Les jeunes et la guerre, la mort s’avance

Une étude sociologique, menée sur « les jeunes et la guerre », doit être rendue publique, vendredi 12 avril, à Sciences Po. Paris. En voici une synthèse.

Anne Muxel : Les résultats sont révélateurs d’une évolution sensible du regard des jeunes sur l’engagement militaire. Plus de 51 % des jeunes sondés se disent désormais « prêts » ou « peut-être prêts » à s’engager « si la protection de la France nécessitait que le pays s’engage dans la guerre en Ukraine », même si seulement 17 % d’entre eux se déclarent certains de ce choix. les moins de 35 ans apparaissaient « nettement plus favorables » à l’envoi, par la France, de troupes en Ukraine, contre 17 % des 50 ans et plus. Il y a disparition de l’antimilitarisme qui prévalait, auparavant, chez les jeunes générations. Ce regain de patriotisme convoque un altruisme moral, référentiel des répertoires d’engagement des jeunes d’aujourd’hui.

Interrogés sur leur acceptabilité de « tuer » un « ennemi » en cas de guerre pour « défendre [leur] pays », 57 % se disent ainsi « prêts » ou « peut-être prêts ». 45 % se montrent « prêts » ou « peut-être prêts » à être « gravement blessés physiquement » et 42 % à « mourir au combat ». A la question : « Jugez-vous acceptable pour un pays, qui la détient, d’utiliser l’arme nucléaire contre un autre pays en cas de conflit majeur ? », 49 % l’ont jugé « acceptable, dans certains cas » ou « tout à fait acceptable ».

Le point de vue des écologistes pacifistes

Bien entendu, si on ne parle jamais des objecteurs de conscience, opposés à l’usage des armes, on ne peut pas penser à devenir OC. Bien entendu si on martèle que la nation est une réalité sacrée, à défendre les armes à la main, on n’a aucun souci pour faire couler un sang impur. Si on est le général François Lecointre, chef d’état-major des armées de 2017 à 2021, on a des nuits blanches et des cauchemars lancinants sur ce que signifie la guerre en vrai. Les jeunes sont victimes de la propagande militariste à sens unique, ils n’ont même pas le droit de se déclarer objecteur de conscience lors de leur Journée Défense et Citoyenneté.

D’où ces informations de base sur la JDC pour qu’ils ne meurent pas idiots :

page wikipedia

La Journée défense et citoyenneté (JDC), dénommée jusqu’en 2011 Journée d’appel de préparation à la défense (JAPD), est une journée d’appel instituée en 1997 en France dans le cadre de la réforme du service national portée par Jacques Chirac. La JDC est la troisième étape du parcours de citoyenneté obligatoire pour tous les jeunes de nationalité française : la première étape est l’enseignement de défense dispensé en classe de troisième dans le cadre des cours d’enseignement moral et civique ainsi qu’en classe de première dans le cadre des cours d’éducation civique, juridique et sociale, la seconde étape étant le recensement obligatoire en mairie.

L’objectif de cette journée est d’aborder différentes problématiques dont les principales sont la citoyenneté et les questions liées à la Défense. La JDC vise également à favoriser le recrutement dans les différentes armées et services du Ministère des Armées ou dans la réserve militaire. Aucun signe d’appartenance à un groupe ou mouvement à caractère politique, philosophique ou religieux ne peut être exhibé durant la journée sous peine d’exclusion. Il est également demandé aux participants de « s’abstenir d’organiser toute manifestation ou action de propagande philosophique, religieuse ou syndicale et de participer à celle-ci .

L’objection de conscience ne fait pas partie de ce programme !

https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F871

Vous voulez vous inscrire à un examen (bac, permis de conduire…) et l’on vous demande un certificat de participation à la journée défense et citoyenneté (JDC). Vous vous interrogez sur le déroulement de la JDC ? Nous vous indiquons tout ce qu’il faut savoir. En général, la JDC dure 7h30 à compter de l’heure de convocation.

