Il n’y a pas que Claude Allègre dans la vie. Il y a aussi le problème de la compensation carbone. Deux informations sur la même page du Monde (8 janvier 2009) :
– un livre d’Augustin Fragnière se demande si cette compensation est une illusion ou une solution : contrebalancer ses propres émissions de gaz à effet de serre par le financement de projets destinés à en réduire d’autres est-il cohérent ?
– le Medef demande non seulement le report de la taxe carbone, mais la compensation intégrale de cet impôt pour toutes les entreprises. Est-il cohérent de prendre de l’argent d’un côté pour le redonner de l’autre ?
La compensation carbone pour s’assurer une « neutralité carbone », c’est du vent, ce n’est que du greenwashing. Prenons l’exemple d’une personne en partance pour un long voyage, en plein dilemme, seule face à sa conscience d’écocitoyen. Cet individu doit partir en Amérique Latine : prend-t-il ou ne prend-t-il pas l’avion ? Mais oui, bien sûr, il suffit de s’acheter une indulgence : compenser son émission excessive de gaz à effet de serre en payant quelques arbres, en contribuant à la reforestation de pays dévastés. Ce genre de « compensation carbone » est un luxe que seuls les très riches peuvent se permettre et cela n’a pas d’impact immédiat, ni même réellement efficace sur l’absorption de CO2 (analyse d’Yves Cochet). Autre exemple, pour s’installer au volant d’un véhicule de plus de 9 CV, il suffirait de débourser 70 euros en achetant auprès des magasins Nature & Découvertes une carte de compensation carbone (cf. LeMonde du 4 janvier 2008). On nous explique que l’association Climat Mundi, va participer avec l’argent récolté au financement d’un projet hydroélectrique en Chine. Même si ce principe est reconnu par l’ONU, il ne reste que très théorique et ne permet pas de transformer un véhicule polluant en citrouille.
Les ménages veulent une compensation, les entreprises veulent une compensation, on veut le beurre et l’argent du beurre. Ce n’est pas comme cela que le système climatique fonctionne. Nous ne pensons pas que Claude Allègre dirait le contraire…
Bonjour,
La compensation carbone de nos voyages est un problème complexe, à la fois technique, éthique, phycologique, social, etc.
Je ne peux que recommander le petit livre très bien fait d’Augustin Fragnière « La compensation carbone : illusion ou solution », lequel aborde toutes ces aspects.
Sur Manicore, la page qui traite directement de cette question est http://www.manicore.com/documentation/serre/neutralite.html, mais tout le site est intéressant à consulter.
J’ai aussi écrit deux articles sur le sujet, à retrouver sur mon blog (avec une sélection d’articles sur le sujet)
http://pascal-planeteclimat.blogspot.com/
« Compensation des gaz à effet de serre générés par nos voyages ».
Il est aussi publié sur le blog de l’association des Voyageurs et Voyagistes Ecoresponsables http://blog.voyages-eco-responsables.org/?p=946
Sous l’angle de la compensation carbone, il pose les questions de la durabilité des modèles du tourisme d’aujourd’hui :
> Comment concilier maintient du trafic aérien et développement soutenable
> Comment réduire la quadrature du cercle, celle d’un nombre croissant de voyageurs en avion, d’un stock fini de pétrole, et d’une technologie encore inexistante, même embryonnaire, pour faire voler des avions avec autre chose que du kérosène.
Une vraie question qui appelle de vraies solutions. Le tourisme, et pas seulement le transport aérien, devront subir, ou organiser leurs mutations.
Et la compensation carbone n’est pas une solution ; si tout le monde se met à vouloir compenser, le système bien évidemment ne fonctionera plus !
Les questions soulevées concernent aussi le tourisme moins lointains, et les modes de consommation des paysages.
Cordialement,
Pascal LLuch