Pour Ruwen Ogien, directeur de recherche au CNRS, l’éthique se doit d’être minimaliste : « Elle pourrait se résumer à un seul principe, ne pas nuire aux autres, rien de plus. L’idée d’un devoir moral à l’égard des autres ne pose pas de problème logique ou conceptuel, alors que celle d’un devoir envers soi-même en soulève beaucoup. De ce point de vue, les torts qu’on se cause à soi-même ou à des adultes consentants n’ont pas d’importance morale » (LeMonde des livres, 17 juillet). Il plaide donc pour la dépénalisation de l’euthanasie, le champ libre au clonage humain reproductif, la liberté de procréer pour les homosexuels et les femmes âgées, l’autorisation de la gestation pour autrui. Constatons qu’il donne un droit à mourir dans la dignité, mais surtout la liberté de faire des enfants quand on veut, comme on veut.
Ruwen Ogien ne considère en fait qu’une biosphère peuplée uniquement d’humains, libre de faire tout ce qu’ils désirent du moment qu’ils ne nuisent pas à autrui. Mais les humains ne sont pas seuls sur notre petite planète, ils empiètent par leur nombre et leur activisme sur les autres espèces. Un autre philosophe de l’éthique, Arne Naess, estime que « la richesse et la diversité des formes de vie sont des valeurs en elles-mêmes ». Il en tire la conclusion que nous ne sommes pas libres de faire des enfants quand on veut, comme on veut : « L’épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine. L’épanouissement de la vie non-humaine requiert une telle diminution ».
Arne Naess me semble moins anthropocentrique et beaucoup plus moral que Ruwen Ogien…
Visiblement, ce monsieur Ogien est allé jusqu’au bout de la logique décrite par Jean-Claude Michéa dans « L’empire du moindre mal », sous-titré « Essai sur la civilisation libérale ».
Une morale minimaliste, un marché efficient pour gérer les activités qu’elle autorise, une justice tatillonne et détaillée pour punir les infractions et… foin d’émotions et de biosphère !