Les peuples européens sont à l’épreuve de la rigueur*. Toujours plus d’austérité est demandée pour payer les excès passés, toujours plus de rejets des populations concernées. Les dettes n’étaient pas soutenables, le remboursement de ces dettes est insoutenable. Après les Trente Glorieuses, les Trente Moroses et maintenant les Trente Agitées. Les jeunes précaires et autres indignés sont dans la rue. Ils rejettent les gouvernements socialistes, et même les organisations syndicales. Ils organisent leur spontanéité avec portables et Internet. Ils ne savent pas encore qu’il est impossible de réduire le déficit budgétaire sans récession, ce qui veut dire hausse du chômage. Ils perçoivent déjà la hausse de l’inflation, ce sera autant de pouvoir d’achat en moins. Le cercle vicieux de l’appauvrissement généralisé se dessine, moins de consommation, moins de production, moins d’emplois, moins de croissance, augmentation des prix, augmentation des taux d’intérêt, encore plus de difficulté de rembourser les dettes, etc. Il ne sert donc à rien de manifester dans la rue. Les indignés vont s’étrangler d’indignation.
Après le printemps arabe, l’hiver sur toute la biosphère, un hiver sans fin. Il en sera ainsi en Grèce et en Espagne comme en Egypte ou en Tunisie : les défilés dans la rue n’ont jamais créé d’emplois. Et le pire est à venir. Personne n’a encore expliqué dans les grands médias que le retour de la croissance économique est impossible. Ce n’est pas spécifiquement la faute du système financier, c’est la cause de notre endettement massif à l’égard de notre planète. Notre croissance démesurée s’est fait à crédit, en faisant marcher la planche à billet et en dilapidant le capital naturel. Les métaux (cuivre, zinc, étain, antimoine, platine…) et les sources d’énergie (uranium, gaz, pétrole, charbon…) ne sont pas renouvelables, il n’y a pas de relance possible. La société thermo-industrielle explosera au cours de ce siècle, nous retomberons comme un soufflé au stade préindustriel sans pouvoir rebondir de nouveau. C’est pourquoi la révolte, le peuple qui se met en marche, est un phénomène inquiétant car ni les économistes, ni les politiques ne peuvent promettre la croissance qui sauve, même si actuellement ils n’ont encore que ce mot à la bouche.
Les rassemblements pacifiques se transformeront en émeutes, la protestation prendra un cours violent, la répression s’abattra sur le peuple. Les indignés vont être étranglés. Ni les économistes, ni les politiques n’ont su nous prévenir à temps qu’il nous fallait changer de modèle de société, aller vers une société de décroissance conviviale, organiser des communautés de résilience, partager solidairement la pénurie, éliminer les inégalités. L’amour de la croissance était un amour sans avenir.
* dossier du monde-économie du 31 mai 2011, L’Europe des « indignés » contre le garrot de la dette.
Cela me surprend que l’on parle toujours de répartition des richesses sans chiffrer ces mesures de répartition. Faites-les comptes et vous verrez qu’il n’y a pas tellement à répartir. Facile de répartir tant que c’est l’argent des autres n’est-ce pas ? Vous êtes les premiers à ne pas vouloir voir le tiers-monde vous concurrencer.
Quant à l’article en lui-même, il est dur mais il a le mérite d’être réaliste. Voici que maintenant nous payons les pots cassés des générations actuelles et précédentes qui n’ont pas su administrer correctement leur abondance. Cela fait le commerce des gauchisants en tous genres, de parler de nouveaux idéaux de société et pourtant on ne parle jamais de changer le citoyen, l’élément fondamental de la société.
Je ne vois pas pourquoi parler de répartition. Si certains ont fait leur richesse honteusement c’est parce que d’autres étaient assez bêtes pour acheter ces produits. Je ne vois pas pourquoi les familles qui savent administrer leur prospérité devraient assister les autres. Nous avons la société que nous méritons, à nous d’être courageux et de changer. Nous serons riches autrement.
Arrêtez svp de faire la distinction entre les gens qui profiteraient et les gens qui souffriraient car il existe beaucoup de palliers intermédiaires et nous sommes tous, à divers degrés, mal placés pour faire la morale. Surtout les générations précédentes qui ont sacagé les finances publiques en élisant n’importe qui dans l’extatique perspective de travailler moins.
