Loi sur la transition énergétique, loupée comme d’habitude

Quelques réactions publiques sur la loi pour une transition énergétique

1/3) infos de serre, L’éléphant de la transition énergétique …accouche d’une souris

 Les députés viennent de voter en première lecture la loi sur la transition énergétique. Pour le Réseau Action Climat, ce texte, malgré quelques avancées sur la rénovation du bâtiment et le développement des énergies renouvelables, laisse de côté plusieurs secteurs comme les transports, l’efficacité énergétique dans l’industrie et le nucléaire. Globalement, il aligne plusieurs objectifs mais n’inclut que 30% des mesures pour les atteindre d’après le transitiomètre développé par Ecofys pour le CLER, Réseau pour la transition énergétique, et le Réseau Action Climat.

En savoir plus

2/3) Communiqué de presse FNE : une mauvaise loi malgré tout

Quelques pousses …Les mesures en faveur de la rénovation thermique des logements, le retour du tiers financement, le carnet de suivi et d’entretien du bâtiment, la rénovation des bâtiments les plus énergivores d’ici 2030, ou l’affichage déporté et en temps réel des consommations, sont des mesures, indispensables pour stimuler la rénovation des logements et informer les consommateurs. De même, l’élaboration du schéma régional biomasse, le tri à la source des biodéchets pour tous les producteurs, la fixation d’objectifs de réemploi dans la commande publique, l’obligation de transparence pour les collectivités quand à leur budget déchets, le frein au développement du Tri Mécano-Biologique ou les plans de déplacement d’entreprise obligatoires à partir de 2018 constituent des avancées.

au milieu du désert

Malheureusement, ces améliorations demeurent insuffisantes pour atteindre les objectifs ambitieux et pourtant nécessaires pour changer notre modèle énergétique. Pour rénover l’ensemble du parc bâti (tertiaire et logement) d’ici 2050 à un haut niveau de performance énergétique, il faudra bien plus que 500 000 rénovations annuelles de logements. Les bâtiments du tertiaire doivent aussi être rénovés. Pour diviser par deux nos consommations d’énergie en 2050, un objectif de -20% en 2030 est bien trop faible. Alors que la transition énergétique nécessite un investissement de 20 à 30 milliards par an jusqu’à 2050, le gouvernement s’est contenté de promettre la moitié…

« Nous regrettons que le projet de loi ne comporte toujours pas d’objectif chiffré en ce qui concerne le report vers le transport ferroviaire ou fluvial, seul changement fondamental permettant de faire des économies d’énergie dans le domaine des transports » déplore Michel Dubromel, responsable du dossier Transports.  «Pour réduire les consommations liées aux transports, ce n’est pas la généralisation de la voiture électrique qui changera la donne mais bien un nouveau modèle de mobilité

Denez L’Hostis, président de FNE : « Non seulement ce projet de loi ne présente pas des objectifs assez ambitieux pour engager réellement la transition énergétique mais en plus, les objectifs fixés par le gouvernement ne seront jamais atteints. L’insuffisance des objectifs intermédiaires comme la définition des moyens mobilisés pour mettre en œuvre cette loi sont autant de preuves de l’échec à venir. Cette loi ne définit pas le modèle énergétique de demain mais se contente de retaper un modèle vieux de 40 ans avec un vernis démocratique. La suppression de l’ecotaxe est l’illustration parfaite d’une volonté de ne surtout rien changer au modèle actuel dès lors que cela porte atteinte aux intérêts de quelques lobbies»

3/3) Communiqué du Parti pour la décroissance : La transition immobile

L’Assemblée Nationale vient de voter le projet de loi sur la transition énergétique, des débats houleux mais surtout stériles, des mesures phares, enfin surtout, beaucoup de poudres aux yeux. D’emblée, nous pouvons affirmer que la « transition énergétique » du gouvernement est très loin d’être la transition démocratique et sereine, nécessaire et souhaitable, que nous prônons ! L’intitulé du projet de loi, sans ambiguïté, en atteste :« relatif à la transition énergétique pour la croissance verte ».
Les objectifs, essentiellement comptables et techniques clairement énoncés dans le titre 1 (réduire de 40 % nos émissions de gaz à effet de serre en 2030, réduire de moitié la consommation d’énergie à l’horizon 2050, porter la production d’énergie renouvelable à 32 % de notre consommation énergétique finale, baisser la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % à l’horizon 2025) semblent ambitieux mais ils engagent surtout les gouvernements suivants.

Au niveau des transports, la transition est effrayante puisqu’elle consacre la voiture électrique comme mode de déplacement d’avenir… Comme si la voiture électrique était plus propre ?

La lutte aux « gaspi » serait également lancée. Et là, pas de demi-mesure avec l’interdiction des sacs plastiques à usage unique en 2016 mais aussi de la vaisselle jetable en plastique à partir de 2020. La future loi entend agir contre l’obsolescence programmée et fait la part belle à l’économie circulaire : recycler 60 % des déchets en 2025, développer des cycles courts de réemploi et de recyclage. Tout cela est louable mais est-ce crédible sans remise en cause, même partielle de nos modes de vie ? N’est-ce pas d’abord chercher à développer le secteur industriel du « déchet », et par effet rebond, favoriser la production de déchets au lieu de les limiter ?
Au niveau de la production d’énergie, le renouvelable est évidemment mis en avant mais le projet de loi, comme un symbole, se termine par la sûreté nucléaire avec, notamment, la mise en place de commissions, et d’une autorité indépendante visant à favoriser la transparence de l’information : il n’y a pas à dire, c’est la révolution ou alors …

Soyons clairs, nous ne croyons pas que cette loi sera un tournant en faveur de la nécessaire transition, quelques mesures réfléchies ne seront pas suffisantes. L’ensemble de ce projet de loi n’est que de la poudre aux yeux pour rassurer la population, qui est en train de prendre conscience des limites environnementales, tout en lui promettant de ne surtout rien changer … Les questions énergétiques sont loin d’être uniquement techniques. Réduire nos consommations d’énergies et nos dépendances aux fossiles ne peut se faire qu’à la condition de questionner notre modèle de société. L’énergie verte n’existe pas plus que la croissance verte ou durable. L’écologie au service de l’économie, c’est à la fois absurde et impossible : le découplage énergie / PIB est un mythe. Il va falloir inventer de nouvelles solidarités dans un monde sans croissance du PIB.

Ne pas sacrifier notre mode de vie et notre modèle de société, tel est l’objectif en filigrane de ce projet de loi. La transition énergétique est d’abord une question de justice sociale. Ce modèle de société basé sur la compétition, le toujours plus de consommation stupide nécessitant toujours plus d’emplois néfastes, toujours plus d’inégalités et de mal -être n’est ni soutenable, ni souhaitable. Nous sommes bien loin de l’urgence sociale et écologique qui impose une véritable transition écologique. Plus que jamais, nous insistons pour que les vraies questions soient posées entre la Décroissance choisie ou la récession subie ; entre une transition démocratique, sereine, solidaire et soutenable ou l’effondrement au service d’une oligarchie financière !

Leur pseudo-transition au service de l’oligarchie n’est pas la notre. Heureusement, partout dans le monde, sans attendre les décisions des « politiciens », des citoyens utilisent leur pouvoir d’action pour explorer et expérimenter des pistes de transitions sociétales allant vers de nouveaux modèles de sociétés soutenables, souhaitables, autonomes et conviviaux.

contact@ml.partipourladecroissance.net
http://www.partipourladecroissance.net/