L’idéologie du développement, anti-écolo

Baptiste Lanaspeze fait paraître chez Wildproject, sa maison d’édition, la traduction de Plurivers. Un dictionnaire du post-développement (550 pages, 25 euros). Une critique radicale du développementisme.

Lire, Combattre la religion de la croissance, Sisyphe en acte

Baptiste Lanaspeze : Le terme « développement » paraît inoffensif, mais il repose en fait sur la reconduction industrielle de la relation coloniale. Adossé au diagnostic du désastre écologique, on ne peut plus se référer à l’idéologie du développement comme un point de repère stable et sérieux. La modernité met en œuvre la destruction simultanée de la nature et des cultures vernaculaires. Par contre les pensées écologiques, Henry David Thoreau [1817-1862] ou Arne Næss [1912-2009], détruisent le cosmos de l’homme blanc moderne, en réhabilitant pleinement l’idée de nature. Le livre Plurivers critique des solutions qui laissent croire que la technique pourrait résoudre les problèmes écologiques et que l’on pourrait concilier développement et durabilité. Pour les auteurs de Plurivers, le système du développement ne peut pas être écologique. Il faut en sortir.,La notion de plurivers – et de pluriversel – est clairement une réponse à l’universel et à l’idée de monde unique. Il s’agit de penser la variété interne de notre monde commun. L’humanité s’est, de tout temps, exprimée à travers une très grande variété de traditions, de cultures, de langues. Avoir peur du pluriversel, c’est-à-dire d’une organisation mosaïque de l’humanité, c’est avoir peur in fine de l’humanité.

Le point de vue des écologistes

Baptiste Lanaspeze en 2007 : Le fait d’accorder une valeur en soi au monde naturel ou, en d’autres termes, de quitter l’ancien point de vue anthropocentrique pour adopter un point de vue « écocentrique », c’est ce qui caractérise pour le philosophe norvégien Arne Naess le passage à l’écologie profonde. Que l’on n’ait cessé de dénoncer une « rupture avec l’humanisme » là où il s’agit d’approfondissement des valeurs, voilà qui peut sembler étrange. Car ce dont il s’agit précisément pour Naess, c’est de réformer l’éthique et la métaphysique, pour permettre à l’homme de vivre une vie meilleure au sein de ce qui l’entoure (…) Assumer ce label de deep ecology, c’est rappeler à l’humanisme étroit qu’il a raison de ne pas aimer la deep ecology, car la deep ecology ne l’aime pas non plus. (L’écologie profonde n’est pas un « totalitarisme vert »)

Lire, l’invention de l’écologie profonde avec Arne Naess

Gilbert Rist : « Le « développement » est un leurre agité par les puissances occidentales pour mondialiser leur propre système.Cela commence avec l’article 22 du pacte de la Société des nations (1919) : « Les principes suivants s’appliquent aux colonies et territoires qui sont habités par des peuples non encore capables de se diriger eux-mêmes dans les conditions particulièrement difficiles du monde moderne. Le développement de ces peuples forment une mission sacrée de la civilisation. La meilleure méthode de réaliser pratiquement ce principe est de confier la tutelle des ces peuples aux nations développées. »

Ce texte utilise pour la première fois dans la littérature internationale la notion de « degré de développement » pour justifier un classement des nations, tout en affirmant qu’il existe, au sommet de l’échelle, des nations « développées ». La colonisation acquiert ses lettres de noblesse ! Cela se poursuit en 1949 avec le point IV du discours d’investiture de Truman. Pour la première fois l’adjectif « sous-développé » apparaît dans un texte destiné à une pareille diffusion. Cette innovation terminologique introduit un rapport inédit entre « développement » et « sous-développement ». A l’ancienne relation hiérarchique des colonies soumises à leur métropole se substitue un monde dans lequel tous les États sont  égaux en droit même s’ils ne le sont pas encore en fait. Dans ces conditions, une accélération de la croissance apparaît comme la seule manière logique de combler l’écart.

Non seulement on évacue les effets de la colonisation, du démantèlement de l’artisanat, de la  déstructuration des sociétés, etc., mais encore on fait comme si l’existence des pays industriels ne transformait pas radicalement le contexte dans lequel évoluent les candidats à l’industrialisation. Ainsi, à partir de 1949, plus de deux milliards d’habitants de la planète ne seront plus Aymaras, Bambaras, Berbères, Mongols ou Quechuas, mais simplement « sous-développés ». L’esprit est conditionné au sous-développement lorsqu’on parvient à faire admettre aux masses que leurs besoins se définissent comme un appel aux solutions occidentales, ces solutions qui ne leur sont pas accessibles. Car en cessant d’être un processus endogène et autocentré d’évolution spécifique à chaque société, le développement ne pouvait plus être une dimension de l’histoire humaine, seulement une imposture. »

