Les points de vue suivants dévoilent les dérives « no limits » de l’indifférenciation.
Dany-Robert Dufour : Devenir unisexe sans amour est présenté comme le summum de la liberté. J’ai été il y a peu en Amérique du Nord où beaucoup d’enfants, souvent de couples LGBT mais pas seulement, reçoivent des inhibiteurs de puberté qui empêchent le développement des parties sexuées du corps. Pourquoi ? Pour que ces enfant décident plus tard, « en toute liberté », du sexe qu’ils se seront choisi. Bref il n’y a pas de limites à ce à quoi j’ai droit puisque « c’est mon choix ». Sauf que c’est d’abord le choix du marché qui se fait fort de permettre aux individus de choisir.
Alexandre Penasse : Pour certains le sexe dépendrait d’une décision individuelle. Il n’aurait rien à voir avec le biologique et la naissance. L’enfant n’aurait plus à être confronté à l’énigme du couple. La négation de la différence des sexes ne s’inscrit pas seulement comme une conséquence de plus du refus des limites propres à nos sociétés libérales ; par la déstructuration de la cellule familiale et la négation de la place du père se promeut une forme de subjectivité nouvelle. Le sexe de naissance prend pour certains le statut d’erreur à corriger dans le réel ; ils veulent désormais changer de sexe et la société leur dit que c’est possible. Mais technique ou pas, on ne peut pas changer de sexe, on ne fait pas d’un gène XX un XY ou inversement. On passe souvent du désir de changer de sexe à la réalisation du désir d’enfants. Selon le Comité consultatif français d’éthique, « la demande d’insémination artificielle avec donneur, pour procréer sans partenaire masculin, en dehors de toute infécondité pathologique, s’inscrit dans une revendication de liberté et d’égalité ». De grands révolutionnaires se trouvent alors à faire appel au marché pour résoudre la question qu’ils ont si bien fuie : disposer d’un homme et d’une femme pour faire un enfant. La procréation médicalement assistée réduit mâles et femelles à l’état de gamètes, le marché de la gestation pour autrui se met en place. Ce qui embête ceux qui nient la différenciation sexuelle, c’est que les spermatozoïdes et les ovules sont toujours nécessaires à la création ! Il ne restera plus qu’à se reproduire comme on reproduit des clones. Or c’est parce qu’au départ de notre existence, chacun de nous a été confronté à la dissymétrie du couple parental qu’il a eu les clefs nécessaires pour pouvoir se confronter à ce qui n’est pas de l’ordre du même. Le lien entre le désir d’immortalité des transhumanistes et les négateurs de la différence sexuée est clair. Le désir libéré de toutes contraintes ne conduit pas à la liberté, mais au déchaînement des passions et au chaos. Rappelons-nous que le monstre n’a pas seulement le visage de la répression tyrannique, il a aussi celui de la liberté sans limite.
Professeur Foldingue : L’humanité ne se constitue que par la mise en place de limites. Certaines nous sont données de façon claire par la nature, par exemple la différenciation homme-femme. Mais les idéologues des gender studies prétendent qu’il existe des centaines de possibilités sexuelles – dans le domaine des fantasmes, nous ne les avons pas attendus pour le savoir – mais cela ne dément pas le fait que nous sommes tous à la fin, sauf exception rarissimes qui n’invalident pas la règle mais la confirme, dotés de chromosomes XX ou XY. Fallacieusement, au nom de la diversité, il s’agit de refuser la différenciation, l’altérité la plus profonde qui est celle entre les sexes.
Alain Troyas : Le libéralisme libertaire semble plus qu’intime avec la société de croissance ; il favorise partout un processus d’individuation en prescrivant à chacun de ne tenir compte que de soi, en prétextant favoriser les différentes liberté s de s’auto-définir, de changer comme il le veut. L’époque favorise le désordre, la versatilité et le caprice.
Fabien Ollier : Le mouvement trans-identariste est essentiellement constitué par les nombreuses sectes cyberactifs que sont les transgenres, transsexuels, transbiomorphistes et transhumanistes. Leurs délires sont censé être pris au sérieux par les forces politiques, les milieux éducatifs, les organismes médicaux, les lieux de recherche, etc. Les communautés LGBTIQ+ ont réussi à imposer divers débats sociétaux qui concernent une infime minorité de petits-bourgeois mal dans leur peau. Leurs thèses sont d’une bêtise abyssale : les sexes seraient innombrables et ne posséderaient aucune charge d’altérité, aussi pourrions-nous en changer comme bon nous semble. Il serait logique de devenir non binaire (ni homme, ni femme), les deux à la fois ou rien de tout cela (agenre, xénogenre, etc.). Elle n’offre pour horizon de lutte qu’un renouvellement de l’étiquetage des marchandises humaines au rayon sexe. Toutes leurs revendications mènent à l’Immaculée conception technologique où l’advenue d’un enfant au monde désexualise la vie sexuelle et déréalise le corps. Mais la moindre critique de ce mouvement trans-identariste est immédiatement assimilé à une pathologie mentale.
Jacqueline Kelen : Plus l’homme s’érige en maître et en finalité de tout, plus le monde devient inhumain et idiot.
Source : La décroissance, numéro double juillet-août 2019, 5 euros
5 euros, même pas le prix d’un paquet de clopes ! Qu’on ne vienne pas me dire que c’est cher que de s’offrir ce « numéro double du 1er journal d’écologie politique » ! 32 pages, pas un brin de pub, uniquement de quoi réfléchir et nous aider à grandir, et un petit peu c’est toujours ça.
Il faut absolument lire ce dossier titré « Grande confusion ou altérité ? », qui traite non seulement de l’énorme confusion qui règne entre le masculin et le féminin (mouvement « trans », LGBT etc.), mais aussi entre le soi et l’autre, le moi et le nous, l’adulte et l’enfant (Greta et Nicolas), le sain et le malade, le beau et le laid, le bien et le mal etc. N’oublions pas que tout est lié !
Cette grande confusion, je me plais à l’appeler le GRAND N’IMPORTE QUOI. Aujourd’hui on confond déjà la droite et la gauche, les vessies et les lanternes, la liberté et l’esclavage, les granules homéopathiques et les gélules vegan. Et j’en passe ! Demain la guerre ce sera la paix, l’ignorance sera la force etc. Misère misère !
On pourrait rajouter JP Winter, un des seuls psychanalystes a avoir porté la contradiction lors des débats sur le Mariage pour Tous. Ils sont pas bien courageux, en général;;;
Le problème n’est pas que des gens imaginent toutes ces choses, mais que la société leur accorde une sanction juridique, contraignante pour les tiers, en particulier pour les enfants (et accessoirement les contribuables).
Oui, tout cela relève du bon sens et l’on peut légitiment être effrayé des dérives dans lesquelles se jette avec bêtise la société d’aujourd’hui.