L’Orgie capitaliste, un livre à lire

Recension du livre « L’Orgie capitaliste », de Marc Dugain, entretiens avec Adrien Rivierre, Allary, 224 p., 20,90 €

Alain Beuve-Méry : Face à l’évolution du monde qui l’alarme, il ne peut plus se taire. Le romancier et cinéaste Marc Dugain entend transformer sa colère en moteur de changement. Cela donne une longue conversation, découpée en six chapitres, dont le premier s’intitule L’Orgie capitaliste, retenu comme titre de l’ouvrage. Marc a pour interlocuteur Adrien Rivierre, il ferraille contre le capitalisme néolibéral, la dictature consumériste et la surveillance numérique, au risque de ressembler à Don Quichotte qui, accompagné de son fidèle Sancho Pança, part à l’assaut des moulins de la sulfureuse modernité.

« Pour la première fois, nous sommes menacés par notre être collectif », explique Marc Dugain. « Les jeunes intègrent parfaitement la menace de notre potentielle disparition en tant qu’espèce. Qu’importe que cette dernière soit une disparition pure et simple, provoquée par la destruction de notre environnement, ou une disparition causée par l’émergence d’une nouvelle espèce augmentée, mécanisée, robotisée, hybridée au numérique »

D’individuel, l’égoïsme a prospéré en vase clos, au sein du club des plus privilégiés de la planète. Dans sa diatribe, il note par exemple que les grands patrons à la tête des entreprises géantes du numérique ont tous des « comportements autistiques », d’Elon Musk à Mark Zuckerberg, en incluant Bill Gates ou Larry Page. Mais Marc Dugain ne refuse pas complètement la modernité. Écrivain à succès, il utilise, comme ses semblables, smartphones et réseaux sociaux. Ce qui ne l’empêche pas d’être inquiet des discours sans nuances sur les bienfaits de la « start-up nation » ou de la panacée du technosolutionnisme.

« Pour renverser la table, il faut embrasser le récit strictement opposé à celui de la croissance infinie », dit-il. Aller vers plus de sobriété est nécessaire.

Le point de vue des écologistes qui lisent

Michel SOURROUILLE : Bravo pour cette recension. Aujourd’hui je suis toujours effaré par le nombre de titres qui encombrent nos librairies. Que choisir parmi tant de livres ? Les concepteurs du  Monde des livres sont de la partie, alignant semaine après semaine les recensions d’inutiles lectures. « Quelles que soient les directions successives, le roman a joui d’une sorte de préséance dans notre supplément hebdomadaire. On y évide une évidence, à savoir que le roman joue un rôle capital dans la conscience que nous avons du monde (25 mai 2007). » Mais le « partage d’humanité » permet au lecteur de se replier dans une petite bulle confortable où il ne prête nulle attention aux malheurs de la Biosphère. Ce n’est pas ainsi qu’on fait une conscience ! Le prix Nobel de littérature récompensait normalement une « inspiration idéaliste » ; maintenant les romans ne sont plus fait pour apprendre et se souvenir, mais pour passer le temps et oublier d’agir.

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Nombre d’ouvrages sont parus ces dernières années pour dénoncer nos effectifs pléthoriques et leur croissance permanente. Pour s’en convaincre, voici une brève sélection par Didier Barthès de livres sur ce thème… 

Des livres incontournables sur la surpopulation

L’association « Démographie Responsable » est la seule en France à militer pour une décroissance démographique. Plusieurs de ses membres ont publié un livre, en voici une présentation…

Pour une Démographie Responsable, les livres

4 réflexions sur “L’Orgie capitaliste, un livre à lire”

  1. « L’Orgie capitaliste » de Marc Dugain n’est qu’une énième critique ou procès du Capitalisme. Depuis Marx ON ne les compte plus, il y a de quoi en remplir des bibliothèques.
    Celle là vient d’un homme qui touche un peu à tout, il écrit, fait du théâtre et du cinéma… travaille dans la finance, également enseignant et donne des cours de finance à l’EM Lyon Business School (sic Wikipedia). Bref de quelqu’un qui semble avoir retourné sa veste.
    Mais bon, vieux motard que jamais. 😉

  2. Je suis toujours étonné de la conception idéologique du monde que beaucoup de gens ont.
    Le capitalisme n’est pas une idéologie contrairement au marxisme. Des concepts idéologiques ont été plaqués dessus mais la base, l’existence d’un capital qui permet de produire ou de développer des technologies ou de la science ou de développer une forme de pouvoir n’a jamais été constitué par idéologie. Le capital s’est constitué par accumulation de richesse , cela va dans le sens des pulsions humaines.
    Donc vouloir lutter contre le capitalisme est vain. Il vaut mieux lutter contre les abus ou les dérives du capitalisme. La souveraineté des états est un bon moyen de régulation et nous nous sommes privés de cet outil avec l’Europe. L’Europe semble un bel idéal mais elle a été noyauté par les financiers et est contrôlé par des états étrangers, surtout l’Amérique via la finance.
    Il faudra rééquilibrer les choses en limitant le pouvoir de l’Europe.

  3. En effet, a priori… il s’agit là d’un livre à lire. Il devrait plaire aux anticapitalistes, comme moi, et ça ne peut pas faire de mal. Et bien sûr déplaire aux libéraux, qui eux ne jurent que par le capitalisme. Qui lui opposent systématiquement et connement le communisme, l’URSS, la Corée du nord etc. Et vous «démontrent» par a+b que le capitalisme (les entreprises) est un formidable moteur de progrès (de quoi peu importe), que ceux qui ne le voient pas (comme moi) n’ont rien compris (comme Marx) à la Révolution industrielle et patati et patata.
    En attendant, pour moi le capitalisme reste le principal responsable et coupable de la plupart de nos problèmes actuels. Dont le plus grave est peut-être cette capitulation, cette résignation, qui font que plus personne n’ose imaginer un monde meilleur. «Les jeunes intègrent parfaitement la menace de notre potentielle disparition en tant qu’espèce» (Marc Dugain).
    ( à suivre )

    1. Et encore s’il n’y avait que ça. Grande Confusion, grand n’importe quoi etc.
      Pour dire à quel point le nihilisme est dans l’air du temps, misère misère !

      – « Le capitalisme ― privé ou d’Etat― est un régime de clôture du possible qui assigne à l’humain ainsi qu’à tout ce qui existe la signification absolue de ressource disponible et appropriable en vue de l’accumulation de l’avoir et du pouvoir. Un régime qui est incompatible avec la culture dont le sens premier est le prendre soin de la terre ― puis le prendre soin de l’humain. » (Nihilisme et capitalisme – Alfredo Gomez-Muller – 2017)

      Ceci dit, que viennent faire ici Malthus et Démographie Responsable ? Malthus était sans aucun doute un apôtre du capitalisme… mais Didier je ne sais pas. 😉

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