au détriment de toutes les autres, qui finissent pas s’atrophier. Peu à peu, il ne devient réceptif qu’aux sollicitations des écrans et à rien d’autre. » L’enfant ne fait pas suffisamment d’expériences motrices. Il ne manipule pas des objets qu’il peut attraper, lécher, renifler, soupeser ou lancer, emboîter… Bref il n’utilise pas tous ses sens pour explorer son environnement, l’évaluer, éventuellement trier et classer des objets, et découvrir le pouvoir qu’il peut avoir sur le monde concret. Un enfant qui consomme une heure de télévision chaque jour aura deux fois plus de risques de troubles attentionnels quand il sera à l’école primaire. Et ce indépendamment de la nature et de la qualité des contenus. Plus les capacités de concertation de l’enfant ont été altérées, moins il pourra sortir de l’état d’excitation dans lequel plonge les écrans. Plus il s’y habitue, plus il devient accro. Les parents qui ont essayé de sevrer d’écrans leur enfant ont pu constater leurs effets addictifs. Leur petit se roulait par terre en hurlant, ne cessait de réclamer son joujou numérique. Il était tout simplement en état de manque. Pour Nicholas Kardaras, spécialiste américain des addiction : « Les jeux vidéos, ainsi que les réseaux sociaux, sont pour les enfants ce que l’héroïne est pour les junkies. Chaque coup de feu virtuel tiré, chaque tweet posté ou chaque notification reçue libère dans le cerveau une dose de dopamine qui agit de la même manière que la cocaïne sur les neurotransmetteurs ». Comme l’observe la psychologue Anne Gatecel : « Les parents constatent que, dès que leur bébé est devant un écran, il ne pleure pas, ne réclame plus rien, ne s’agite plus, mange sans rechigner. Il est calme, comme hypnotisé, voire sidéré. La télé, la tablette ou le smartphone leur apparaît alors comme une solution aux difficultés éducative qu’ils peuvent rencontrer. »
Père et mère sont victimes d’un discours social et marketing très injonctif, leur assurant que ces outils numériques permettront à leur enfant d’entrer plus vitre dans les apprentissages, d’être plus performant dans une société de compétition. Ils ont l’impression que, s’ils lui donnent des cubes ou des Lego plutôt qu’une tablette tactile, ils lui enlèvent des chances de réussite par rapport aux autres… Plus peut-être qu’à des singes savants, les enfants commencent à rassembler à des robots, préfigurant ce que sera l’homme-machine.
Cédric Biagini dans « la Décroissance », numéro de février 2018 (extraits d’un très long article)
Cédric Biagini nous a non seulement écrit un très long article mais aussi un très bon article.
Les parents sont en effet victimes d’un discours, d’une propagande, qui leur fait croire que leurs enfants ont tout intérêt à être branchés. « Et cette propagande fonctionne puisque 74% des parents pensent que plus tôt leurs enfants utiliseront les nouvelles technologies, mieux armés ils seront plus tard dans un monde… numérisé. »
Comment les parents ne seraient-ils pas émerveillés… « fiers et rassurés, de voir leur petit compter très tôt ou nommer toutes les couleurs, et en plusieurs langues » ? Seuls les spécialistes s’inquiètent du fait que « des enfants savent compter jusqu’à 100 mais sont incapables de (leur) donner deux cubes, parce qu’ils ne savent pas ce que « deux » représente concrètement. »
L’Education nationale, qui devrait se soucier de l’intérêt des enfants, et en même temps de l’avenir, pense certainement comme ces parents puisqu’elle elle a décidé depuis un moment de faire entrer l’école dans l’ère du numérique et n’envisage pas de revenir en arrière. Cherchez l’erreur.
« Père et mère sont victimes d’un discours social et marketing très injonctif »
Victimes ou complices ? Il faut quand meme pas « sortir de Saint cyr » pour savoir qu un enfant n a pas besoins d être dopé à l écran .
L ennui qui est créateur et certainement plus salutaire qu un pauvre gamin adict à son PC ou smartphone .
Elle va être belle la génération « nouvelles technologie » !!! de pauvres bougres obèses, nerveusement instable , bêtes et méchants …