Une correspondance qui permet d’en savoir plus sur notre désir de fécondité :
Anne-Marie : Le mouvement Childfree me questionne. Il témoigne d’une exaltation un peu inquiétante activée par le déni ambiant de la surpopulation et par la dramatisation médiatique des enjeux pour la planète. La radicalité, un mot à la mode chez les jeunes de moins de 30 ans, si elle est courante et quasi normale, ne doit pas être encouragée à tomber dans l’irréversible de la vasectomie ou de la ligature des trompes. Childfree est une réponse à l’angoisse qui monte quant à l’avenir, mais une réponse inadaptée car elle est sacrificielle. Les Cathares il y a bien longtemps ont échoué à réformer la religion ; l‘histoire n’en a retenu que les bûchers, les médias actuels ne retiennent des Childfree que le sensationnel. mais qu’ils n’ont pas d’autre choix à présent. Les médecins ont raison de refuser de stériliser les jeunes qui n’ont pas d’enfants. On peut cependant dire que les humains ne sont pas voués à la procréation sans limite…
Alice : Personnellement, je ne suis pas d’accord avec le fait de dire que les médecins ont tort de stériliser les jeunes sans enfants. On peut être jeune et très bien savoir ce que l’on veut, et être jeune n’empêche pas de comprendre qu’une stérilisation chirurgicale, c’est définitif (d’autant qu’il y a un délai de réflexion de 4 mois, plusieurs entretiens avec le chirurgien qui s’assure que vous avez bien compris que, etc.). Quand on sait qu’on ne veut pas d’enfants, la contraception encombre l’esprit en pure perte, provoque des angoisses (pilule oubliée, préservatif qui craque, aïe aïe aïe vite une pilule du lendemain, mon Dieu, mes règles vont-elles arriver ? Si je suis enceinte et que je ne peux pas avorter, je me jette dans la Marne etc.). Une telle situation mène éventuellement à des IVG (toujours pénibles, ne serait-ce qu’au niveau des démarches à accomplir pour y accéder), voir à un « burn-out contraceptif » (« overdose » de tous les moyens de contraception, comme ce fut mon cas), bref, gâche la vie. La démarche n’a rien de « sacrificielle ». On se fait stériliser pour être tranquille une bonne fois pour toute, c’est-à-dire qu’on se fait stériliser pour soi. Les « childfree » ne sont pas des écologistes : ce sont des égoïstes 😉 Leur discours, c’est davantage « Les enfants, c’est chiant » que « Les enfants, ça pollue ». Ceux qui se font stériliser, jeunes ou pas, savent très bien ce qu’ils font. Le délai de réflexion, concernant la parentalité, il commence depuis l’enfance. Cela se voit au niveau des statistiques : le taux de regret des stérilisations est d’environ 4 %. Celui des parents qui regrettent d’avoir procréé est beaucoup, beaucoup plus élevé (au moins 13 %). Faites le test autour de vous : vous trouverez plusieurs personnes qui admettent regretter avoir eu des enfants. Mais si vous avez dans votre entourage une personne stérilisée, elle sera probablement ravie de l’avoir été. Personnellement, je n’ai qu’un regret : ne pas l’avoir fait avant.
Lire aussi, Nullipares, childfree, les personnes sans enfants
Honnêtement, on ne se fait pas stériliser pour sauver la planète, même si c’est provocateur et donc intéressant du point de vue militant de le clamer sur tous les toits -comme je le fais, parce que ça fait réagir et qu’au moins comme ça, les partisans de la démographie responsable « classique » paraissent modérés et donc plus audibles. Un peu comme l’arrivée des Femen (ces féministes russes qui manifestaient nues, à grandes gestes, à grands cris, slogans écrits à la truelle) a fait, par effet d’optique, paraître les féministes « classiques » (dont je fais partie) modérées. Dans toutes les causes, il faut des épouvantails, sinon l’épouvantail c’est vous. Voici pour mon humble avis de personne ayant vécu la stérilisation dans sa tête et dans sa chair (pour la plus grande joie des deux) . Une stérilisation, c’est irréversible, oui. Mais un enfant aussi. Et je pense qu’à l’inverse des périls écologiques qui nous menacent, la stérilisation qui, il faut le rappeler, est la méthode de contraception la plus utilisée au monde, doit être non seulement dédramatisée mais encouragée. Dans nos sociétés, toute nouvelle naissance constitue une tragédie écologique sans nom. Personnellement, si j’étais à la tête de ce pays, en plus des autres mesures de réforme de la natalité que je prendrais (suppression des allocations familiales aux naissances, instauration d’un malus écologique au 3ème enfant), j’offrirais une prime de 100 000€ + des avantages sociaux à toute personne sans enfant (homme ou femme) se faisant stériliser. Et les chirurgiens qui refuseraient de procéder à des stérilisations (comme à des IVG) perdraient leur qualité.
