On disait encore, il y a peu, que les voyages forment la jeunesse. Mais le réchauffement climatique est passé par là. Doit-on alors se résigner à ce que nos enfants ne connaissent le lointain qu’à travers les images du monde ? La réponse est simple, c’est oui. Faire le tour de son jardin potager va bientôt devenir le passe-temps préféré des jeunes et des moins jeunes.
Clara Georges : Le taux de départ en vacances atteint 54 % en France. Si 72 % des plus aisés font leurs valises au moins une fois par an, c’est le cas de seulement 37 % des plus modestes. Nous parlons donc d’une minorité privilégiée. Mais quand on a traversé des dizaines de pays, comment ne pas devenir cynique et blasé ? Comment ne pas vomir le surtourisme et les files d’attente Instagram devant une statue ? Indéniable aussi qu’avec la montée de l’anxiété climatique nous y réfléchirions à deux fois avant d’émettre 15 tonnes équivalent CO2 pour un aller-retour à Bangkok. Alors, nos enfants sont-ils condamnés à vivre chaque voyage comme une transgression et une faute ? A ceux de ma génération, l’on a fourré dans les poches un Guide du routard, un billet low cost et une consigne : partez loin ! Et voici qu’un autre discours émerge : restez chez vous !
Le point de vue des écologistes sédentaires
Rappelons notre point de vue d’écologiste sur ce blog biosphere. Le tourisme de masse est en soi destructeur, dire qu’on ne peut pas le condamner au nom du social et de l’emploi est fantaisiste. L’explosion touristique dans beaucoup d’endroits de la planète a entraîné des dégâts considérables en termes d’urbanisme, de pression sur la ressource en eau, de rapports sociaux proches de l’esclavage, de dépendance des emplois envers l’afflux de touristes. On a vécu, à l’époque de la pandémie et de la limitation des déplacements, les lamentation des destinations touristiques : les opérateurs criaient famine, mais c’était un temps écolo. Aujourd’hui en 2023 les touristes sont malheureusement revenus en nombre, mais ils ont été souvent accablés par la canicule et cernés par les flammes des incendies. On ne pourra pas longtemps vivre comme si on n’avait pas mis la planète au pillage…
Michel SOURROUILLE : Que les jeunes adultes partent à pied ou en vélo faire connaissance avec la brutalité uniformisée de notre monde, pourquoi pas. Ce sont des voyageurs, pas des touristes. Pour les hordes qui envahissent les « lieux de rêve », j’espère que les révoltes des habitants du cru pour les rejeter ou les rançonner prendra une juste ampleur…
Zahnstocher : Les voyages en avion vers la plage de Bangkok n’ont jamais formé la jeunesse. J’en connais par contre qui ont pris une année pour faire un tour du monde à vélo. Il va falloir se rendre compte que ce qui crame la planète n’est pas le voyage, mais le tourisme au loin en coup de vent.
Miam : Avant même de parler de réchauffement, y’avait un truc qui me déplaisait hautement : le regard des pauvres et des esclaves saisonniers, qu’on pouvait croiser presque partout… sauf à rester dans son palace, mais à quoi bon ? Se déplacer dans des régions où la majorité des humains peinent pour manger et se mettent à terre pour grappiller ce qu’on veut bien lui jeter est (était, reste) pour moi une absurdité … Pour connaître il faut vivre au milieu, pour plusieurs mois, années, s’installer, travailler.
X.ARANUI : Il faut renoncer à tous ces voyages. Désormais, la prise de conscience de notre empreinte carbone est une priorité. On ne peut plus faire comme avant . Avant, c’est dépassé.
L Éveillée : Imaginez ce débat en Inde ou en Chine (3 milliards d’habitants) leur rêve étant de visiter Paris et Venise, et ils le font et le feront de plus en plus, c’est eux qu’il faut convaincre.
InG : Moi, quand j’étais petite dans les années 70, on ne voyageait pas tant que ça. Étions-nous pour autant des enfants moins heureux de vivre.
En savoir plus grâce à notre blog biosphere
Les écolos, pour ou contre le tourisme ?
extraits : L’explosion du transport aérien depuis le premier vol « charter » en 1954, la baisse considérable des prix de vente des billets corrélée au développement du modèle « low cost » ont favorisé la croissance d’une forme de tourisme dite « de masse ». Ce modèle, basé sur des séjours de courte durée déconnectés de toute notion de distance, mettant les destinations en concurrence et contribuant à une surconsommation intenable de transports carbonés, qu’ils soient par avion ou par paquebot, est destructeur pour la planète et les populations d’accueil.…
Il est absolument nécessaire de supprimer un passe-temps créée au XIXe siècle pour les privilégiés qui faisaient leur tour d’Europe. Le » droit au voyage » pour loisirs n’existe pas, c’est une revendication à consommer du voyage sans autre fin qu’un dépaysement temporaire et destructeur.
Le slogan publicitaire « plus vite, plus loin, plus souvent et toujours moins cher » doit être remplacé par son inverse….
Pas besoin en effet d’aller bien loin pour observer la brutalité (multiforme) du monde.
Même pas besoin de vélo. Suffit de se tenir un peu au courant, d’observer les comportements, et les raisonnements, en attendant.
S’asseoir cinq minutes sur un banc, et regarder les gens, tant qu’il y en a.
Tiens, par exemple, observer les «braves gens» face aux Migrants, qu’ils voient à la Télé.
Se demander s’ils les voient comme des voyageurs ou comme des touristes.
N’importe quoi ! Les deux et en même temps, pardi. Comme des envahisseurs avant tout ! Des hordes de zétrangers qui viennent manger l’pain des Français !
Qui viennent jusque dans vos draps, zégorger vos fils zé vos compagnes !
Regarder la volaille et les bœufs se «révolter»… les voir voter, «utile» comme ils disent…
Pour préserver leurs «lieux de rêve». Misère misère !