Extraits du débat dans le mensuel La décroissance d’avril 2019 :
Laurent Castaignède : Le développement de la technique dans les rouges de la société a été à l’origine de la création, à l’aube de la révolution industrielle, de nos célèbres écoles d’ingénieurs aux noms évocateurs, Ecole polytechnique, Arts et Manufactures, etc. Ces ingénieurs sont à un tournant de leur histoire, du moins faut-il l’espérer. Des « Rubicon de la technologie » pourraient être érigées pour exclure certaines recherches ou autres développements d’évidence insoutenables, en se demandant simplement « à quoi ça servirait » (et subsidiairement « à qui ça servirait »). Les vols spatiaux habités par exemple n’ont d’autre objet que de coloniser l’imaginaire d’une alternative d’installation de l’espèce humaine vers d’autres cieux, comme pour oublier notre incapacité à gérer correctement notre propre planète.
Le Postillon : En école d’ingénieur, on apprend à répondre aux questions « comment ? », mais jamais « pourquoi ? ». Alors de plus en plus d’ingénieurs savent résoudre plein de problèmes techniques, mais ne trouvent pas de réponse à la question du sens de leur activité. On voit donc dans les médias des portraits du type « Daniel a quitté son poste chez Thalès pour aller planter des céleris-raves ».
François Briens : De même qu’Alexandre Grothendieck demandait en 1972 dans une conférence au CERN : « Allons-nous continuer la recherche scientifique », des ingénieurs s’interrogent : faut-il démissionner ? » Quand la contribution de l’ingénieur au délitement du monde est évidente, oui, c’est une exigence morale élémentaire.. Mais cela n’implique pas nécessairement de renoncer au métier d(ingénieur. Car pour reconstruire une société à la mesure de l’homme, il faudra un bonne dose d’ingéniosité pour réduire les impacts des processus productifs, explorer des futurs possibles, développer les outils participatifs et conviviaux, etc.
Guillaume Carnino : De nombreux ingénieurs se sont engagés professionnellement contre les pratiques industrielles contemporaines. Lydia et Claude Bourgignon ont quitté l’INRA pour fonder le Laboratoire d’analyse microbiologiques des sols, le polytechnicien Cédric Sauviat a fondé l’Association française contre l’intelligence artificielle, les ingénieurs de l’association SystExt dénoncent les ravages de l’extraction minière planétaire, le centralien Philippe Bihouix propose les low tech comme alternative au modèle productiviste…
Pour compléter cette analyse, lire sur notre blog biosphere :
9 novembre 2017, Les Écoles d’ingénieurs au service des entreprises
18 octobre 2018, Appel à démissionner de tous les métiers inutiles
Les scientistes sont arrogants, et surtout ils se surestiment ! Ils surestiment leur intelligence ! En effet, toutes leurs technologies, leurs performances, ne sont pas liées à leur intelligence, mais liées aux ressources naturelles et principalement les énergies fossiles ! Ce sont les ressources naturelles qui ont apporté l’essentiel des dits progrès et non pas leurs cerveaux ! Par exemple vos voitures, parvient-on à les faire rouler sans carburant ? A moins qu’ils mettent un casque sur leur tête pour alimenter le fonctionnement de ta voiture avec leur cerveau ? Les scientistes n’ont pas fait tant de progrès que ça pour inventer des technologies, oui ils ont inventé le plus facile jusqu’à présent, ils ont inventé des robots consommateurs d’énergies fossiles ou convertisseurs de matières fossiles en énergies mais ce qui revient à consommer des énergies fossiles… Mais les scientistes, quels sont leurs progrès concernant des inventions consistant à créer des robots producteurs d’énergie sans avoir à consommer de combustibles fossiles ? Presque rien = éolien, panneaux solaires, géothermie et barrages ! Et encore, même ces 4 trucs, sans énergies fossiles, ces moyens de production ne seraient pas si rentables ! Car si on devait fabriquer des panneaux solaires à partir d’autres panneaux solaires, des éoliennes à partir d’autres éoliennes, et ben les rendements seraient quasiment nul en plus d’être