Anne-Marie : Merci Alice pour votre franchise et pour cette occasion d’échange de points de vue. Regret d’avoir eu des enfants… oui, certaines l’expriment même tout à fait publiquement… Dans toutes les civilisations et à toutes les époques, l’enfant a été à la fois sacralisé et sacrifié. Chacun devenu adulte doit s’en débrouiller comme il peut ! J’entends bien votre position personnelle et partage bien sûr, ce que vous dites des angoisses des femmes concernant la contraception et ses aléas. Les femmes de mon âge ont connu l’époque où il fallait avorter clandestinement et sans sécurité, en Suisse ou en Angleterre. Pour notre génération, la pilule a été une libération inédite. Il est donc question de différence d’âge et de différence de désir. Sur ce dernier point, il n’y a rien à dire, bien sûr. Je vois aussi votre détermination. Là où je vous suis totalement, c’est quand vous pointez du doigt le faux semblant de la préservation de la planète. La question de la procréation fait trop partie de notre histoire intime pour que cet alibi fasse longtemps illusion. Quant aux mesures auxquelles vous songez pour restreindre les naissances, cela pourrait sans doute, faire partie d’un autre débat…
à lire, Serge Livrozet, Lettre d’amour à l’enfant que je n’aurai pas
(éditions Lettres libres, 1982)
– « Cela se voit au niveau des statistiques : le taux de regret des stérilisations est d’environ 4 %.
[…] Personnellement, je n’ai qu’un regret : ne pas l’avoir fait avant.» (Alice)
Au sujet de ces statistiques, au moins une étude en France a essayé d’évaluer ce regret.
( Regret après stérilisation tubaire hystéroscopique par technique Essure® )
Cette étude s’est déroulée entre juin 2005 et décembre 2011, elle portait sur 452 patientes ayant bénéficiées de cette stérilisation. 306 (sur les 452) ont répondu. Résultats :
17 sur 306 (soit 5,5 %) ont exprimé un sentiment de regret après la stérilisation.
7 sur 306 (2,3 %) ont consulté pour envisager la possibilité d’une nouvelle grossesse.
Qu’il soit de 4 ou de 5,5% ce taux de regret reste en effet relativement faible.
Seulement cette étude porte sur trop peu de cas. Soulignons que ces 452 femmes avaient un âge moyen de 41,4 ans [39,1 ; 43,7] et que le recul moyen après la stérilisation était de 43 mois [40,1 ; 45,9].
Alice dit regretter de ne pas l’avoir fait avant… il n’y a aucune raison de ne pas la croire. Alice dit aussi qu’on peut être jeune et très bien savoir ce que l’on veut… Oui on peut.
Comme on peut très bien aussi ne pas savoir du tout ce qu’on veut. L’âge ici ne fait peut être rien à l’affaire, seulement chez les jeunes ce n’est quand même pas si rare que ça.
Je rejoins donc Anne-Marie quand elle dit : «Les médecins ont raison de refuser de stériliser les jeunes qui n’ont pas d’enfants.»
– « Honnêtement, on ne se fait pas stériliser pour sauver la planète, même si c’est provocateur et donc intéressant du point de vue militant de le clamer sur tous les toits -comme je le fais, parce que ça fait réagir et qu’au moins comme ça, les partisans de la démographie responsable « classique » paraissent modérés et donc plus audibles. […]
Dans toutes les causes, il faut des épouvantails, sinon l’épouvantail c’est vous.»
Ce passage d’Alice est très intéressant. Les guillemets à «classiques», cette histoire d’épouvantails… tout ça est très intéressant. J’aimerais donc que Didier Barthès développe.
Qu’il nous révèle notamment, et aussi honnêtement qu’Alice, à quoi ressemblent ces épouvantails* du côté de son association. Et en quoi le discours de certains, participe à rendre celui de Démographie Responsable plus audible, et plus crédible.
