Malthus, l’épouvantail des ultra-cons

Le 15 novembre 2022, nous dépassons selon l’Onu le nombre de 8 milliards d’êtres humains. En conséquence tous les jours de ce mois nous consacrerons notre article principal à la démographie. Si tu n’es pas inquiet du poids de ces 8 milliards, prière d’en faire un commentaire, il sera lu avec attention.

Malthus avait tenté à partir de 1798 de redonner à la société le sens des réalités. Il avait publié un essai sur le principe de population que personne ne lit et que tout le monde insulte. Pourtant tous ceux qui l’ont connu parlent d’un homme aimable, chaleureux, sensible, sincèrement ému par le sort de la multitude, et cherchant les moyens les plus efficaces de l’aider : « Ce n’est point pour l’homme un devoir de travailler à la propagation de l’espèce, mais bien de contribuer de tout son pouvoir à propager le bonheur et la vertu. » Mais, Cassandre du monde moderne, la raison lui a appris justement que l’homme n’est pas raisonnable. Son nom a déchaîne les passions, il sert d’épouvantail alors qu’il présentait un raisonnement incontestable : la population tend à augmenter plus vite que les ressources alimentaires, ce qui ne peut que conduire à des catastrophes si les classes les plus prolifiques ne se montrent pas plus responsables en limitant leur fécondité.

Chacun a ses raisons particulières de le détester. Bête noire des populationnistes de tous poil, des marxistes aussi bien que des catholiques, des tiers-mondistes comme des partisans de l’expansion économique, de certains décroissants et même des anarchistes : « Il n’y a qu’un seul homme de trop sur terre, c’est M.Malthus », écrivait Proudhon. Les attaques, d’une extrême violence, viennent des horizons les plus variés : romantiques, utopistes, socialistes, ceux qui brandissent le drapeau de l’humanisme comme ceux qui suivent les bannières religieuses. On ne décrète pas impunément qu’il y a trop de monde sur terre et qu’il faut arrêter de se reproduire comme des lapins : c’est se mettre à dos les défenseurs de la dignité humaine et ceux du plan divin. Les écrits de Malthus, déformés, caricaturés, font l’objet d’un déluge de réfutations dont la presque totalité témoigne de l’ignorance ou des a priori de leurs auteurs. William Godwin en 1820, dans un livre qui se veut réfutation des doctrines de Malthus, conclut les contre-vérités qu’il égrène par le grand refrain de l’optimisme humaniste : «  Il n’est pas de maux auxquels l’espèce humaine est soumise que l’homme ne peut guérir. L’homme, même placé dans la condition la plus abjecte qu’on puisse imaginer, garde en lui quelque chose qui lui murmure : Je suis dans un monde où cela vaut la peine de vivre » !!! On peut essuyer une larme, mais ce n’est pas cela qui prouve la fausseté de l’analyse malthusienne.

Dans les années 1840, ce sont les penseurs socialistes qui s’en prennent à Malthus. Cela est surprenant à première vue : la prolifération des ouvriers est un facteur de baisse des salaires. Mais ces bouches supplémentaires sont aussi des bras pour la révolution. Karl Marx n’a pas abordé le problème démographique pour lui-même. Il considère la thèse malthusienne comme une des branches du libéralisme capitaliste : opposition à l’intervention de l’État au profit du libre jeu de l’offre et de la demande. Il maintient les prolétaires dans la soumission en les persuadant qu’ils sont les seuls responsables de leur misère. Pour Marx, ce qui est en cause, ce n’est pas le nombre d’hommes, c’est la répartition des richesses. Dans le régime communiste, toutes les forces de la techno-science serviront à la production qui pourra croître de façon illimitée, et qui sera distribuée de façon égalitaire. Dans ces conditions, le surpeuplement serait impossible. Pourtant le problème de fond reste entier. Dans cette société d’abondance, la population va arriver nécessairement aux limites du supportable si elle continue de s’accroître. Refusant cette dure vérité, d’autres démagogues tentent de reporter la responsabilité de l’avenir sur l’État, le croissancisme ou la capacité adaptative du système capitaliste sans jamais s’interroger sur le libre arbitre en matière de fécondité humaine. La lucidité pessimiste contribue davantage au bien de l’humanité que l’aveuglement optimiste créateur d’illusions. 

