Malthus à la mode écolo

Ils sont du côté des patrons, du côté des machos, aux côtés des nationalistes, pour le pillage de la planète. Ils veulent la baisse des salaires, les corps usés par les grossesses, de la chair à canon, la perte de biodiversité. Qui sont-ils ?

Ce sont les natalistes, les repopulateurs, en bref les anti-malthusiens ! Malheureusement ils se disent aussi souvent socialistes. Pour eux, il suffirait de faire une société plus juste et tout le monde mangerait à sa faim. Le parti socialiste français veut encore une natalité vigoureuse pour la grandeur de la France et le paiement des retraites. Il oublie que c’est le nationalisme (et non l’internationalisme) qui accompagne la volonté de puissance. Il oublie que le problème actuel des retraites résulte du baby-boom d’après-guerre et qu’une fécondité forte aujourd’hui reporte encore plus de charges sur les générations futures. La droite et les capitalistes se frottent les mains, la gauche est du côté des traditions religieuses et de ses propres conceptions démographiques. Les malthusiens se retrouvent bien seuls ! Comme l’exprime Georges Minois*, « Face à cette coalition hétéroclite des populationnistes de tout bord, regroupant toutes les autorités morales, religieuses et politiques, détenant tous les leviers de la propagande et de la législation, la voix des néomalthusiens a bien du mal à se faire entendre ».

Mais la biosphère va donner raison aux malthusiens. La maîtrise de la fécondité devrait être valorisée à l’heure des grandes interrogations écologiques. Le raisonnement fondateur de Malthus sur la course entre croissance géométrique de la population (si rien ne l’arrête) et croissance seulement arithmétique des ressources alimentaires (à cause des rendements décroissants de l’agriculture) redevient d’actualité. L’agriculture intensive, basée sur l’énergie fossile et les méthodes mécanisées de l’industrie, n’est pas durable. De plus, nous comprenons mieux la nécessité de vivre en équilibre avec un écosystème, nous savons le poids des crises systémiques que forment le réchauffement climatique, le pic pétrolier, la sixième extinction des espèces, etc.

L’écologie donne raison à Malthus. Si le parti socialiste a complètement écarté la question démographique de ses interrogations actuelles c’est bien qu’il n’est pas encore écolo…

* Le poids du nombre de Georges Minois  (éditions Perrin, 2011)

11 réflexions sur “Malthus à la mode écolo”

  1. La lecture du remarquable texte de G.Minois résume tout et doit dissiper les dernières illusions des utopies croissantistes et « developpeurs durables » .
    Le père Malthus a juste eu le tort d’avoir raison peu avant la Révolution industrielle , période miraculeuse dans l’ histoire humaine mais infime dans l’ histoire terrestre .

  2. @maheo:

    En matière de ridicule, vous ne vous défendez pas mal non plus avec cette perle :

    « l’agriculture intensive pratiquée en Europe n’épuise pas les sols, n’en déplaise à certains Cassandre malthusiens peu rigoureux dans leurs examens. »

    Beaucoup de terres livrées à l’ agriculture intensive (dopées aux engrais et substances en -icides issues de la pétrochimie), sont dans un état biologique lamentable selon un groupement d’agronomes (vu sur le net) .
    Ces agronomes seraient-ils des Cassandre malthusiens eux aussi ?

    Mes propos n’avaient pas pour but de vous blesser mais visaient une catégorie précise ,les anthropocentristes , avec laquelle j’ ai maille à partir lorsque le sujet de la démographie est évoqué sur certains sites : enterrons donc la hache de guerre !

  3. @ auteurs :

    Signalez donc cette même règle au sieur Marcel, dont le message à l’origine de cette réponse sèche est très insultant. Je n’ose croire que, sur ce site, l’on n’applique pas la même règle à chacun.

  4. @ Marcel :

    vous dites n’importe quoi, cela n’a aucun sens. Vous êtes à l’évidence un sectaire aveuglé par son utopie.

    Donnez-vous la peine de vous instruire sur les sujets que vous prétendez aborder dans les conversations, cela vous évitera de vous couvrir de ridicule.


    Remarque des modérateurs du blog biosphere @ Mahéo

    Attention, vous franchissez la ligne blanche. Nous n’admettons pas sur ce blog des attaques non argumentées contre les idées d’une personne, encore moins des attaque contre la personne

  5. Si je ne m’abuse , la fertilisation des terres stériles mentionnées par M.Maheo ou la culture hors sol ne peut se faire sans « apports d’engrais et d’ eau .
    Il faut donc initier des programmes coûteux de désalement d’ eau de mer et
    importer des engrais / fertilisants pour obtenir des rendements corrects .
    J’ imagine la hauteur des coûts à couvrir pour d’ hypothétiques rendements agricoles indispensables pour nourrir des populations toujours en expansion .
    On croirait lire les élucubrations technophiles de la géographe Brunet , prêtresse du développement durable .
    En tant que neo malthusien , je ne peux que me gausser de l’ anthropocentrisme
    , de l’ incroyable arrogance de ses zélateurs !

    Il est connu qu’ au plus on prélève du pétrole d’ un champ pétrolifère , au plus il en jaillit et cela à l’ infini .

  6. @ auteurs :

    La phrase est : « Il n’est de richesses que d’hommes », et elle est, si je me souviens bien, de Jacques Coeur, principal conseiller de Louis XI dans sa marche vers la création de l’état-nation France. Elle signifie, dans l’esprit de son auteur, que rien n’a de valeur sans la créativité et le travail humain.

