Les océanologues font de la politique

Malgré les menaces que l’humanité fait peser sur son environnement, le gouvernement tient des discours déconnectés du réel et pratique la course de lenteur, fustige un collectif de 260 scientifiques océnographes, dont le climatologue Jean Jouzel,

collectif d’océanographes : Depuis des décennies, notre communauté travaille à identifier et alerter la société sur les dangers que les pressions climatiques nous font courir. Nous observons depuis des années, comme nombre de nos concitoyens, le clivage entre annonces et (in)action publique. Les espoirs soulevés par les 149 propositions de la convention citoyenne sur le climat ont finalement été douchés : non-respect par le président de la République des engagements pris, propositions ignorées ou amoindries, et une loi Climat et résilience qui n’est à la hauteur ni du défi à relever ni des engagements initiaux. On pourra aussi citer l’annonce d’une planification écologique, en septembre 2023, après des demandes insistantes du Haut Conseil pour le climat. Six mois plus tard, aucun signe concret d’un changement de méthode. De plus, la présentation de la nouvelle loi de programmation pluriannuelle de l’énergie à l’Assemblée nationale est sans cesse repoussée.

Nous scientifiques, nous sommes soucieux d’éviter à notre société les tragédies combinées d’un emballement climatique et de dégradations écologiques de grande ampleur. Ne pas participer à la légitimation de discours déconnectés du réel est de notre responsabilité éthique.

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L’écologie scientifique, précurseur de l’écologie politique

extraits : Traditionnellement les politiques et les industriels imposent aux scientifiques leurs désirs de puissance ou de profit. Pour la première fois le GIEC (groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) risque de mettre les politiques et les industriels à l’écoute des scientifiques. Mais l’inquiétude grandit quand les carottages de glace en Antarctique révèlent, en 1985, que CO2 et réchauffement ont été corrélés dans le passé de la Terre. La politisation du débat se fait alors très rapidement : une conférence réunit en octobre 1985 à Villach (Autriche) des scientifiques et des fonctionnaires internationaux. Cela débouche sur la création du GIEC en 1988. Son premier rapport est publié en 1990….

GIEC et politique, l’incompatibilité demeure

extraits : Depuis l’ère préindustrielle, la température planétaire a déjà augmenté d’environ 1 °C. Le dernier rapport du GIEC du 8 octobre 2018 indique que le seuil de 1,5 °C sera franchi entre 2030 et 2052. « Ne pas dépasser 1,5 °C n’est pas impossible, mais cela demanderait des transitions sans précédent dans tous les aspects de la société. Or les émissions mondiales de gaz à effet de serre, après deux années de stagnation, sont reparties à la hausse en 2017 et, selon les premières données, atteindront un nouveau record cette année. Les engagements pris par les États lors de la COP21 de Paris, à supposer qu’ils soient tenus, conduisent pour l’instant la planète vers un réchauffement de l’ordre de 3°C à la fin du siècle »…..

Les scientifiques font de la politique

extraits : Plus de 1 000 scientifiques : « Les propositions de l’exécutif sur l’agriculture sont une régression pour l’environnement et la santé ». Un collectif de chercheurs spécialistes des questions d’écologie et de santé, parmi lesquels la Société française d’écologie et d’évolution, le conseil scientifique de l’Office français de la biodiversité et la réserve naturelle nationale du Val de Loire, s’alarme des décisions prises par le gouvernement pour mettre fin aux mobilisations des agriculteurs….

en 1971, Le Message de Menton

Ce message, signé par 2 200 hommes de science de 23 pays, a été remis à U Thant, alors Secrétaire général des Nations unies, le 11 mai 1971. Il est adressé aux « trois milliards et demi d’habitants de la planète Terre ».

« Nous savons que la Terre et tous ses habitants sont mal-en-point et que nos problèmes se multiplieront si nous négligeons de les résoudre. Que faire ? Dans les années 1940, quand fut décidée la fabrication de la bombe atomique en deux ans, les États-Unis ont investi deux milliards de dollars et mis à l’œuvre les spécialistes du monde entier. Dans les années 1960, les États-Unis ont dépensé entre vingt et quarante milliards de dollars pour gagner la course vers la lune. Il est certain que les recherches à propos de la survie de l’humanité l’emportent de loin sur la recherche atomique et spatiale. Il faut les entreprendre sans délai à la même échelle, et avec une conscience plus aiguë de leur caractère d’urgence. Nous en appelons à l’action en même temps qu’à la recherche.

Différer l’application des innovations technologiques dont nous ne sommes pas en mesure de prévoir les effets et qui ne sont pas indispensables à la survie de l’humanité. Ce qui inclurait les nouveaux types d’armement, les transports superfétatoires, les nouveaux pesticides dont les effets sont inconnus, la fabrication de nouvelles matières plastiques, l’implantation de grands complexes d’énergie atomique, etc. À quoi il faut ajouter les grands travaux dont les conséquences écologiques n’auraient pas été préalablement étudiées, les barrages, la « récupération » des jungles, les plans d’exploitation sous-marine, etc.

Il faut que de tels programmes soient assortis d’une baisse du niveau de la consommation des classes privilégiées, et que soit assurée une répartition plus équitable des ressources. Nous vivons en système clos, totalement dépendants de la Terre, et pour notre vie et pour la vie des générations à venir. Tout ce qui nous divise est infiniment moins important que ce qui nous lie et le péril qui nous unit. Nous croyons que l’homme ne gardera la Terre pour foyer que si nous écartons enfin ce qui nous divise. »

1 réflexion sur “Les océanologues font de la politique”

  1. – Facts about our ecological crisis are incontrovertible. We must take action
    (The Guardian 26 Oct 2018)
    – «Nous déclarons notre soutien à Extinction Rebellion»: lettre ouverte du monde académique suisse (Le Temps 21 octobre 2019)
    – L’appel de 1 000 scientifiques : « Face à la crise écologique, la rébellion est nécessaire »
    (Le Monde 20 février 2020)
    – « Faisant le constat de l’inaction des gouvernements face à l’urgence écologique et climatique, plus de 1000 scientifiques de toutes disciplines, parmi lesquels une trentaine de médaillé·e·s du CNRS ou de l’Académie d’agriculture et plus de cent (ancien·ne·s) directrices ou directeurs d’unité, appellent dans Le Monde les citoyens à la désobéissance civile et [patati et patata » (Scientifiques en rébellion février 2020)

    etc. etc. etc. !!!! Au stade où ON en est, le MONDE devrait con sacrer une tribune à un collectif de baleines.

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