Pour les idéologies, libéralisme, nationalisme, socialisme, communisme, fascisme, le surpeuplement est impossible dans le système qu’elles préconisent . Plus exactement, le surpeuplement est nécessaire dans un premier temps pour submerger l’adversaire et ensuite, avec l’avènement de la société idéale, le problème du nombre s’évanouira de lui-même. Le parti communiste français affiche traditionnellement des positions anti-malthusiennes : « Le néomalthusianisme, conception ultra-réactionnaire, remise à la mode par les idéologues de l’impérialisme américain, est une arme aux mains de la bourgeoisie pour détourner les travailleurs de la lutte pour les revendication immédiates, pour le pain, pour le socialisme (congrès du Havre, 1956). »

Le couple Ehrlich met le doigt sur l’illusion la plus dommageable des anti-malthusiens : « SI la distribution de ressources était organisée de façon équitable, SI les habitants des pays riches acceptaient de réduire leur niveau de vie, SI il y aurait largement de quoi assurer une vie décente à toute la population mondiale. Malheureusement il est aussi irréaliste de penser que nous allons devenir des saints végétariens que de penser que nous allons soudain troquer nos voitures pour des vélos ou aller nous coucher au crépuscule pour économiser l’électricité. La surpopulation et la capacité de charge de la planète sont calculés sur la base des hommes tels qu’ils sont, et non pas tels que nous souhaiterions qu’ils soient. » La victoire de Malthus, c’est celle de la responsabilisation des personnes, de l’éducation des enfants, du désir d’ascension sociale, ce qui est assez gênant pour les anti-malthusiens qui se retrouvent en position de défenseurs de l’ordre moral et d’ennemis des progrès intellectuels et matériels.

Mais de tous temps la critique la plus répandue consiste à qualifier de plan inique la proposition malthusienne d’abolition progressive des lois des pauvres. Quand je dis qu’ils n’ont aucun droit à être entretenus, réplique Malthus, je veux dire par là qu’il serait tout simplement impossible matériellement de pourvoir aux besoins d’une masse sans cesse croissante de population. Qu’est-ce qu’un droit dont on n’a pas les moyens d’assurer le respect ? Rien de plus qu’un non-droit.

La seule faiblesse du malthusianisme réside dans l’unique remède à la surpopulation qu’il propose, la contrainte morale : « Ne vous mariez que quand vous pouvez subvenir aux besoins d’une famille, conduisez-vous avec une vertueuse prudence ». Injonction qui s’adresse uniquement à la conscience individuelle, Malthus refusant absolument toute méthode artificielle, qualifiée par lui de « vice ». Cette lacune sera dépassée à la fin du XIXe siècle par les néo-malthusiens qui prônent la libération de la femme et les méthodes contraceptives. Il est plus facile de dénoncer Malthus que de le réfuter.

Un livre vient de sortir, qui fait le point sur la question démographique

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12 réflexions sur “Malthus, l’épouvantail des ultra-cons”

  1. De toute façon, pour définir les pays et les régions en surpopulation, c’est simple il s’agit de regarder le taux d’autonomie alimentaire des pays et régions en question. J’ai distingué pays et régions, car au sein d’un pays une région peut avoir une autonomie alimentaire mais pas la région d’à côté, exemple la Picardie avec 1,8 millions d’habitants dispose d’une bonne autonomie alimentaire comparativement à l’Ile de France avec ses 12,4 millions d’hbts, à noter que la Picardie dispose d’un plus grand territoire, notamment agraire, que l’Ile de France.

    Déjà là on le voit en Afrique, devenue trop dépendante de l’Ukraine pour s’approvisionner en céréales et autres légumes. D’ailleurs, il suffit juste de quelques missiles en Ukraine pour s’apercevoir que ça tombe comme des mouches de l’autre côté du globe !

