Galaad Wilgos (p.67 à 70)* : « L’immigrationnisme, c’est-à-dire l’idéologie valorisant les flux migratoires, a selon nous toujours été l’ennemi des classes populaires. Tout indique que le capitalisme ne peut fonctionner sans une main d’oeuvre mobile, malléable et mal payée. Pompidou, déjà, disait en septembre 1963 que «l’immigration est un moyen de créer une certaine détente sur la marché du travail et de résister à la pression sociale.» C’est chez Marx et Engels que l’on trouve une des premières critiques révolutionnaire de l’immigrationnisme. Ils emploient le concept d’armée de réserve pour désigner l’existence d’une masse de sans-emploi permettant aux détenteurs du capital de ne pas augmenter les salaires et de menacer ceux qui ont la chance de disposer d’un travail. Dans les conditions actuelles de la concurrence universelle, les migrations ne sont rien d’autre qu’un moment de plus de celle-ci. En soi, migrer n’est pas plus émancipateur que rester chez soi. Outre les intérêts évidents qui entrent en jeu (passeurs, mafia, grands patrons et politiciens cyniques), c’est l’idéologie du «bougisme» qui irrigue désormais notre imaginaire. Comme l’exprime Pierre-André Taguieff, « Dans cette utopie fondée sur le culte du mouvement pour le mouvement, l’accélération de la mobilité, de la vitesse et de la flexibilité dans tous les domaines se substitue aux fins telles que la liberté ou la justice.» Ce qui sert de distinction entre ceux qui sont «en haut» et ceux qui sont « en bas» de la société de consommation, c’est leur degré de mobilité, c’est-à-dire leur liberté de choisir l’endroit où ils veulent être. Ceux qui sont « en bas» sont régulièrement chassés des endroits où ils seraient contents de demeurer. (Zygmunt Baumann) » La lutte des classes prend ainsi l’aspect d’une confrontation entre une élite nomade, déterritorialisée, qui prend l’avion ou les TGV comme d’autres le RER, et la masse des manants, ceux qui ne peuvent que demeurer dans les périphéries, condamnées à une quotidienne et morne migration pendulaire. En réalité, une société écologiquement durable ne peut coexister avec une mobilité intempestive. Le culte de la vitesse et du mouvement est dangereux pour notre environnement social et naturel : pollution, urbanisation, bétonisation, folklorisaiton des cultures locales par le tourisme de masse, etc. Seul l’enracinement dans un contexte local où les habitudes et la connaissance des habitants du lieu ne subissent pas une précarité constante permet aux individus de se retrouver dans un collectif, d’attacher de l’importance aux autres et de faire preuve de solidarité. Seuls un ralentissement et une relocalisation permettraient de sortir de la dictature du profit, du vide spirituel et de la mobilisation constante de tous contre tous.»
Autre article (p.60), Camel Bechikh : « Pour acculturer, il faut stopper l’immigration car les trois principaux lieux d’intégration sociale, l’école, le logement et le travail, sont engorgés et ne produisent plus l’ascension sociale attendue, permettant d’amorcer cette acculturation. Les nouvelles vagues de migrants iront disputer aux plus fragilisés de notre société les places d’école, de logement, l’emploi précaire. D’autant plus que les difficultés liées à l’immigration risquent de retomber sur la minorité musulmane déjà présente. Ceux qui font l’apologie de l’accueil sont-ils prêts à en assumer eux-mêmes les conséquences à long terme ?»
Autre article (p. 80), Hervé Juvin : « La nation était le meilleur antidote au choc des civilisations. Par la frontière et l’exigence de la citoyenneté, on était parvenu à faire vivre côte à côte des gens très différents de par leur foi religieuse ou leur appartenance. Quand vous enlevez le couvercle de la nation, vous rêvez de concorde , mais vous récoltez la guerre de tous contre tous. »
* Limite n° 2, revue d’écologie intégrale (dans le dossier «Naufrage mondial, Ancrage local», quelques extraits sur l’immigration)
Je ne crois pas qu’aujourd’hui l’immigration soit un outil sciemment utilisé par de « méchants capitalistes » pour favoriser la concurrence entre les travailleurs et indirectement pousser à la baisse du coût du travail. Il s’agit désormais d’un phénomène mondial qui échappe à tout contrôle et à toute volonté.
Il est pour une part lié à l’écart des niveaux de développement et pour une part plus importante encore, à l’explosion démographique. Rappelons qu’au cours des 45 dernières années la planète a gagné plus d’habitants qu’au cours des centaines de milliers d’années de son histoire. C’est là un fait déterminant qui génère un flux potentiel de migrations absolument ingérable.
Les migrations ont sur ce point un autre effet très grave, elles permettent de gérer (très temporairement) l’excès de nos effectifs en telle ou telle région du monde, les pays se débarrassent ainsi des « hommes en trop » (voir dans « en trop » un concept économique et non bien sûr un jugement moral ce qui serait odieux). Ces pays repoussent ainsi le moment où ils devront prendre de vraies mesures pour limiter la fécondité et revenir à une démographie stabilisée puis décroissante, seule voie de sortie envisageable à long terme.
Les mouvements migratoires sont donc une véritable catastrophe pour l’humanité, ils vont déstructurer les pays développés, générer des haines entre les peuples, rendre malheureux les hommes qui y sont contraints et repousser à plus tard les solutions pour la planète.
Claude Lévi-Strauss avait rappelé que la diversité des cultures était une des solution que l’humanité avait trouvé pour se maintenir dans la durée, ces migrations sont en train d’abolir cette diversité, c’est un autre point non négligeable.
Bref, ceux qui se font les chantres de tels déracinements au nom d’une forme « bisounours » et trompeuse de mondialisation heureuse seront demain responsables des plus graves désordres et des plus graves menaces que la Terre ait connus.