Sébastien,
Les gouvernements, grec et espagnol en l’occurrence, ne sont responsables de la diminution globale des ressources que dans la mesure où ils exploitent ces ressources (tout comme les citoyens sommes responsables dans la mesure où nous les consommons). Ils peuvent en promettre plus à leurs peuples mais ne peuvent pas en offrir et donc ne vont pas en offrir.
La richesse et la pauvreté sont relatives, ce n’est donc pas une question de quantité. Ce qui indigne ce sont les flux de la richesse disponible et leur répartition. Nous avons trois fois rien à nous partager? Bien, nous allons le distribuer au peuple pour qu’il vive correctement. Ce n’est pas une décision à court ou long terme, c’est un principe.
Christos,
je pense que tu as mal compris le sens d’indignation dans le texte.
Quand une tornade ravage une région, les propriétaires s’indignent contre le fabricant de leur maison. Quand les prix de l’essence montent, ils s’indignent contre les taxes du gouvernement. On peut continuer ainsi à l’infini.
Les gens s’indignent à mauvais escient. Ils se trompent s’ils croient que nos dirigeants décideront de mesures à long terme.
Il ne sert a rien de s’indigner? Vous prônez donc la docilité des citoyens vis-à-vis des mesures anti-sociales dictées par des banquiers qui veulent pas assumer les risques qu’ils prennent, dictées par des politiciens corrompus sans plus aucune imagination. Votre constat est cynique et l’on voit bien que vous ne vivez pas la situation. Bien sûr qu’il faut se révolter contre la politiques de cette vieille génération qui devrait déjà être hors-jeu. On ne parle pas ici de modèle de société plus ou moins respectueuse de la Nature, mais de souveraineté nationale et de répartition des richesses (qu’elles soient limitées ou pas). Le respect de la Nature devient une considération de second ordre.
Je suis d’accord que ça risque de finir en émeutes et répression.. malheureusement. Mais votre (notre) société avenir où nous vivrons en harmonie de la Nature, où le peu de ressources disponible sera répartie équitablement sera une création de la nouvelle génération, celle qui aujourd’hui en Grèce n’a pas son mot dire.
bien d’accord avec votre analyse mais son réalisme est tellement pessimiste ! et c’est certainement dans la grande douleur que le monde pourra trouver l’énergie pour changer l’ancien paradigme… ou disparaitre ou finalement la pire des solutions, s’entre tuer.
indépendamment de la croissance que sœur Anne risque d’attendre un moment, il y a le problème essentiel de la répartition des richesses.
Car la pauvreté est une notion relative ; à coté d’un nombre non négligeable d’exclus constituant le quart monde, il y a l’essentiel de la population qui n’est pauvre que parce qu’on lui serine à longueur de journée qu’elle ne peut pas se passer du dernier gadget vendu par les media. Et acheté tout d’abord par une classe oisive qui est le modèle vendu comme norme du bonheur. (Iphone, 4×4…)
Le niveau de vie moyen baisse aussi du fait de l’explosion des revenus de moins de 2% de la population qui entraîne à la hausse, entre autre, les coûts du logement.
Supprimons la pub, rétablissons un impôt sur le revenu proportionnel (comme disais Marchais en son temps, « au dessus de 20 000F je prends tout »), ratiboisons les patrimoines (a quoi sert encore l’héritage , nos parents décède alors que nous arrivons en retraite ; et non plus alors que jeune adulte (voire très jeune) nous nous établissions dans la vie).
En dehors du mythe de la croissance auquel ne croit plus guère que les économistes (ils croient que la Terre est plate), il y a de nombreux sujets d’indignation. Et sans rêver aux lendemains qui chantent on peut parfaitement arriver à faire vivre correctement l’ensemble de la population.
Cela suppose évidemment de faire comprendre aux gens qu’il vaut mieux être qu’avoir. Tout un programme après l’endoctrinement de ces dernières décennies.
Mais accepter le grand bond en arrière, ne nous évitera de toute façon pas le renoncement aux « richesses matérielles ». Il nous imposera par contre l’extrême pauvreté pour le plus grand nombre afin de permettre à quelques nababs de se vautrer dans le gaspillage.
Donc indignons nous et n’en restons pas là.