Durant votre Journée défense et citoyenneté, vous recevez :

    • des enseignements sur les enjeux et objectifs généraux de la défense nationale, et sur les différentes formes d’engagement
    • un enseignement sur le civisme, sur la base de la charte des droits et devoirs du citoyen français
    • une information sur l’égalité entre les femmes et les hommes, sur la lutte contre les préjugés sexistes et sur la lutte contre les violences physiques, psychologiques ou sexuelles commises au sein du couple

Vous passez également des tests d’évaluation des apprentissages fondamentaux de la langue française.

L’objection de conscience ne fait pas partie de ce programme !

https://www.defense.gouv.fr/sga/au-service-nation-du-public/jeunesse/devenir-citoyen/journee-defense-citoyennete-jdc

Troisième étape du « parcours de citoyenneté », la JDC s’impose à tous les citoyens, femmes et hommes, avant l’âge de 18 ans. Ils ont la possibilité de régulariser jusqu’à l’âge de 25 ans. Vous recevrez votre convocation environ 1 an après la date de votre recensement (Le recensement doit être effectué auprès de la mairie de votre lieu de domicile). La JDC est une journée qui permet de rappeler à chacun que la liberté a un prix. C’est aussi une occasion unique de contact direct avec la communauté militaire, et de découverte des multiples métiers et spécialités, civiles et militaires qu’offre aujourd’hui aux jeunes, la Défense. Opportunités professionnelles mais également opportunité d’aide spécifique pour les jeunes en difficulté, qui pourront – s’ils le souhaitent – obtenir lors de cette journée des conseils d’orientation vers des structures d’aides adaptées. En fin de journée, un certificat individuel de participation est remis.

L’objection de conscience ne fait pas partie de ce programme !

16 réflexions sur “Les jeunes et la guerre, la mort s’avance”

  1. Didier BARTHES

    Tant que la question est toute théorique, les réponses des gens doivent être prises avec précaution.

  2. « L’objection de conscience ne fait pas partie de ce programme ! »

    Depuis quand les gauchos se soucient des programmes ? Programme ou pas programme qu’est cela change vraiment ? Je me souviens que tous les gauchos la bouche en cœur radotaient à toutes les élections « L’Europe c’est la paix ». Pourtant vous avez aidé les amerlocks à s’installer sur la frontière russe, notamment en reniant les accords de Minsk. Tous les accords, tous les papiers et tous les programmes que les gauchos signent, ils ne respectent pas ! A savoir les 3% de déficit dans le cadre l’union européenne, les quantitative easing, les dettes,…

    1. Nan mais bon vous provoquez les russes, car le but caché étant de piller leurs ressources naturelles, puis ces vilains russes ne se laissent pas faire, et vous voulez les faire passer pour des vilains canards en racontant le bobard que c’est vous les pacifistes ? Finalement, l’Union Européenne, c’est la PAIE, il faudra la payer de sa vie et de son épargne… Ces gauchos sont des vampires… ils vous siphonnent absolument tout…

      1. Décidément tout est bon ! Pour débiter n’importe quoi.
        Pour cracher sur les gauchos, et câliner le Tsar de la Grande Russie.
        Pauvre intelligence collective … Misère misère !

        1. Si on regarde les faits historiques, du moins pour les guerres de l’ère moderne. Comme la guerre 14/18 et 39/45, et ben il s’avère que ce sont les grandes puissances qui détiennent les ressources naturelles en pétrole et en métal qui remportent et gagnent les guerres ! Comme les Usa et la Russie… Or l’Union européenne n’a quasiment aucune ressource sur son sol, alors il est évident que la Russie gagnera le conflit à terme ! C’est déjà plié pour moi ! L’Union européenne perdra son conflit face à la Russie ! Fabriquer des armes sans métal ? Faire avancer les engins militaires sans pétrole ? Oups !