    1. Ça en dit long du peu d’autonomie alimentaire de l’Afrique ! Et ce n’est que le début, puisque les conflits vont à terme s’intensifier sur l’hémisphère nord, dont dépend l’Afrique pour remplir ses gamelles…

      La très inutile ONU a beau brailler qu’il y a des famines ici et là sur la planète, les ronds de cuir de cette organisation ne procèderont qu’à des constats de famine et des incantations « Donnez à manger, donnez à manger ! » mais sans que rien ne se passe derrière, sans que des gamelles ne se remplissent…. Au mieux il n’y aura que quelques sacs de riz balourdés en avion pour que ces ventres affamés tiennent juste quelques jours de plus avant de mourir.

    2. Marcel Duterte

      Je ne rate jamais une opportunité de cogner sur le problème de surpopulation majeure en Afrique mais il faut reconnaître qu’ en Europe ou en Amérique , cela ne va guère mieux puisqu’ aucun pays de ces 2 continents ne peut viser à l’ autarcie : vas – y que je dépends de l’ Ukraine + Russie pour les céréales ou d’ autres pays pour d’ autres produits alimentaires (graines de moutarde par exemple).
      Le problème réside à chaque fois dans l’ énorme excès de population : en Europe et aux Usa nous sommes hyperpeuplés (voir les ddm de ces continents , elles sont effrayantes)
      Nous ne pouvons donc nous inscrire en donneurs de leçons mais nous pouvons blâmer l’ A Fric pour son déversement en Europe de son trop plein de populations miséreuses aidé par de sinistre personnages dédiés à notre perte (macropndelle , von der lahyène, Borrell, …)

      1. Oui je l’ai toujours affirmé, la surpopulation affecte tous les pays du monde sans exception, seule l’ampleur du désastre diffère !
        D’où le fait qu’il faille arrêter l’acharnement thérapeutique et les soins palliatifs pour maintenir en vie des zombis ayant perdu toute autonomie. Quand son heure est arrivée de mourir, il faut arrêter toute cette assistance médicale nous maintenant en état de zombi et au lit, et de partir ! Laisser la place aux générations suivantes pour qu’elles puissent mener leur vie.
        En tout cas, aux Usa ça va être la fête sans énergies fossiles puisque 90% de la population vit dans un building, il y a même des villes sans espace piéton ! Je souhaite bien du courage aux américains pour monter à pied à leur étage et de se nourrir dans ces conditions…

    3. Parti d'en rire

      C’était trop beau ! ( Lire À 13:28 et À 13:30 )
      Chassez le naturel et il revient au galop ! Et voilà qu’on remet l’AUTONOMIE sur la table. Et qui dit AUTONOMIE dit CAPACITÉ DE CHARGE et tout le Toutim !
      Sans oublier l’AFRIQUE ( l’A Fric ) ! Bien évidemment ! Misère misère !
      Juste une question pour le BGA : As-tu acheté La Décroissance de ce mois-ci ?
      (OUI ou NON ?) Vu qu’il faut t’expliquer longtemps pour que comprennes vite, si tu ne piges pas relis mes commentaires d’hier :
      5 NOVEMBRE 2022 À 10:58 ; À 11:04 ; À 11:10 et À 17:59

  2. De toute façon, on sait que la courbe de population mondiale suit le même chemin que la courbe d’extraction et de consommation d’énergies fossiles, alors mécaniquement lorsque la courbe d’extraction d’énergies fossiles va baisser la courbe démographique va baisser aussi, bref la loi de la réciprocité s’applique, puisqu’au-delà d’1 milliard d’habitants, la courbe démographique est dépendante de la courbe d’énergies fossiles. Hormis une nuance importante, la décroissance de population sera brutale douloureuse et mortelle, bref elle sera beaucoup plus rapide. C’est normal, car au début de la croissance fossile, lorsqu’il y avait une naissance, cette naissance disposait encore de 80 ans de ressources fossiles derrière elle pour pouvoir vivre de cette ressource, puisque cette naissance allait elle aussi vivre pendant 80 ans, mais il y avait des ressources pour effectuer tout son parcours de vie.

