Les alarmes des scientifiques sur la perte de biodiversité ne manquent pas. Par exemple, un tiers des espèces coralliennes est menacé d’extinction (LeMonde du 12.07.2008). Dans le même article, on nous annonce aussi que la barrière de corail en Nouvelle-Calédonie vient d’être classée par l’Unesco au Patrimoine mondial de l’humanité. Est-ce suffisant ?
D’abord ce patrimoine mondial souffre lui-aussi de la suprématie totale donnée à l’espèce humaine. En effet la Convention concernant la protection du patrimoine mondial, adopté en 1972, ne comptait en 2006 que 160 naturels sur 812 sites classés contre 628 strictement culturels (et 24 mixtes). Ensuite la création d’un sanctuaire ne suffit pas. Le Comité du Patrimoine mondial a retiré ce statut à la zone d’Oman consacrée à la protection d’un troupeau d’oryx. Cette population s’était réduite à 65 individus, dont seulement quatre couples reproducteurs, ce qui rendait son avenir incertain. Paradoxalement, Oman avait décidé de réduire la taille de la zone protégée de 90 %. Le sultanat préfère la prospection pétrolière à la protection des antilopes oryx, car que représente la vie de quelques bestioles face à la puissance de l’or noir ? De toute façon tout est relié, l’homme, les coraux, les antilopes. Les coraux souffrent du réchauffement climatique, un effet de serre lié à la combustion de pétrole. Rien ne parvient à enrayer l’invasion et la destruction par la société thermo-industrielle de nos écosystèmes.
J’espère qu’un jour tous nos péchés contre la Nature nous amèneront à penser que le bien-être et l’épanouissement de la vie humaine sur Terre a une valeur intrinsèque, indépendante de l’utilité que peut représenter le monde non-humain pour nos intérêts humains. C’est là le message essentiel de la philosophie de l’écologie profonde, c’est la seule espérance qui puisse me rendre mon optimisme.