* épouvantails ? Ne devrait-on pas plutôt dire … marionnettes ?
Ces deux témoignages sont aussi intéressants l’un que l’autre. C’est ce que j’appelle un véritable échange, rien à voir avec ces «débats» à la con dont nous avons l’habitude.
– Anne-Marie se pose les bonnes questions quant au mouvement Childfree. Elle y voit «une exaltation un peu inquiétante», elle parle de «La radicalité, un mot à la mode chez les jeunes de moins de 30 ans», elle dit «Childfree est une réponse à l’angoisse qui monte quant à l’avenir» etc. Je suis entièrement d’accord avec elle.
– Alice lui dit : «Personnellement, je ne suis pas d’accord avec le fait de dire que les médecins ont tort de stériliser les jeunes sans enfants [etc]». Personnellement, sur ce point je ne suis pas d’accord avec Alice. Mais cela pourrait sans doute, faire partie d’un autre débat…
– Mais Alice dit aussi : « Honnêtement, on ne se fait pas stériliser pour sauver la planète […] Les « childfree » ne sont pas des écologistes : ce sont des égoïstes.»
C’est exactement ce que je pense moi-aussi. Et Alice a au moins l’honnêteté de le dire clairement. Chapeau Alice !
– Et à la fin Anne-Marie dit à Alice : «Merci Alice pour votre franchise […] Là où je vous suis totalement, c’est quand vous pointez du doigt le faux semblant de la préservation de la planète.» Chapeau Anne-Marie ! Chapeau mesdames !
Voilà donc un point, et non des moindres, qui devrait faire qu’on arrête de nous enfumer avec ça. Je ne cesse de le dire, depuis maintenant des années : L’écologie a bon dos !
Un sondage*, commençant à dater (2010), nous dit qu’en France, parmi ces 5% de la population ne souhaitant pas avoir d’enfant (6,3 % d’hommes et 4,3% de femmes), les motifs PRINCIPALEMENT avancés par ces individus est le désir de «rester libre» et celui de l’épanouissement personnel.
* L’enquête Fécondité, contraception et dysfonctions sexuelles (Fecond) a été réalisée en 2010 par l’Inserm et l’Ined auprès d’échantillons aléatoires de 5275 femmes et 3373 hommes âgés de 15 à 49 ans.
– « Malheureusement l’article du MONDE insiste sur la superficialité des considérations individualistes : » ( BIOSPHERE le 28 février 2018 dans «Nullipares, childfree, les personnes sans enfants»)
Malheureusement Biosphère ne veut pas voir que les considérations individualistes écrasent le réel souci de l’environnement (l’écologie).
« _on ne se fait pas stériliser pour sauver la planète, »
Quelle expression stupide digne de ces climatocrétins à la Greta Carbone ou Adelaide Charlier (de Belgique) et quelle prétention de la part du bipède invasif et présomptueux😒
qui s’ imagine qu’ avec ses aspirateurs à CO2 / CH4 et ses biglotrons , ils va enrayer la menace climatique😂😂😂😂😂😂
Malgré cela , le témoignage de Alice est éclairant et j’ avoue éprouver une certaine compassion à son endroit .
Prétendre «sauver la planète» ou «sauver le climat»… on le sait c’est stupide.
C’est juste une expression. Comme «développement durable», «neutralité carbone» et tout un tas d’autres âneries du genre. Certes il est toujours bon de remettre les pendules à l’heure, sauf que ce n’est pas ça le sujet du jour. Mais bien sûr tout est lié.
Derrière ces expressions, à la con, il y a un mot : ÉCOLOGIE.
Un mot qui renvoie à une idée, une idéologie (système d’idées).
Je le redis : L’ÉCOLOGIE a bon dos !
Sur un moteur de recherche, il suffit de taper «lettre à l’enfant que je n’aurai jamais», pour voir qu’il n’en manque pas. Je vois celle de Jeanne (Besançon, 20 ans), celle de Sexthine (28 novembre 2018), et d’autres écrites par des femmes qui ont fait le choix (avec ou sans « ») de ne pas en avoir.
Serge Livrozet est un homme, et lui aussi a besoin d’écrire. D’ailleurs les premières pages de son bouquin sont consacrées au Droit d’écrire. On le sait, l’écriture est une bonne thérapie. Ce qui fait qu’on se demande si cette lettre d’amour, à l’enfant qu’il n’aura pas… n’est pas et en même temps… une lettre de désamour au monde de l’édition, des me(r)dias et du Fric en général. Bref un cri de douleur face à ce monde dans lequel nous vivons, ce monde dans lequel il ne souhaite évidemment pas voir cet enfant… qu’il n’aura donc pas.
