Le lobbying est une activité consistant à faire valoir au législateur un point de vue (technique ou idéologique) sur une question à laquelle le lobbyiste est intéressé. Le terme vient des couloirs (« lobby », en anglais) ou pièces attenantes à la Chambre des communes dans lesquels les groupes d’intérêt pouvaient venir discuter avec les parlementaires britanniques au XIXe siècle. En ce début d’année, le travail des lobbies de notaires a défrayé la chronique : 2 383 des 3 194 amendements au projet de loi Macron, du nom du ministre de l’économie Emmanuel Macron, étaient le fruit d’une vaste opération de lobbying de la part du Conseil supérieur du notariat auprès des 174 députés signataires de ces amendements*.
Voici ce que disent de l’influence des lobbies sur le gouvernement socialiste lui-même deux anciennes ministres. Ce sont les entreprises qui font la loi, pas les nécessités d’une bonne gestion. C’est pourquoi l’urgence écologique passe aujourd’hui bien après les besoins de l’économie !
– Delphine Batho : Insoumise
« Je sous-estimais, avant d’occuper les fonctions de ministre de l’Ecologie, la vigueur du lobby pétrolier en France. Les lobbies industriels sont forts et puissants. Mais ils sont surtout forts de la faiblesse des gouvernants en face d’eux. Que Henri Proglio, qui préside EDF, défende son point de vue est une chose, qu’il gagne presque tous les arbitrages en est une autre. Ce que je refusais, il l’obtenait du Premier ministre directement. , j’ai fini par appeler avec ironie Henri Proglio le « ministre fantôme » de l’Énergie pour dire à quel point ce n’est pas l’État qui dirige EDF, mais à l’inverse le patron d’EDF qui semble diriger l’État. »
C’est un petit article publié dans le magazine Challenges le 20 juin 2013 : « Philippe Crouzet s’est lâché devant l’état-major de Vallourec USA. Sans jamais nommer Delphine Batho, il a dit et répété qu’elle était « a real disaster » dans sa façon de mener le débat sur la transition énergétique et de se positionner en antinucléaire. Et précisé que son influence au gouvernement allait décroître. Un propos à ne pas prendre à la légère : Philippe Crouzet est l’époux de Sylvie Hubac, directrice de cabinet de François Hollande. »
(Grasset 2014, 262 pages, 18 euros)
– Cécile Duflot : De l’intérieur (Voyage au pays de la désillusion)
» Ce mercredi 26 juin 2013, je vais présenter la loi Alur : l’encadrement des loyers, engagement numéro 22 du candidat François Hollande, va être mis en application. Je lis ma communication au Conseil des ministres. Puis le président de la République prend la parole. Une douche froide : « Les agences immobilières sont mécontentes. L’encadrement des loyers, est-ce vraiment une bonne chose ? Je réalisais sous les dorures du palais de l’Elysée que le président de la République lui-même n’était pas insensible aux sirènes des lobbies…
François Hollande veut ménager tout le monde. Or, sur l’écologie, cela n’est pas possible. Sauf à ménager de fait toujours les mêmes lobbies, puissants, dont les intérêts sont précisément contraires à ceux de la défense de l’environnement…Je le ressens dès les premières semaines. Lors du premier Conseil des ministres d’août 2012, consacré au livret A, il est décidé de rebaptiser le livret développement durable en livret épargne industrie. Je proteste et obtiens gain de cause. »
(Fayard 2014, 240 pages, 17 euros)
* Le Monde.fr | 13.03.2015, Encadrer le lobbying, la promesse oubliée de François Hollande