Dans une récente tribune au « Monde », le professeur au Collège de France et membre de l’Académie des sciences Marc Fontecave juge ainsi la pétition « L’Affaire du siècle » : « Attaquer la France en justice est à la fois injuste, idiot et inopérant ». Il a un seul argument : « l’Hexagone, grâce à l’énergie nucléaire, est un leader mondial en matière de limitation des gaz à effet de serre. » Voici quelques commentaires sur lemonde.fr :
PIERRE-ALAIN D. : Il aurait été préférable que LE MONDE signale aux lecteurs l’appartenance de M. Fontecave au conseil scientifique d’EDF.
Phil : Fontecave, des arguments spécieux d’une grande paresse intellectuelle, donneuse de leçons qui plus est. Pauvre collège de France… La France a pris des engagements internationaux qu’elle ne respecte pas; l’attaque en droit est parfaitement justifiée. Quant aux considérations sur le nucléaire elles sont affligeantes, mais qui mordrait la main de celui qui le nourrit ?
Dance Fly : La tribune de M. Fontecave est à la ramasse: il réagit comme si le nucléaire était menacé. Ce n’est pas le cas. Je crois que nous sommes tous à peu près d’accord sur l’objectif : se débarrasser le plus vite possible des énergies fossiles.
ALAIN PANNETIER : Belle preuve supplémentaire d’autisme de l’establishment scientifique français. L’électricité, c’est 25% seulement de notre consommation d’énergie. Ce sur quoi on attend une démarche volontaire du gouvernement c’est sur les 75% restants (transports et chauffage). Et là le bilan est moins reluisant. Comparée au reste des pays de l’OCDE, la France est clairement dans l’immobilisme.
le sceptique : Le rapport GIEC 2018 écrit : « Nuclear power increases its share in most 1.5°C pathways » (p.131). Les trajectoires avec moins de nucléaire sont minoritaires. On peut choisir de les privilégier pour éviter d’être trop dépendant du nucléaire, mais il faut chiffrer et débattre du coût public.
Moaurf : Fontecave : « personne ne semble trouver choquant que des citoyens français attaquent leur propre pays en justice« . C’est quoi ce présupposé ? Bah non, ça se fait ailleurs, et ici sur d’autres sujets. Fort heureusement les Etats peuvent être poursuivis, sinon quoi, on admettrait, en d’autres circonstances, les dérives totalitaires d’un régime? Un Etat est aussi victime de ses représentants.
Fact Man : Cher Mr Fontecave, il semble que ce sont plutôt vos positions qui demanderont un temps long (sic) pour bouger. Vous dites que la France représente peu : les Accords de Paris devaient unir les pays, on en voit – ou plutôt pas – le résultat. Vous dites que le nucléaire nous dédouane d’efforts poussés sur les énergies : 24000 ans pour perdre juste la moitié de sa radioactivité, au plutonium de nos centrales. En même temps : 2MW français en éolien offshore, 5355MW en Allemagne… Voilà un chemin.
Jamaiscontent : M. Fontecave décrète qu’il est impossible de produire notre électricité & énergie pour les transports à partir des seules EnR. Peut-être, mais si j’en attends une démo, je vais attendre longtemps. Il le sait, point. D’autre part, utiliser le nucléaire ne fait en rien de nous des exemples en matière d’environnement, qui est loin de se limiter au seul CO2: pollutions autour des anciennes ou actuelles mines d’U, question des déchets, et Bolsonaro raserait bien une réserve de l’Amazonie pour de l’U.
ALAIN PANNETIER : Le week-end se termine. Les cyber-rhéteurs ont débattu. Plus de 400 commentaires. Nettement moins de 400 arguments. Argument massue d’après les immobilistes : « La pétition est inutile, stupide, et même contre-productive. Car il n’y a pas de solution. Nous sommes les meilleurs de la classe. Les pollueurs sont les autres. Cocorico. » Sauf que… le sens de la pétition est tout autre. Les « anti » feignent d’ignorer que le problème n’est pas l’électricité mais tout le reste. Les transports, le chauffage.