19 réflexions sur “L’idéologie du développement, anti-écolo”

  1. Comprenne qui pourra

    32 commentaires, et 33 avec celui-ci. Dont plus de la moitié hors-sujet, inadaptés, inappropriés comme dit la Modération, dont celui-ci bien sûr. Je vous laisse le loisir de vérifier, de compter. Du développement, par essence anti-écolo, ce dont il eut peut-être été intéressant de discuter… eh ben non, le «débat» a glissé sur le racisme anti-Blanc, le wokisme, et le grand n’importe quoi bien sûr. Et merci qui ?
    Quand je dis que tout est bon (le Poumon vous dis-je ! ) c’est sans compter tout ça. Comme par hasard certaines idéologies sont étroitement liées. Mais dire cela, vous comprenez, c’est refuser de regarder la réalité en face. Bref, c’est le monde à l’envers.

  2. – «Le wokisme et un certain racisme antiblanc (…) sont bel et bien une réalité indéniable . L’ islamogauchisme aussi [etc.]» (MARCEL DUTERTE À 16:41)

    La seule chose qui soit une réalité indéniable, c’est en effet ce «un certain racisme antiblanc». Comme il existe un racisme anti-noirs, un racisme anti-jaunes, un racisme anti-juifs et j’en passe, il existe évidemment un racisme anti-blancs (ou antiblanc). Seulement ce racisme anti blanc dont a parlé Didier Barthès À 10:46 n’est rien d’autre que ce «racisme antiblanc» dit aussi «racisme inversé». (Le mythe du racisme inversé – mahnazmezon.com)
    Ces concepts sont récents, ils ne peuvent déjà que nous enfoncer toujours plus dans la grande confusion. D’autre part on sait d’où ils sortent. (Le racisme anti-Blanc, un concept hérité du FN – Le Figaro 26/09/2012).

  3. « L’idéologie du développement, anti-écolo »

    Le développement est synonyme de croissance puisqu’ils vont de paire, tous les économistes et politiciens veulent du développement pour obtenir de la croissance ! Y compris chez nos écolos d’ailleurs, mais en version plus hypocrite car ils appellent ça croissante verte et développement durable ! Puis les électeurs écolos sont hypocrites ou pas cohérent car ils veulent plus de pouvoir d’achat mais en polluant moins, voir en ne polluant pas du tout ! Alors qu’en vérité c’est impossible d’avoir les deux, plus on achète des biens et services plus on pollue, puisque les biens et services sont des matières et des énergies transformées ! A partir du moment qu’on utilise de l’énergie on pollue, y compris en exploitant la force motrice humaine.

    1. Mais bon les écolos nomment ça de la croissance verte, il suffit juste d’ajouter le mot verte à croissance pour faire croire que c’est écolo et vertueux, d’ailleurs l’hypocrisie aussi consiste à ajouter le mot naturel à gaz, genre le gaz naturel ça ne pollue pas ? Et qu’est ce qui distingue la croissance verte d’une croissante bleue ou rose ? Ou encore l’oxymore développement durable puisque le développement consiste à transformer les choses tandis que durable consiste à vouloir garder les choses à l’état initial (autrement dit il ne faut pas transformer) Alors qu’est ce qui distingue un développement durable d’un développement tout court ? Bref, il est clair et évident qu’on ne procède qu’à du green washing et que nos politiciens ont fabriqué une dialectique pour continuer de consommer et polluer au même rythme qu’avant mais en se donnant bonne conscience !

  4. développementisme

    – « Social, humain, local, durable… Le développement a récemment revêtu des « habits neufs » qui satisfont les critères des organisations internationales telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Mais la logique économique est restée la même, et le modèle de développement conforme à l’orthodoxie néolibérale. Or le développementisme repose sur des croyances eschatologiques en une prospérité matérielle possible pour tous – que l’on sait dommageable et insoutenable pour la planète. Il faut donc remettre en cause les notions de croissance, de pauvreté, de besoins fondamentaux, et déconstruire notre imaginaire économique, ce qui affecte l’occidentalisation et la mondialisation. [etc.] »
    ( Présentation de l’éditeur – Survivre au développement : De la décolonisation de l’imaginaire économique à la construction d’une société alternative – Serge Latouche – 2004 )

  5. Didier BARTHES

    L’intérêt ? Parler d’une réalité évidente que vous ne voulez pas voir à cause d’un présupposé idéologique
    Quand à nier l’islamo-gauchisme, que vous répondre ? Vous refuser de regarder les choses en face.

    1. Parti d'en rire

      En attendant, je ne vois pas bien le lien entre ce racisme anti-blanc et l’idéologie du développement. Probablement à cause de ces foutues lunettes. Si ce n’est de ce foutu présupposé idéologique qui m’empêche de regarder les choses en face.