    Une terre ne s’épuise que si on ne lui rend pas ce qu’on lui emprunte, et ce n’est le cas que dans les économie impériales et coloniales de pillage. l’agriculture intensive pratiquée en Europe n’épuise pas les sols, n’en déplaise à certains Cassandre malthusiens peu rigoureux dans leurs examens.

    Citation de vous : « Ce qui n’est pas contestable, c’est que plus on utilise de travail, de tracteurs et d’engrais sur une surface agricole donnée, plus les rendements marginaux vont décroître jusqu’à rendements décroissants une fois la terre épuisée. »
    Hé bien, c’est tout-à-fait contestable, et c’est exactement l’inverse qui est vrai.

    D’ailleurs, il n’est pas besoin de démonstration, il suffit de regarder un siècle et demi d’agriculture en Europe et de constater non pas la baisse graduelle des rendements au fur et a mesure de l’augmentation du travail, des engrais et de la mécanisation appliqués aux travaux de la terre, mais au contraire leur augmentation exponentielle.

    La « qualité du sol » est une donnée relative, c’est l’homme qui la crée et qui la modifie à volonté : il peut transformer des déserts en prairies, il peut aussi parfois faire l’inverse.

  7. Bonjour monsieur Mahéo
    « Il n’est de riches que d’hommes » est un très vieux précepte qui a beaucoup perdu de sa vigueur au temps des machines agricoles et de l’énergie fossile. Ce qui n’est pas contestable, c’est que plus on utilise de travail, de tracteurs et d’engrais sur une surface agricole donnée, plus les rendements marginaux vont décroître jusqu’à rendements décroissants une fois la terre épuisée. Si on ne considère que la quantité et la qualité de travail, on effectue un calcul de productivité apparente qui n’a pas beaucoup de valeur en soi puisqu’on oublie la qualité du sol et des semences, la force des machines et tous les autres intrants.
    Quant aux « immenses territoires aujourd’hui stériles » dont vous parlez, on sait qu’ils sont achetés par d’autres pays au détriment des populations autochtones, ce qui pose encore bien d’autres problèmes.

    Et nous sommes bien d’accord avec vous pour considérer qu’actuellement, on ne rembourse pas suffisamment l’emprunt de matière qu’on a contracté avec la terre.

  8. @ auteurs :

    Le temps de Henry C. Carey, c’est le XIXème siècle, en particulier le milieu, en pleine explosion de la révolution industrielle.

    Dans son ouvrage « Principes de la science sociale », celui-ci indique très clairement que la cause du progrès du rendement agricole n’est pas l’abondance de terres fertiles, mais l’abondance de population humaine capable d’y appliquer un travail de plus en plus efficace. Et cela est assez incontestable, non ?

    Votre commentaire exprime assez nettement que vous ne connaissez pas grand chose d’autre que les livres, puisque vous ne pensez qu’en termes de quantité de terre, alors que c’est la quantité et la qualité de travail appliqué à celle-ci qui détermine sa productivité.
    Et quand bien même ce serait la quantité de terre qui serait en question, il reste d’immenses territoires aujourd’hui stériles à mettre en culture (si besoin est), le long du tropiques du Cancer, de la Mauritanie à la péninsule arabique.
    Enfin, il y a aussi l’agriculture « hors-sol », qui consiste à démultiplier la surface cultivable en l’empilant et en en accélérant la productivité.
    Mais finalement, tout ceci ne fait que confirmer que c’est la quantité et la qualité du travail qui est la cause du rendement agricole, et non la quantité de surface.

    Aujourd’hui, comme hier, les rendements de la terre ne sont décroissants que lorsqu’on ne lui rembourse pas, sous forme d’engrais, l’emprunt de matière qu’on a contracté avec elle. C’est le cas lorsque qu’on importe des tonnes de produits agricoles de pays tropicaux, ou lorsqu’on laisse les prix du blé être construit par des spéculateurs londoniens.
    Que l’on prétende aujourd’hui redécouvrir cette idée est amusant.

    Quant à l’anthropocène, H. C. Carey en est un des pères, et ses démonstrations des fraudes malthusienne et ricardienne restent incontournables.

  9. @ Jean-Gabriel Mahéo
    Henry Charles CAREY est né à Philadelphie en 1793. De son temps, la Terre était encore si vaste qu’il semblait que son abondance était infinie. Nous savons à l’heure de l’anthropocène qu’il est autrement.

    Les rendements décroissants en agriculture commencent à faire l’objet aujourd’hui d’études détaillées alors que nos sols fertiles commencent à connaître la désertification, la salinisation, la perte d’humus, le stress hydrique, etc.

  10. @ auteurs :

    Henry Charles Carey, célèbre économiste américain du milieu du XIXème siècle, a montré, contre Malthus, que plus une espèce est complexe, moins la croissance de sa population est rapide, et qu’il est donc parfaitement faux et infondé d’affirmer que les quantités de subsistances (espèces moins complexes) croissent de manière arithmétique alors que la population humaine (espèce plus complexe) croît de manière géométrique.
    La théorie malthusienne est une fraude impériale.

    H. C. Carey a aussi démontré contre Ricardo que les rendements de l’agriculture, dans une société correctement organisée, sont croissants, et non décroissants. Il a démontré cela par les faits historiques et par la simple étude des nécessités physiques du travail agricole.
    La théorie ricardienne des rendements décroissants est une fraude impériale.

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