    1. (suite) Mais lorsque la courbe fossile va décroître, et là une naissance se produit, et ben cette naissance n’aura pas de ressources fossiles pendant ses 80 ans de vie derrière elle !!! Donc elle va mourir, puisque cette naissance est dépendante d’énergies fossiles pour pouvoir vivre. Rappelons que cette dépendance se traduit par le fait que les énergies fossiles permettent de faire avancer les tracteurs, de produire les engrais, de transborder en camion (ainsi que navires/avions) les aliments d’un point à l’autre (généralement les milieux urbains) et la conservation des aliments (plastique, emballage, chaîne de froid, etc) En l’occurrence dès lors que la courbe fossiles baisse, la population baisse immédiatement par des famines.

    2. Esprit critique

      Cette fois, je peux aussi reconnaître qu’il t’arrive parfois, de ne pas raconter que des inepties. Une remarque toutefois. Si la courbe de la population «suit» celle de la consommation d’énergies fossiles, ce n’est quand même pas au même rythme. Entre 1800 (1 milliard d’habitants) et aujourd’hui, la population mondiale a donc été multipliée par 8. De son côté la consommation mondiale d’énergie fossile (charbon + pétrole + gaz) a été multipliée par… 1677 !
      Si on prend en compte la biomasse (bois…), qui en1800 représentait la principale source d’énergie primaire, on tombe alors à environ 40.
      Je te laisse le soin de vérifier, je peux bien sûr te fournir mes sources.
      ( à suivre)

      1. Ceci dit, je pense moi aussi (et je l’ai toujours dit) que côté «surpolutation» ça va décroître. Et vite etc. Que les «réalistes» etc. fassent alors preuve d’un peu de … patience. Qu’ils arrêtent alors de se prendre la tête, qu’ils se fassent une raison… au lieu d’emmerder les «ultra-cons» avec ça !
        Parce que tout ça c’est pas bon. Vraiment pas bon !

      2. Un bémol à ton histoire, déjà le facteur 1677 n’est pas resté longtemps à ce niveau, la consommation s’est multipliée très rapidement d’année en année à partir de ce départ.

        Ensuite, une nuance de taille, en 1800, 90 % de la population était paysanne et savait faire pousser quelque chose pour manger ! Donc en cas de rupture d’énergie fossile, la population parvenait à se nourrir par elle-même ! Aujourd’hui c’est l’inverse, 90 % de la population ne sait même pas faire pousser un radis ! En l’occurrence en cas de rupture d’approvisionnement fossile, la population ne sait pas se nourrir par elle-même…et mourra !

  3. Esprit critique

    Depuis longtemps nous savions que le monde se divise en deux camps.
    D’un côté les Gentils Malthusiens (GM) et de l’autre les Zanti-Malthusiens (ZM).
    Ce 6 novembre 2022 le monde prend une autre tournure. D’un côté toujours et encore le camp de l’Amabilité, de la Chaleurosité, de la Sensibilité, de la Bonté, du Réalisme, de la Raison, de l’IS (intelligence supérieure) et tout et tout bref le camp du Bien, et de l’autre le camp des Ultra-Cons (UC). Choisis ton camp camarade !
    Eh ben j’ai choisi le mien, et j’en suis fier !
    On dirait que Biosphère est en train de tirer là ses dernières cartouches, qu’il ne lui reste plus que l’ultime stratagème (Schopenhauer), l’insulte, pour tenter de con vaincre l’Adversaire. Remarque, c’est de bonne guerre comme on dit. Et en plus c’est logique.
    Vu que les ZM passent leur temps à insulter le dieu des GM, ces derniers ont parfaitement le droit d’insulter les UC.

    1. Et après l’insulte, il ne nous restera plus qu’à nous foutre sur la gueule.
      Et ce coup-ci ce sera une bonne guerre. Une guerre juste, une guerre sainte, une guerre pour la Bonne Cause ! La Der des Der promis juré craché !

      Et après ça ON ose nous parler de débat ! Et nous raconter que les ultra-cons refusent le débat… parce que le Tabou et blablabla, parce qu’ils n’ont aucun argument et patati et patata ! Faut oser quand même non ?
      Ben oui, il paraît même que c’est à ça con les reconnait.
      Mon dieu quelle misère !

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