  3. – « L’objection de conscience ne fait pas partie de ce programme ! » (Biosphère)

    Et il n’y a rien d’étonnant ni de choquant à ça. Imaginons au collège un prof d’histoire, ou de biologie, expliquant à ses élèves qu’ils ne sont pas obligés de croire ce qu’il raconte (enseigne).
    Par contre c’est là le genre de chose qui peut très bien être abordée (enseignée) en philosophie, ou plus généralement dans une nouvelle discipline qui pourrait s’appeler « développement de l’esprit critique ». Seulement, là encore, il ne suffit pas de mettre ça au programme, d’écrire que c’est là un objectif… « au centre de la mission assignée au système éducatif français »… pour que ce soit vraiment sérieux. Parce que là c’est plutôt comme ces fumeuses chartes éthiques que tout le monde aujourd’hui se doit de rédiger, juste pour se donner une belle image, bien propre etc. :
    – Former l’esprit critique des élèves (eduscol.education.fr)

    1. – « Ainsi l’objecteur de conscience est défini très officiellement comme « celui qui refuse d’accomplir son service militaire ». […] Mais LE MONDE du 22 juillet 2010 utilise cette expression d’objecteur de conscience pour qualifier tous ceux qui en Espagne n’appliquent pas la loi sur l’interruption volontaire de grossesse….» (Biosphère – objection de conscience et religion – 2010)

      – « L’objection de conscience est un refus d’accomplir certains actes requis par une autorité lorsqu’ils sont jugés en contradiction avec des convictions intimes de nature religieuse, philosophique, politique, idéologique ou sentimentale.» (Wikipédia)

      N’en déplaise à Biosphère, le concept d’objection de conscience ne se limite pas aux activités militaires. Cet exemple est dans la continuité de ce que j’ai développé précédemment :
      – Enseignement et objection de conscience (objectiondelaconscience.org)

      1. Oui, en effet il y a deux conceptions de l’expression.
        – l’une restreinte au refus d’effectuer, son service militaire
        – l’autre élargie au sens de refuser une obligation contraire à sa morale
        C’est un peu comme le malthusianisme il y a
        – une conception restreinte à l’idée de réduire la fécondité pour réduire la population.
        – une conception large dans laquelle on englobe toute solution à un problème qui consiste à réduire son ordre de grandeur
        Personnellement je suis favorable à ces deux acceptations (ou plutôt à la mise en place de ce genre de solution) la nature d’un problème est largement dépendante de son ordre de grandeur, il en est par exemple ainsi de la pollution, de la violence etc.

        1. Oui, et il faut alors parler du malthusianisme économique, dont la définition est elle aussi très claire. La solution étant une réduction volontaire de la Production, dans le but de produire, artificiellement, de la … rareté.
          – « De manière plus générale, cette expression désigne, par analogie avec le malthusianisme démographique, les théories de ceux qui, trouvant un avantage à la rareté, tendent à la créer artificiellement, pour accroître la valeur de leurs avoirs. »
          ( Malthusianisme – melchior.fr )
          Je n’ai pas d’exemple en tête (si vous en avez je suis preneur) de réduction volontaire de la Production (ou de destruction d’activités, d’emplois) dont le but serait autre que le Toujours Plus de Pognon. Démographique ou économique, le malthusianisme reste intimement lié au Capitalisme.

        2. Ah mais Michel C on peut inclure dans le malthusianisme économique bien autre chose que l’idée de favoriser le capitalisme en favorisant la rareté (à vrai dire, je n’avais pas du tout cela en tête et n’y songeais pas un instant en écrivant sur cet élargissement des concepts).
          Non, le principal malthusianisme économique ce sont tout simplement l’ensemble des idées en faveur de la décroissance. C’est bien une façon de réduire notre impact sur la planète non en changeant de méthode mais en faisant moins, l’exacte définition élargie du malthusianisme.

        3. Pour l’élargissement des concepts je suis d’accord, c’est moi-même qui disait que l’objection de conscience ne se limite pas aux activités militaires. Et j’ai donné en exemple l’objection de conscience chez les enseignants. L’article que je cite donne des exemples où l’enseignant peut (et doit) exercer son objection de conscience. Dernièrement (13 avril) nous parlions ici des anti-J.O … et j’ai fait remarquer que l’Education Nationale étaient acoquinée pour faire la promotion de ces prochains jeux du Cirque à Paris. En attendant, force est constater que l’objection (le refus) des J.O, de la Compétition… comme de la Croissance, de la Guerre… sont à la peine.
          Et celui du Capitalisme n’en parlons même pas. TINA = misère misère !
          Sinon, pour ce qui est du malthusianisme économique, ne n’en veuillez pas si je reste sur la définition officielle. 😉