  6. On n’a pas forcé l’Arabie Saoudite et le Qatar a adopté tous nos objets technologiques, les arabes le font de leur propre initiative; y compris pour des armes qu’ils commandent ! Pas besoin de les pousser, les inciter ou quoi que ce soit ! Pourquoi les africains migrent vers l’Europe ? Pour avoir tout le confort technologique ! D’ailleurs, il suffit d’aller voir dans les quartiers de banlieue ! Dans les quartiers ils dealent de la drogue pour gagner de l’argent, mais de cet argent les dealers n’aident pas leur population de leur pays d’origine, ils veulent de l’argent pour se payer des grosses bagnoles, des filles et du champagne !

    1. Ils ne dealent pas de la drogue pour développer l’Afrique et Maghreb plus rapidement, ils dealent pour mener une vie de luxe ! Donc oui les peuples adoptent l’hyper consommation dès qu’ils le peuvent ! La seule différence étant qu’on a fait les découvertes scientifiques pour y accéder avant eux, mais ils ne sont en aucun cas meilleur que nous par la volonté de sauver l’environnement ! Par ailleurs en Afrique aussi, des populations coupent des arbres pour se chauffer ou chauffer leurs aliments, pourtant ils n’ont pas beaucoup de technologies, mais pour autant ils ne replantent pas des arbres derrière pour renouveler ce qu’ils prélèvent à la nature ! Or c’est la France qui s’est mise en première à replanter des arbres sur son sol il y a de cela plusieurs siècles ! Alors oui il n’y a pas lieu à s’auto-flageler les autres populations ne sont pas plus vertueuses que nous.

    2. – « On n’a pas forcé l’Arabie Saoudite et le Qatar [etc.] »
      Et bien sûr tu penses que la colonisation du monde arabe, comme par hasard par les Européens à la fin du 19e et début du 20e siècle n’a rien à voir avec ça. Pas plus que les États-Unis dans la modernisation de l’Arabie saoudite à partir de 1945 (pacte du Quincy). Mais bien sûr parler de colonisation, de capitalisme etc. c’est un discours de gauche, c’est faire dans le wokisme, dans le racisme anti-blanc et patati et patata.

      1. L’Arabie et le Qatar achètent des clubs de foot pourtant on ne les a pas forcé ! Il y a même un saoudien qui a bâti un palais dans le sud de la France et sans permis de construire ! Ils adoptent nos modes de vie parce qu’ils les jugent plus confortables ! D’ailleurs les africains et maghrébins qui viennent en France, pareil on ne les force pas à venir, c’est bien parce qu’ils veulent obtenir le même train de vie ! Ils ont envie de grande maison de Bmw de Mercedès de Porshe, de piscine à domicile ! Hein ! Parce qu’on ne les a pas forcé non plus à devenir footballeur ! Les footballeurs africains et mahgrébins qui perçoivent des millions d’euros en jouant dans une équipe européenne, ils ne se servent pas de leur argent pour développer leur pays et leurs congénères mais pour consommer et polluer comme des goinfres au même titre que Bill Gate !

      2. Ben oui tu détestes l’exemple parce que ça prouve le contraire par des preuves de ce que tu nous racontes ! Tiens tous les afro-américains qui sont millionnaires et milliardaires aux USA, tu crois qu’ils dépensent leur argent pour l’écologie ? Pour l’environnement ? Pour le social afin d’aider leurs congénères en Afrique ? Non pas du tout ils kiffent les gros bijoux en or qu’ils arborent sur toutes leurs photos, les grosses bagnoles, des grosses baraques, les piscines ! Alors faire croire que seule la race blanche pollue et est la cause de la pollution est d’une escroquerie intellectuelle sans borne !

  7. Didier Barthès

    Que le développement, l’ augmentation des biens matériels et des activités de l’homme sur la Terre pose des problèmes dans un monde fini, c’est une évidence (on pourrait donner d’autres définitions du développement, mais prenons cette acceptation représentative de ce que l’on entend généralement).
    Par contre, cette association à l’homme blanc et la dénonciation morale de cette partie de l’humanité relève d’une autoflagellation permanente ridicule. L’homme blanc n’est pas pire que les autres, il a juste été plus fort par son développement scientifique et économique. Les autres peuples n’ont pas respecté la nature par vertu (ils adoptent l’hyper consommation dès qu’ils le peuvent) mais par non-développement technologique. Nos ancêtres d’avant le néolithique étaient tout aussi respectueux de la nature que les peuples dit premiers. Il faut cesser cette concession au politiquement correct d’aujourd’hui, ce racisme anti blanc.