Plus loin je trouve la lettre d’une femme, qui souffre elle aussi. Et qui a donc besoin de le dire, de l’écrire. Celle-là commence comme ça : «À toi, l’enfant que je n’aurai jamais, Je voulais te dire que j’aurais tellement voulu t’avoir [etc.]» Là il s’agit d’une autre histoire, qu’il faut raconter, une autre douleur qu’il faut évacuer, exprimer.
– « Lettre d’une femme infertile : à toi, l’enfant que je n’aurai jamais. »
( Publié le 5 octobre 2017 par Audrey Latour ).
Il y en a une autre, que j’aime beaucoup, c’est celle que chante Maxime le Forestier :
– « Toi le frère que je n’ai jamais eu ».
Avoir un frère, ou une soeur… ce n’est pas rien tout de même… si ?
Et ça aussi il ne faudrait peut-être pas l’oublier.
Ce n’est pas rien dans tous les cas, mais le fait que ce soit quelque chose n’est pas forcément quelque chose de bien ! Ça peut être un frère de bien ou un frère mauvais, ou encore une sœur bien ou une sœur mauvaise. J’en sais quelque chose, j’ai 5 frères et 2 sœurs, alors vivre l’expérience permet d’être vraiment fixé sur le sujet ! Par exemple, si je te présentais une de mes sœurs, tu regretterai vite de la connaître ! Déjà elle aurait préféré être enfant unique, ça en dit déjà long sur le sujet. Mais surtout, elle est prête à tout, vraiment tout pour parvenir à ses fins !
Je ne sais pas si tu as vu le film de François Ozon = 8 femmes. Ben ma sœur c’est le rôle d’Isabelle Hupert mais en pire et bien plus méchante ! Elle se roule à terre en faisant croire qu’elle va mourir pour manipuler les gens par la peur et l’émotion afin qu’on la plaigne, elle est capable de se blesser elle-même et porter plainte contre toi. Elle a même volé nos parents ! Elle a manipulé mes parents fragiles (azheimer/parkinson) pour faire signer des papiers afin d’accéder à leurs comptes bancaires pour obtenir plein pouvoir ! En plus de ça elle s’arrange pour faire croire que c’est un autre membre de la famille qui a volé. Et là je ne t’évoque que un échantillon de ce qu’est capable ma sœur.
En tous cas j’espère pour toi que dans le lot tu en as aussi des biens.
Tu dis « Déjà elle aurait préféré être enfant unique, ça en dit déjà long sur le sujet». J’en déduis que tu penses que l’enfant unique ce n’est pas ce qu’on peut faire de mieux. Et je suis d’accord avec toi.
Quant à ta pauvre soeur, dis-toi qu’elle a la chance de t’avoir. 🙂
Oh non cette sœur là, je l’évite au plus haut point ! Déjà je ne veux plus être simultanément invité à une réunion de famille simultanément avec elle ! De toute façon, même mes autres frères et sœurs ne veulent plus la voir, car depuis qu’elle a volé mes parents, mes frères et sœurs se devaient de renflouer le compte de mes parents. Bah oui mes parents en maison de retraite, les prélèvements pour financer leur placement en Ephad étaient rejetés et il fallait renflouer derrière ! Alors imagine la tête de mes autres frères et sœurs ! Quand ma sœur vole elle ne fait pas semblant, en moins d’1 semaine elle peut te shoorer 1000 euros ! Et ce genre d’opération elle répète ça toutes les semaines !
Quant à mon autre sœur, c’est tout l’inverse, c’est le jour et la nuit entre les deux ! Elle a plutôt la main sur le cœur. Enfin globalement les autres frères ça se passe bien aussi, hormis un que j’évite à cause de son penchant pour l’alcool et qu’il a le vin mauvais.
En attendant, je vois que toi aussi tu as besoin d’écrire.
Dis-toi que tu as la chance d’avoir une frangine bien, même très bien. Et des frangins plutôt pas trop mal. Un conseil… ne te met pas trop la pression à cause de cette chipie, la juste mesure. La pression, il ne faut pas se la mettre. Juste la boire. Avec modération bien sûr. 🙂