intermittents ! Bah oui, des fabrications de panneaux solaires et d’éoliennes sans pétrole et sans nucléaire, ça serait bien la misère ! Voilà ! Et en plus de cela, ces énergies fossiles ont été dilapidées ! Par exemple, avant de diffuser les automobiles à grande échelle sur le marché, et ben ils n’ont pas cherché à améliorer la consommation d’un véhicule avant de le diffuser ! Ils y ont pensé mais trop tard ! Mais c’est pareil pour le reste en réfléchissant bien. Après ils se sentent surpuissants, uniquement parce qu’ils ont pris le contrôle des énergies fossiles, mais je ne suis pas certain que les scientistes resteront aussi arrogants dès lors que toutes ces réserves fossiles seront épuisées, pour le moment ils se sentent encore fort parce qu’on en est qu’au début des déplétions des ressources naturelles, alors effectivement avant de parvenir à l’épuisement il faut d’abord passer par l’étape des diminutions, mais ça ira de très vite et de plus en plus vite, de plus en plus de consommateurs pour de moins en moins de ressources ! Et leurs cerveaux si fabuleux et fantastiques parviennent-il à compenser ces déplétions de ressources naturelles pour fournir l’humanité en énergies ainsi que biens et services y étant associés ? Et oui, qu’ils profitent de rigoler encore un peu pendant qu’ils peuvent encore, mais je vous le dis ce ne sont pas eux et leurs cohues de scientistes qui riront les derniers !
Doivent-ils démissionner ?
C’est à eux de voir, ce n’est pas à nous de le leur dire. S’ils ne peuvent plus supporter leur boulot, s’ils en sont malade, alors en effet ils ont intérêt à le fuir et à se trouver autre chose, à faire… Mais ça, ce n’est pas le problème des seuls ingénieurs, mais de tout le monde, et pas seulement dans le cadre professionnel. C’est là que je rejoins ce que dit Didier Barthès.
Pour tout ce que nous faisons, posons-nous la question du POURQUOI. Pourquoi dois-je FAIRE ceci et FAIRE cela ? Serait-ce seulement pour AVOIR ? Mais avoir QUOI ? Des patates dans la marmite, des privilèges, des richesses, des honneurs ? ( En somme, faire pour avoir…) Et que fait-on du verbe ÊTRE ?
Dans ce débat sur le journal La Décroissance, Guillaume Carnino nous dit « on estime que 30% des titulaires d’ingénieur se sont reconvertis à d’autres activités ». Comme il dit en suivant, il restera « toujours une frange importante qui se satisfera du système existant en vue d’acquérir privilèges, richesses et honneurs ».
Bref, quoi qu’il en soit, s’ils renoncent à faire ce boulot, d’autres le feront à leur place. François Briens nous dit « c’est avec ce genre de raisonnement que l’on finit par coucher avec sa soeur ». Bon d’accord… et si on n’a pas de sœur ? 🙂
La question du « pourquoi » de beaucoup des activités des hommes n’est pas propre aux ingénieurs, car la Terre se porterait bien mieux si nous faisions beaucoup moins à sa surface, tous types d’activités, technologiques ou pas, confondus.
Nés au tournant des années 2000, des jeunes diplômés ont connu la jonction des crises économiques et environnementales, et portent un rapport au temps particulier : ils ressentent fortement la finitude du monde. Ils ont grandi dans une forme d’incertitude radicale. J’ai pu voir monter et se diffuser, au fil de mes recherches sur la colère sociale, ce sentiment d’urgence vis-à-vis des questions écologiques. En 2012, la colère de ces jeunes était principalement structurée par les thématiques sociales et économiques. Aujourd’hui, le malaise est plus existentiel, plus global. Il porte davantage sur la question de la marche du monde et de l’humanité menacée.En 1968, Margaret Mead, dans son ouvrage Le Fossé des générations, annonçait une inversion de la transmission entre générations : au lieu d’être descendante – des parents vers les enfants –, cette transmission pouvait devenir ascendante. C’est cette forme d’inversion générationnelle qui est à l’œuvre aujourd’hui sur les questions climatiques et environnementales. (Cécile Van de Velde in LE MONDE du 19 avril 2019, « Cette génération de jeunes ressent la finitude du monde »)