  4. Une étude comme tant d’autres, qui finalement ne nous dit pas grand chose de bien sérieux. Ces «plus de 51%» me font penser à ces 54% qui en 2009 déclaraient leur flamme à la décroissance (sondage Aviva Assurance, BFM Business et Challenges). La bonne blague !
    Et à ces sondages au sujet du fumeux Vaxin : 59% CONTRE en décembre 2020 et 56 % POUR moins d’un mois plus tard. Bref, vous savez ce que je pense de la Girouette (Opinion).
    Imaginez la belle Marianne, aussi chaude qu’une braise, au lit avec un jeune puceau qui lui murmure à l’oreille : « Je suis prêt, ou peut-être prêt… à m’engager. Je me tâte quoi. »
    Et la chaudasse : « Tu veux ou tu veux pas ? Tu veux c’est bien, si tu veux pas tant pis. Si tu veux pas j’en ferai pas une maladie. Oui mais voilà, réponds-moi non ou bien oui, c’est comme ci ou comme ça, ou tu veux ou tu veux pas. » 🙂

    1. Plus sérieusement, cette étude ne fait que révéler ce qu’il n’est pas bien difficile de prévoir. À savoir que si ON les appelle à y aller… eh ben ils vont y aller.
      Comme y sont toujours allés les jeunes dans le passé. Et peu importe qu’ils y aillent en chantant ou en se chiant dessus, les pauvres. Et là encore ils ne seront « pas lourds en février à se souvenir de Charonne, des matraqueurs assermentés qui fignolèrent leur besogne » (Renaud). Et pas nombreux à prendre la plume pour lui dire que s’il faut donner son sang… alors qu’il aille donner le sien :
      – « Monsieur le Président, je vous fais une lettre, que vous lirez peut-être, si vous avez le temps [etc.] » (Boris Vian)

  5. Jeunes, la guerre c’est aussi cela. Il y a soixante-dix ans, William Schilardi, Henri Ploskonka et Alexandre Donoso faisaient partie des soldats français défaits en Indochine lors de la célèbre bataille à Dien Bien Phu. Faits prisonniers par l’armée du Vietminh, ces derniers témoins racontent les morts, les blessures à vif, les ventres affamés, la rééducation forcée… Ils sont les mé­chants, les « suppôts de l’impérialisme », les « parasites colonialistes ».
    Un enfer dont ces nonagénaires ne sont jamais totalement revenus. La France entendait garder sa « possession » en Extrême-Orient. C’est ce que leur disaient leurs chefs qui, eux, savaient pourquoi ils sont là, entrés parfois dans la carrière de père en fils, formés dans les meilleures écoles militaires et nourris au lait de l’Empire et de l’anticommunisme. (à suivre)

    1. (suite) Un commandant les accueille par un rude discours. « Vous êtes venus ici pour faire la guerre. Pour moi, vous êtes déjà morts. Rompez vos rangs ! »  Je n’étais plus un être humain, juste un pion dans le jeu de la guerre. Ce sont alors les premières opérations,« On s’habituait à voir des cadavres », résume l’ancien légionnaire.

      Dans un village, un franc-tireur du Vietminh abat des légionnaires. Les représailles sont sauvages de la part de soldats français ivres de haine. Des familles sont exécutées au lance-flammes. Des femmes, et même une fillette, sont violées. (à suivre)

      1. (suite et fin) Le 13 mars 1954, le général Giap lance l’offensive contre le camp retranché de Dien Bien Phu. Semaine après semaine, sous un déluge d’artillerie et bientôt sous des pluies de mousson où s’embourbent hommes et matériels, les vagues d’assaut font tomber une à une les lignes de défense françaises. Se servant d’une quadruple, une terrifiante machine à tuer équipée de quatre mitrailleuses, William Schilardi fauche méthodiquement les rangs ennemis qui sans cesse se reconstituent et se ruent sur sa position. « Ils étaient volontaires pour la mort. Il y avait derrière eux l’arme la plus puissante : l’idéologie. On ne peut pas se battre contre l’idéologie. »

        L es accords de Genève qui formalisent le départ de la France sont signés le 20 juillet 1954.

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