Même le vin bio, c’est pas bien, c’est pas beau

«  Le vin n’est pas un alcool comme un autre », ose le ministre de l’agriculture et de l’alimentation, Didier Guillaume. « Je n’ai jamais vu un jeune qui sort de boîte de nuit et qui est saoul parce qu’il a bu du côtes-du-rhône ». Le fait qu’il soit élu des Côtes-du-Rhône éclaire son propos ! Emmanuel Macron boit au même tonneau : « Moi, je bois du vin, le midi et le soir. Même si ce n’est plus la mode, paraît-il… » Il ajoutait : « Tant que je serai président, il n’y aura pas d’amendement pour durcir la loi Evin ». Sa conseillère à l’agriculture dirigeait Vin & société, un important organisme d’influence du monde viticole !! Pourtant sa ministre de la santé, Agnès Buzyn, avait été claire : « Aujourd’hui, l’industrie du vin laisse à croire que le vin est un alcool différent des autres alcools. Or, en termes de santé publique, c’est exactement la même chose de boire du vin, de la bière, de la vodka ou du whisky. Il y a zéro différence ! » Une analyse, portant sur quelque 700 études scientifiques sur le sujet, avait abouti à une conclusion on ne peut plus claire : pour être en bonne santé, il ne faut pas boire d’alcool.*

Il est vrai que c’est dur pour un écolo de refuser de trinquer Oui, il est dur d’être écolo car il nous faut aller à contre-courant en France, pays du vin ! C’est dur, il s’agit de refuser le vin bio car c’est toujours ingurgiter de l’éthanol. C’est dur, il s’agit souvent de renoncer à ses propres habitudes culturelles, inscrites dans son milieu familial : ni apéro, ni vin vieux, ni digestif. C’est dur, il s’agit de refuser l’alcool à table quand on est invité par des amis. C’est dur, il s’agit aussi de refuser l’alcool dans les moteurs, les agrocarburants. C’est dur politiquement, il s’agit de combattre les lobbies de l’alcool, tellement influents auprès des parlementaires. Mais si c’est dur d’être écolo, c’est d’autant plus palpitant quand on veut montrer l’exemple à suivre. Pas de vin, mangeons bio, buvons de l’eau. Même une petite goutte d’alcool n’apporte rien à l’organisme. D’autre part la monoculture de la vigne ne prend pas soin du sol, le rendement de la vigne baisse avec la stérilisation des sols. Dernier problème, et pas le moindre, les vignes empiètent tant sur les autres cultures que sur l’espace nécessaire pour assurer la biodiversité. Laissons les compléments aux commentateurs sur lemonde.fr :

Phil2 : Combien de bouteilles de grand cru vont finir dans la cave d’un proche de ce ministre. c’est l’exemple parfais de ce qui n’est plus supportable dans ce pays.Un ministre de plus qui cire les pompes des lobbies.

Gus : C’est consternant d’avoir (encore) un ministre ou un parlementaire qui dise cela. Le fait qu’il soit élu des Côtes-du-Rhône n’est pas une circonstance atténuante, au contraire.

Loriot : Parlons chiffres officiels : il y a par année 600 000 décès en France, dont 80 000 dus au tabac, 50 000 à l’alcool et 150 seulement à la consommation de stupéfiants (héroïne, cocaïne, cannabis, …). Vous me direz alors, il faut bien mourir de quelque chose, d’accord, mais pourquoi interdire les stupéfiants et pas le tabac et l’alcool, monstrueusement plus mortifères ?

AL : L’alcool dont le vin est impliqué dans quantité de violences intrafamiliales et conjugales, de drames de la route et d’addictions sur le lieu de travail. En dépit de notre attachement à ce produit de terroir, le vin n’a pas à être promu comme un substitut aux autres alcools.

JMG : Le vin n’est pas un alcool mais une boisson alcoolisée. L’alcool en question est l’éthanol. Le même qui se retrouve dans le whisky, la vodka, le saké ou la bière. L’éthanol est la drogue qui occasionne la plus forte mortalité (plusieurs millions de personnes par an). 1 verre de boisson alcoolisée contient 10 grammes d’éthanol. Un verre de whisky «standard» contient la même quantité d’alcool qu’un demi de bière ou qu’un ballon de rouge et tous ont les mêmes effets délétères.

JR : Quand on veut être précis, il faut l’être tout à fait: 8 cl de vin à 12° contiennent 9,6 g d’alcool, l’équivalent que 2 cl de whisky à 48° ou 20 cl de bière à 4,8°

* LE MONDE du 17 janvier 2019, Le vin est « un alcool comme un autre », n’en déplaise au ministre de l’agriculture

3 réflexions sur “Même le vin bio, c’est pas bien, c’est pas beau”

  1. Lutter contre l’alcool en France se heurte à des intérêts gigantesques.
    Nouveau record d’exportations. En 2018, pour la première fois, la barre des 13 milliards d’euros de vente des vins et spiritueux français a été franchie. Le chiffre d’affaires total s’établit à 13,2 milliards d’euros en progression de 2,4 %. Le solde des échanges si situe à 11,7 milliards d’euros, confortant la place de deuxième excédent de la balance commerciale française. Notre part de marché mondial en volume est de 15 % et de 30 % en valeur ! (LE MONDE du 14 février 2019, à l’étranger l’alcool français coule à flot)

  2. La plupart des individus rechercheront toujours à consommer des drogues, peu importe la forme que ça prendra, soit alcool, soit tabac, soit herbes, soit héroïne ou cocaïne, soit un peu ou beaucoup de tout ça, parce qu’ils recherchent quelque chose pour rendre plus supportable la dureté de la vie. Si vous leurs interdisez l »alcool, ils passeront aux médocs ou autre chose. Moi ça a été énormément le tabac pour gérer mon stress, mais il m’a fallu pas mal de temps pour devenir plus serein et arrêter la clope, et j’en suis encore à la vapoteuse, mais j’ai énormément réduit par rapport à ce que je fumais en cigarettes. Quant à l’alcool, j’en bois mais de manière circonstancielle et généralement au cours d’un repas, et le vin de temps en temps c’est bon.

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