Qu’on se le dise, le choix du nucléaire comme forme d’énergie a été une erreur fondamentale commise par tous les gouvernements depuis Pompidou, qu’ils soient de droite ou de gauche. Un présidentiable en 2017 ne devrait pas ignorer que le nucléaire civil est une annexe de la bombe atomique, d’où sa dangerosité prouvée lors des accidents de Tchernobyl et Fukushima. La sécurisation d’une centrale nucléaire nécessite une société policière bien organisée, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de pays et fait un pari risqué sur la stabilité politique à venir de la France. L’uranium comme source d’énergie fissile est importé et reste une ressource non renouvelable dont les stocks sont aussi limités dans le temps que les énergies fossiles. Les solutions alternatives (réacteurs de 4e génération) sont toujours à l’état de projet depuis plus de quarante ans ou ont déjà été abandonnées. La gestion des déchets est un véritable casse-tête vu leur dangerosité résiduelle sur de très longes périodes qui peuvent dépasser largement les siècles à venir. Le démantèlement des centrales est aussi un véritable casse-tête technique dont le financement est loin d’être assuré : il faudra payer pour déconstruire alors qu’EDF n’aura plus les revenus issus de la consommation d’électricité d’origine nucléaire. Nous avons donc classé les prétendants à la présidence de la France du plus convaincu de la sortie obligée du nucléaire au plus allergique au principe de précaution :
Pour Jean-Luc Mélenchon, l’«urgence écologique» impose une sortie totale du nucléaire d’ici à 2050 en passant à 100 % d’énergies renouvelables. Le candidat de la France insoumise est décidé à fermer Fessenheim et à abandonner le projet d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure. Il entend aussi enterrer le projet d’EPR (réacteur nucléaire de 3e génération) à Flamanville.
Benoît Hamon fixe un objectif de 50 % d’énergies renouvelables dès 2025. Le candidat PS est favorable à une sortie progressive du nucléaire, définitive vers 2050. Il souhaite la fermeture des centrales en bout de course (Fessenheim).
Emmanuel Macron souhaite s’appuyer sur le nucléaire pour produire l’électricité française ; mais le candidat d’En marche veut réduire la part du nucléaire de 75 % à 50 % à l’horizon 2025. Ce «mix énergétique» s’inscrit donc dans les pas de Hollande et de la loi de transition énergétique. Macron, qui veut fermer Fessenheim, ne dit rien sur le sort des autres centrales dites obsolètes.
Marine le Pen est favorable au nucléaire. La candidate FN est opposée à la fermeture de Fessenheim et prévoit de mener une politique de modernisation et de sécurisation des centrales. Elle souhaite que l’État garde la main sur EDF.
François Fillon projette d’élargir la durée d’exploitation des centrales nucléaires de quarante à soixante ans, sous réserve d’un avis contraire de l’Autorité de sûreté nucléaire. Le candidat LR entend revenir sur la fermeture de Fessenheim. Et plaide pour une gamme de petits et moyens réacteurs (SMR). Fillon veut consolider le nucléaire, «filière d’excellence» dit-il, en renforçant les études sur les réacteurs de 4e génération.
L’erreur fondamentale, ce n’est pas le nucléaire mais le choix d’une société basée sur la croissance et la consommation massive d’énergie. Les pays qui n’ont pas choisi le nucléaire ont choisi le charbon, le fioul ou le gaz,, émettant des tonnes de CO2 par habitant, et dépendant d’énergie fossiles en déplétion. Aucun n’a choisi la sobriété et la croissance zéro. .
Aucun des candidats ne veut vraiment revenir sur cette erreur (ni ne peux – les citoyens ne voudraient pas). Certes certains affichent leur volonté de diviser la consommation par 3, mais ils font également plein de promesses, comme la hausse du pouvoir d’achat, qui requiert de la croissance. Ils veulent d’ailleurs tous ‘relancer la croissance’. C’est de la démagogie.
Sinon, tu devrais regarder le programme nucléaire Chinois. Pour sortir du charbon (qui fait 1 million de victimes par an dans le monde, sans compter les conséquence sur le climat), la Chine non seulement investit massivement dans les énergies renouvelables, mais aussi encore plus massivement dans le nucléaire, avec des milliers de milliards de dollar d’investissement, et développant toutes les technologies possibles: thorium, sur-génération Pu, centrales flottantes, etc.