Il était une époque où l’Union européenne protégeait les citoyens sur le plan écologique bien mieux que les législations nationales. Les Etats membres faisaient en effet porter par Bruxelles le fardeau politique de décisions qu’ils ne voulaient pas assumer. Ce temps est malheureusement révolu. Stéphane Foucart conclut : « La Commission européenne offre une image désastreuse de son action et de ses organisations d’expertise satellites, suspectés de faire sciemment passer le chiffre d’affaires des champions industriels européens devant la santé et l’environnement des Européens eux-mêmes. L’évaluation et la gestion des risques sanitaires et environnementaux induits par l’activité industrielle sont souvent le fruit d’une coproduction le même objectif : maintenir le plus longtemps possible des produits sur le marché, y compris lorsqu’ils sont problématiques. Pesticides, perturbateurs endocriniens, normes d’émission des moteurs diesel, nanomatériaux, prévention des cancers professionnels : les exemples ne manquent pas. Certains rapports scientifiques sont rédigés sous l’influence des industriels… (Mais) la fin de l’Union signifierait simplement l’alignement de ses anciens Etats membres sur d’autres normes, américaines ou chinoises. Est-ce une si bonne idée ? »*
Sur notre blog nous disons qu’il ne faut pas se contenter de généralités. Nous écrivions déjà le 19 décembre 2015 : « le Tribunal de l’Union européenne a condamné la Commission européenne, mercredi 16 décembre, pour « avoir manqué à [ses] obligations » sur le dossier des perturbateurs endocriniens . » Voici une comparaison des avis des présidentiables 2017 sur les perturbateurs endocriniens, cette peste chimique qui peut entraîner des malformations congénitales et des anomalies du neurodéveloppement.
Dans un rapport sénatorial conjoint (PS etLR), les élus proposaient d’ interdire non seulement les PE «avérés» mais aussi ceux «présumés», au nom de «l’application du principe de précaution». Mais François Fillon a annoncé sa volonté de supprimer ce principe «dévoyé et arbitraire» de la Constitution. De son côté, Marine Le Pen fait de cette question une nouvelle preuve que «la protection du vivant et des consommateurs ne peut se faire dans le cadre de l’Union». C’est ce qu’écrit le parti dans un communiqué intitulé «Seul le Frexit nous protégera des perturbateurs endocriniens !» Jean-Luc Mélenchon botte en touche : « Par son retard dans l’adoption de la définition des perturbateurs endocriniens, la Commission met en danger la santé publique européenne. » Emmanuel Macron ménage la chèvre et le chou : tout en préconisant une «interdiction progressive de certains PE», il estime que leur «éradication complète n’est pas possible». Benoît Hamon est le plus incisif. Il présente un « plan pour une alimentation de qualité » en dix mesures, qui prévoit notamment d’interdire « les perturbateurs endocriniens, les nanoparticules et les pesticides dangereux » dans l’alimentation.
* LE MONDE du 21 mars 2017, Bruxelles face à la défiance