    1. Pas question ici de racisme anti blanc, l’Histoire est ce qu’elle est.
      Vous dites que les peuples adoptent l’hyper consommation dès qu’ils le peuvent.
      C’est oublier ou méconnaître le phénomène d’acculturation. On parle aussi d’assimilation, quand ce n’est pas d’intégration.
      Lorsqu’ils sont soumis à une domination, les peuples sont obligés d’adopter la culture des dominants. Parce que ces peuples sont attachés à leur culture, et que cette nouvelle ne leur plait pas etc. bien sûr il y a des résistances. Tout ça se règle évidemment avec le temps et une bonne dose de violence. Les faibles n’ont pas d’autre choix que de se plier, en adoptant la nouvelle culture, ou de périr. Ou alors fuir quand ils le peuvent. ( à suivre )

      1. Didier BARTHES

        L’histoire est ce qu’elle est et tous les peuples se sont comportés cruellement avec eux-mêmes et avec leur voisins et avec les moyens à leur disposition.
        Quant au racisme anti blanc, ah si, Toute la rhétorique de l’extrême gauche et de ce qu’on appelle le mouvement woke tourne autour de ça. Cela devient ridicule d’autant que tous les hommes de la Terre veulent adopter le mode de vie qu’ont inventé les hommes blancs, il y a beaucoup d’hypocrisie là dedans et de désir de faire moderne
        Je ne sais la couleur de votre peau Michel C puisque cela fait tant d’années que vous vous cachez, mais vous êtes un homme (blanc peut-être ?) Avez vous l’intention de vous excuser d’exister ? Pas moi en tout cas.

      2. Cette histoire est vieille comme le monde. Le mode de vie du néolithique (sédentarisation, propriété privée, agriculture, commerce, etc.) ne s’est pas imposé du jour au lendemain, là déjà il y avait des résistances. Comme encore aujourd’hui chez quelques peuples qui refusent toujours notre société d’hyper-consommation. Les Amish entre autres. Ces gens-là sont d’ailleurs la preuve que cette idée de toujours plus (développement, progrès etc.) n’est pas inscrite quelque part dans nos gènes.
        Pas plus que le serait cette faculté à inventer (innover), à développer des grandes civilisations. De quelle couleur étaient les Sumériens, les Mésopotamiens, les Egyptiens de l’époque pharaonique ? Cette histoire de racisme anti blanc ne tient donc pas bien longtemps.

      3. Réponse à Didier Barthès À 12:08
        Si vous aviez attendu de lire ma suite, alors peut-être que votre réponse eut été quelque peu différente. Bien évidemment je ne vais pas m’excuser d’être beige, et encore moins d’exister.
        De mon côté (point de vue) je ne vois pas comme vous cette rhétorique ridicule dont vous parlez. Juste une question de lunettes. Ce que je veux dire, c’est que je lui prête pas plus d’attention qu’elle en mérite.
        Ceci dit je maintiens qu’il est faux de dire que tous les hommes de la Terre veulent adopter le mode de vie qu’ont inventé les hommes blancs (sic).

  8. Esprit critique

    – Pourquoi le développement serait-il anti-écolo ?
    – Pourquoi, au contraire, le développement ne pourrait-il pas être essentiellement écolo ?
    En admettant que le terme «écolo» soit clair pour tout le monde, que l’idée fasse consensus, ces questions n’ont de sens que si on parvient à définir clairement ce qu’est le développement.
    Or ce terme est polysémique. Comme d’autres il a son histoire, ses racines, qu’on peut faire remonter très loin. Déjà aux 3è et 4è siècles, avec la christianisation de l’Empire romain, le christianisme a été vu comme un modèle de développement. Spirituel bien sûr, mais pas seulement. Toutefois on peut déjà dire que le terme «développement» désigne l’amélioration des conditions et de la qualité de vie des gens. On pourrait alors commencer à parler de développement humain. ( à suivre )

    1. Or il se trouve que le développement a depuis longtemps été associé au progrès et à l’évolution. Progrès de quoi ? Évolution de quoi, vers quoi ? etc. etc.
      Développement des biens matériels, donc du commerce, développement économique, croissance du PNB, progrès technique etc. Le Postulat étant que le Bonheur c’est d’avoir (toujours plus) d’avoirs pleins nos armoires (Souchon).
      Avec quelques «si» le développement aurait peut-être pu prendre un autre sens, en attendant c’est celui-là qu’il a pris. Et ce n’est que récemment que l’idée que nous nous en sommes fait et que nous avons entretenu, l’idéologie que nous avons imposé à la planète entière, commence à se défaire. À se déconstruire.
      Attendons de voir la suite, de voir comment Le Système va pouvoir récupérer cette déconstruction, la retourner à son profit, à condition bien sûr qu’il puisse. En attendant, soyons convaincus qu’il fera tout pour.

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