* LE MONDE du 31 décembre 2018, Pétition « L’Affaire du siècle » : « Attaquer la France en justice est à la fois injuste, idiot et inopérant »
Mais que faire quand les gouvernements ne font qui suivre ce que veulent les électeurs ? Par exemple, les électeur Allemands ont majoritairement choisis ,démocratiquement, de payer des centaines de milliards d’Euros pour une transition énergétique préservant le charbon et le gaz, et qui n’a pas permit de réduire les émissions de CO2. Ils savaient pertinemment que ce faisant ils ne pourraient pas satisfaire les objectifs climatiques.
Autre exemple: partout dans le monde, les électeurs votent pour des élus qui promettent plus de pouvoir d’achat, donc plus de consomation énergetique.
En d’autres termes, ce sont les électeurs qui ne veulent pas des des mesures concrètes permettant de tenir les engagements climatiques. En démocratie, il n’y a donc pas à attaquer en justice les élus qui font ce pour quoi ils ont été élus.
Damien Grenier répond à Marc Fontecave :
« Il n’est plus tolérable d’avoir, d’un côté, des annonces d’engagements forts pris par les chefs d’Etat et de gouvernement, au sein de grandes conférences qui débouchent sur des traités internationaux, dont on prend garde qu’ils soient non contraignants.
Et en même temps une très grande timidité, pour ne pas dire plus, de ces mêmes dirigeants pour prendre des mesures concrètes permettant de tenir ces engagements. Il est urgent de passer des mots aux actes. Il serait temps que le gouvernement français agisse en conséquence. S’il faut passer par l’action judiciaire pour l’y contraindre qu’il en soit donc ainsi. »
(LE MONDE du 4 janvier 2018)
En quoi est-ce un ‘delire’ que de faire remarquer que la sortie du nucléaire – demandée par la pétition – est incompatible avec une réduction rapide et drastique des émissions de CO2?
Un des commentateurs sur tu cites rappelle d’ailleurs que, d’apres tout les scénarios du GIEC stabilisant le climat, il n’y a pas d’autres alternatives que d’augmenter la part de nucléaire. De quel côté est donc le ‘delire »?
Une fois de plus , avec les chiffres hallucinants de population dans le monde , il serait absurde d’ abandonner le nucléaire au profit de sources d’ énergie intermittentes (vent / soleil et biomethanisation que j’ apprécie pourtant)
La thèse malthusienne qui voudrait avec raison que l’ on adaptât le chiffre de population aux ressources énergétiques s’ oppose aux lubies des décroissants consommatoires (gauchistes hallucinés) où l’ homme peut se multiplier ad infinem pourvu que chacun se serre la ceinture énergétique au dernier cran façon paysan africain .
En réponse à Jamaiscontent :
Même si M. Fondecave roule pour EDF et pour le nucléaire il est en effet « impossible de produire notre électricité & énergie pour les transports à partir des seules EnR ».
C’est juste impossible selon les lois de la physique. Je ne saurais que conseiller d’écouter J-M Jancovici sur tout ce qui touche à l’énergie. Jancovici se distingue de la grosse majorité des décroissants par le fait qu’il est pro-nucléaire, il dit que le nucléaire est la seule possibilité pour amorcer la décroissance.
Personnellement je ne partage pas ce point de vue. Je pense qu’on pourrait se passer des fossiles et en même temps du nucléaire, sans pour autant retourner aux cavernes. Mais je sais que c’est très peu probable qu’on prenne cette voie.
De toute manière c’est ce qui se passera, par la force des choses. Et bien sûr ce ne sera pas Byzance. Le pétrole touche sa fin, par conséquent le nucléaire aussi. Il restera encore du charbon, et des arbres, on n’a donc pas fini d’émettre et de piller.